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Besoins d'espace durant l'engraissement

En matière de production de porcs d'engraissement, la capacité d'un élevage se définit en fonction de trois paramètres de base : le nombre de salles d'engraissement, leur superficie moyenne et la densité des animaux.

Introduction

En matière de production de porcs d'engraissement, la capacité d'un élevage se définit en fonction de trois paramètres de base : le nombre de salles d'engraissement, leur superficie moyenne et la densité des animaux. Ces trois éléments sont pris en compte dans la conception d'une exploitation mais seul le dernier paramètre possède une limite légale pour tous les élevages. Le tableau 1 présente les densités maximales autorisées par la législation européenne.

TABLEAU 1. Densités maximales autorisées durant la phase d'engraissement en fonction du poids (Directive 2001/88 CE du 23 octobre 2001, transcrite dans la législation française par l'AM du 16 janvier 2003)
Poids de l'animal (kg)
Densité mínimale (m2/animal)
< 10
0,15
10 - 20
0,20
20 - 30
0,30
30 - 50
0,40
50 - 85
0,55
85 - 110
0,65
> 110
1,00

En Espagne, les animaux pèsent généralement moins lourd qu'en France à l'entrée en engraissement. Ils y rentrent entre 15 et 18 kg pour en sortir à un poids proche de 115 kg, quatre mois après environ. Ainsi, au départ, les animaux disposent d'un espace largement suffisant alors qu'au cours des dernières semaines la disponibilité de l'espace est assez réduite. Et si l'on se conforme à la législation, un porc de 95 kg doit disposer de 0,65 m2 (un rectangle d'un mètre par soixante cinq centimètres), ce qui, d'un point de vue comportemental, est assez peu (voir figure 1). La difficulté consiste à trouver le bon équilibre entre le bien-être des animaux et la " rentabilité " de l'exploitation.

Figure 1. Superficies occupées par un porc debout et couché. La zone dépend du poids (w). Les valeurs en rouge correspondent aux surfaces calculées pour un porc de 95 kg.

En résumé, on pourrait dire que pour une superficie fixe donnée (et tout en respectant l'autorisation d'exploiter), plus l'élevage produit d'animaux, plus la rentabilité est a priori importante c'est-à-dire plus la densité des animaux est élevée. Mais du point de vue du bien-être animal, cette situation affecte de manière très prononcée les comportements de type sociaux et exploratoires. En d'autres termes, une densité élevée d'animaux nuit au bien-être des animaux. De ce fait, la relation entre densité et rentabilité n'est pas directe. En outre, la densité des animaux devrait être modifiée en fonction de la température effective, qui est une moyenne de la sensation de chaleur que ressentent les animaux.

Comportements sociaux

Les porcs logés en groupe établissent une hiérarchie par le biais d'interactions agressives. Cette hiérarchie détermine quels animaux auront accès en priorité aux ressources. Une fois cette hiérarchie définie, les animaux maintiennent un niveau minimum d'agressivité, qui peut être proche de zéro lorsque les ressources sont suffisantes.
Un porc en phase d'engraissement lutte essentiellement pour deux types de ressources: l'accès à l'auge, notamment si le nombre d'auges est inférieur au nombre d'animaux, et l'accès à l'espace de repos. Lorsque les animaux peuvent manger ad libitum, ou bien lorsqu'ils peuvent manger tous ensemble, la ressource alimentaire n'est généralement pas un problème. Il en va de même avec l'espace de repos : si tous les animaux d'un même parc peuvent se coucher ensemble, l'espace ne sera pas considéré comme un bien rare.
Une densité d'animaux élevée réduit la disponibilité d'un espace adéquat pour se coucher ou, tout du moins, la facilité pour le trouver. En outre, cela complique l'accès à l'auge. Cette situation aboutit à une augmentation des interactions agressives, ce qui se traduit par deux conséquences essentielles : une plus grande activité des animaux et un risque accru de blessures, avec les infections susceptibles d'en découler. De plus, l'agressivité engendre le stress social, qui comprend des aspects tels que l'impossibilité d'éviter un animal agresseur ou la proximité avec des animaux qui se battent. Cette situation s'aggrave lorsque d'autres facteurs de stress viennent s'ajouter comme un excès de chaleur ou la difficulté pour accéder aux ressources alimentaires.

