La baisse des cours du porc s’est accentuée sur les marchés européens. En un mois, les prix ont reculé en septembre de 2 % en Allemagne, 2,8 % aux Pays-Bas, 3,2 % au Danemark, 6,7 % en France et 6,8 % en Espagne. Pour la première fois depuis plusieurs mois, ces 5 pays affichent des prix perçus moyens inférieurs à 2 euros le kilo.


Cette chute s’explique par les annonces début septembre par la Chine qui a décidé d’imposer des surtaxes sur les importations originaires de l’UE. Tous les exportateurs ne sont pas touchés au même niveau – les droits de douane variant selon les entreprises – mais le signal envoyé au marché a pesé sur les cours. Les prix ont reculé au-delà du mouvement saisonnier habituel observé à cette période de l’année. Début octobre, la baisse semble se stabiliser dans le nord de l’Europe.
Du côté de l’offre, la production porcine progresse sous l’effet des cycles saisonniers. Par rapport à 2024, sur les 9 premiers mois de 2025, le nombre de porcs abattus a augmenté de 0,6 % en Allemagne et de 2,6 % au Danemark, tandis qu’il reste stable en France et en repli aux Pays-Bas (–1,8 %). Ces derniers continuent d’alimenter le marché espagnol avec une hausse de 45,4 % des envois de porcs vivants sur les 7 premiers mois de l’année (soit +734 800 têtes).

Côté demande, le marché intra-européen demeure bien approvisionné et manque de signaux de reprise. Dans ce contexte d’abondance et d’incertitude liée au commerce extérieur, les prix devraient rester sous cette pression baissière à court terme.
À l’échelle mondiale, la tendance reste contrastée. Les prix progressent en septembre au Brésil (+4,4 % en un mois) soutenus par une demande intérieure stable et des exportations dynamiques, tandis qu’ils se replient aux États-Unis (-4,3 %). En Chine, malgré les interventions du gouvernement pour réguler le marché, la baisse des cours se poursuit (-2,9 %), témoignant d’un déséquilibre entre production et consommation.

Le mois de septembre a donc marqué un tournant pour le marché du porc européen car en quelques semaines, les cours se sont repliés, emportés par la hausse saisonnière de production, une demande faible et des tensions commerciales avec la Chine. L’annonce de surtaxes sur les origines européennes a effrayé les marchés accentuant le repli déjà amorcé. En France, les marges des élevages sont sous tension pénalisées par les coûts d’alimentation et un contexte morose. Dans les rayons des supermarchés, malgré des prix en recul, les ménages réduisent leurs achats de viande de porc (-4,2 %), freinés par leur pouvoir d’achat et une météo défavorable. La charcuterie se maintient grâce aux jambons, à la différence des rillettes et saucissons en recul. Entre offre abondante, consommation en berne et commerce extérieur perturbé, la reprise du marché du porc n’est pas à l’ordre du jour …
Elisa Husson, Economiste IFIP
