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Burset : Crise grave en Europe centrale - plancher en vue

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Dans cet article, Guillem Burset prédit le moment où le prix du porc espagnol va toucher le fond. Il ose même nous donner un chiffre !

À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous pensons que ce qu'il y a de plus important en Europe, c'est la crise profonde (systémique et structurelle, semble-t-il) qui touche la production porcine allemande et celle des pays voisins (principalement les Pays-Bas et la Belgique, et aussi le Danemark de manière collatérale).

En effet, depuis juin de l'année dernière, le prix du porc en Allemagne est inférieur au prix de revient. Pour aggraver les choses, depuis le début de l'année, le prix des aliments pour animaux a explosé. Ajoutez à cela le fait que dans les abattoirs et les ateliers de découpe allemands, il y a un grave problème de pénurie de main-d'œuvre (apparemment insoluble pour le moment) et vous avez la bonne perspective sur la gravité de la crise. Le prix du vif allemand est actuellement de 0,97 €/kg. La situation financière des éleveurs est insoutenable et le gouvernement allemand a déjà pris des mesures. Certaines grandes chaînes de distribution ont annoncé qu'elles allaient privilégier l'achat de viande 100% germano-allemande. Nous savons que cette initiative (restrictive du commerce au sein de l'UE, en opposition claire avec les principes fondamentaux du Marché commun européen : la libre circulation des marchandises entre autres) affecte et médiatise déjà le commerce. Qu'on le veuille ou non, il s'agit de l'introduction ou de l'imposition d'un veto commercial. Un véritable veto. Certains grands abattoirs espagnols se demandent déjà où ils vont écouler leurs filets... C'est un bon sujet de travail pour les organisations sectorielles et les autorités compétentes espagnoles.

Il y a des années, la France a créé la qualification VPF (viande de porc française) qui a plus ou moins réussi à s'imposer jusqu'à aujourd'hui ; cette initiative allemande sans précédent s'inscrit dans la même philosophie : un protectionnisme et un chauvinisme économique à l'ancienne qui, à notre avis, se heurtent frontalement à l'esprit du Marché libre européen. Nous pensions que le protectionnisme était un concept médiéval... mais ce n'est apparemment pas le cas. Nous devrons garder un œil sur l'évolution de la situation. Espérons que les mécanismes dont dispose l'UE pour surveiller et contrôler la conduite des États membres agiront et seront vigilants. Rien n'arrive par hasard.

En Espagne, la tendance à la baisse s'est poursuivie en septembre. Des baisses réticentes, des baisses contenues, des baisses insuffisantes, mais des baisses plus importantes qu'en août. Ce que nous annoncions il y a quinze jours, à savoir que "le prix du porc en Espagne ne peut que baisser, continuer à baisser et continuer à baisser...", s'est révélé scrupuleusement vrai à 100% : cela fait maintenant 15 semaines consécutives qu'il baisse. Les différentiels avec l'Europe persistent, mais nous y reviendrons plus en détail dans le prochain commentaire. N'oublions pas que le prix espagnol n'est inférieur au prix de revient que depuis quelques semaines.

Aussi performants que soient les abattoirs espagnols, il n'est pas possible de rester inconscient de la réalité du marché au sein de l'UE. Le mois de septembre se termine avec les porcs les plus lourds de l'histoire (au cours des mêmes semaines) et avec des abattages records qui absorbent difficilement l'offre plus qu'abondante en porcs vivants. La viande continue à se vendre avec beaucoup de difficultés.

Il faut espérer qu'en octobre, nous atteindrons - enfin ! - le plancher de ces baisses en cascade (selon que d'autres baisses significatives surviennent entre-temps). Rappelons que sans la Chine comme destination, les abattoirs sont obligés de chercher des marchés alternatifs et cette tâche est loin d'être facile. Tous les efforts sont consacrés à cela : élargir les horizons d'exportation.

Nous pensons que lorsque le prix atteindra sa limite inférieure (1,02 peut-être ?), un certain nombre de circonstances pourraient se conjuguer pour atténuer la crise ou aider à la surmonter. Il est tout à fait possible que des prix attractifs déclenchent des achats spéculatifs - qui pourraient être massifs. Il est également possible que la Chine renouvelle partiellement son activité d'importation : les prix bon marché ne la laisseront pas indifférente. Le temps qui passe aura aussi aidé à la recherche de nouveaux marchés, rien n'est à exclure. Il faut également s'attendre à ce que les effets restrictifs liés à la COVID sur le commerce s'atténuent... Tout ce cocktail pourrait nous permettre de voir la lumière au bout du tunnel.

Idéalement, il s'agirait de "construire un pont" entre la fin du mois d'octobre et l'environnement pré-printemps. D'une manière ou d'une autre, le marché européen devrait retrouver sa stabilité habituelle d'ici là. Probablement au prix du sacrifice de dizaines et de dizaines de milliers de mères. En l'absence de la Chine, la seule solution est de réduire l'effectif. Et la réduction se fera de manière plus radicale là où les pertes des agriculteurs auront été les plus importantes.

Espérons que le mois d'octobre permettra d'éclaircir certaines inconnues qui planent dans l'air.

Selon le grand Aristote : "L'espoir est le rêve de l'homme éveillé". Accrochons-nous à lui.

Guillem Burset

Commentaires de l'article

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08-Oct-2021 cent_an_7Voilà où mène la surproduction en Espagne, je ne comprend cette volonté de produire toujours plus.
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