Le comportement de fouille représente une activité importante dans la vie du porc dans des conditions naturelles.

Comportements exploratoires

Dans des conditions naturelles, le porc passe environ 80 % du temps où il est éveillé à manifester un comportement en relation avec la nourriture. Cela comprend l'ingestion, la mastication et surtout la recherche d'aliments. Pour cela, le porc dispose d'une particularité anatomique, l'os rostral au niveau du groin, qui lui permet d'accroître l'efficacité de ce comportement de fouille (voir vidéo). Le temps consacré à ce comportement témoigne de la motivation importante du porc à le réaliser. Ainsi, les comportements exploratoires sont considérés comme des " besoins comportementaux " ce qui leur confère autant de valeur que le fait de boire ou de manger (qui sont également des besoins, mais physiologiques).

Température effective et état sanitaire

La température effective est une moyenne de sensation de chaleur que perçoivent les animaux. Elle dépend de la température ambiante et de paramètres comme le type de sol ou la ventilation. Depuis peu, le comportement des animaux entre dans l'étude de la relation entre cette température et la densité. En présence de températures élevées, les animaux tendent à s'éloigner les uns des autres. Ils se couchent en décubitus latéral (sur le côté) occupant ainsi un espace plus grand (voir figure 1 - schéma B). Cette position leur permet d'augmenter la superficie de contact avec le sol et la perte de chaleur. Ainsi, dans ces conditions, la superficie utile du parc est très réduite (jusqu'à deux fois et demie).

Enfin, il est important de mentionner que plus la densité animale est élevée, plus la charge microbienne est élevée, ce qui facilite la contamination entre les animaux (proximité entre les foyers d'infections et les points susceptibles de s'infecter - blessures, muqueuses, etc.). De la même manière, la densité des animaux doit être réduite en fonction de la gravité de la charge microbienne ou de l'état sanitaire des animaux. Pour conclure, dans des systèmes intensifs la densité des animaux, en pratique, peut varier entre deux points, en dehors desquels la rentabilité de l'exploitation est en danger. Le point maximal est limité par la législation (voir tableau 1). Il s'agit par conséquent de décider à quelle densité, en deçà de ce point, les animaux doivent se situer. L'aspect principal à prendre en compte est l'état sanitaire. En termes de bien-être, et avec les conséquences de ce dernier sur la productivité, il ne fait aucun doute que plus les animaux disposeront d'espace, plus leur bien-être sera amélioré.

Commentaires de l'ISPAIA :

Quand on pense densité en élevage, on raisonne souvent accès à l'auge ou à l'abreuvoir. Cependant, la zone de repos est essentielle comme le souligne le Pr Manteca. Si le porc actif passe l'essentiel de son temps à avoir un comportement en relation avec l'alimentation, il ne faut pas oublier qu'il passe l'essentiel de son temps à être inactif ! (ex 80% du temps, V Courboulay 2004). C'est primordial en été pour que le porc puisse mieux supporter la chaleur. Une zone de repos ne saurait donc se discuter sous le seul angle du confort thermique l'hiver par exemple.

La réflexion présentée ici est bien de savoir quel est le meilleur compromis en terme de densité pour un élevage donné. La limite supérieure définie par la loi est de toute façon une borne à ne pas dépasser, ne serait ce que pour des raisons techniques. On sait depuis longtemps que " tasser " les animaux dégrade les performances de croissance. Cependant, cette limite légale ne correspond pas forcément à l'objectif à atteindre. Il peut être intéressant de tester aussi des densités inférieures. Ainsi le Canadien Gonyou montrait dans un essai de 1996 conduit en petites cases un optimal technique de 0,85 m2 par porc de 100 kg. Une surveillance attentive du premier tri est alors une manière efficace de gérer la densité en fin d'engraissement.

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