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Epidémiologie et contrôle de la grippe porcine

La grippe porcine a été une maladie aiguë fréquente dans la majorité des pays producteurs de porcs pendant de nombreuses années. Elle est bien repré...
28 Juillet 2006
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La grippe porcine a été une maladie aiguë fréquente dans la majorité des pays producteurs de porcs pendant de nombreuses années. Elle est bien représentée dans la bibliographie et ne nécessite pas ici beaucoup de répétitions. Les sérotypes de la grippe commune porcine sont le H1N1, le H1N2 et le H3N2.

Les différentes souches de ces sérotypes varient dans leur pathogénicité
.

Les articles alarmistes récemment parus dans la presse concernant une nouvelle souche du sérotype H5N1, qui est extrêmement pathogène dans l’industrie avicole et qui a déjà provoqué des cas mortels (relativement peu nombreux, fort heureusement) chez des humains ayant été en contact avec les oiseaux infectés par le virus, ont fait retentir l’alarme sur le fait que le virus pourrait revenir en étant encore plus infectieux pour les personnes et qu’il pourrait provoquer une pandémie humaine similaire à celle de 1918. Ce virus a également provoqué l’inquiétude chez un certain nombre d’éleveurs de porcs tant pour le rôle possible des porcs dans la diffusion future que pour l’effet que ce virus pourrait avoir sur le personnel des élevages de porcs et sur les ventes de produits porcins.

J'utilise délibérément le terme alarmiste. Il est certain que les porcs ont joué un rôle important d’intermédiaires en ce qui concerne la diffusion des virus de la grippe des oiseaux aux humains et ils peuvent en faire de même avec les variantes de la nouvelle souche aviaire.
Mais toutefois la situation actuelle est différente en Europe et en Amérique de celle de 1918. A cette époque là, le niveau de vie était beaucoup plus bas et personne ne savait ce qu’était un virus, les vaccins n’étaient pas aussi avancés qu’ils le sont aujourd’hui, et il n’y avait pas d’antibiotiques. Aujourd’hui il est probable que la mortalité humaine serait considérablement moins importante. Néanmoins, il serait normal que les vétérinaires rafraîchissent leurs connaissances concernant les aspects importants de l’épidémiologie des virus de la grippe chez les porcs.

Le virus de la grippe aviaire se propage par le biais des excréments des oiseaux et non par le biais des aérosols comme c’est le cas chez les mammifères. Les oiseaux de tir, contrairement aux volailles domestiques et à d'autres oiseaux sauvages, sont généralement infectés à un niveau sub-clinique. Ils peuvent migrer sur de longues distances en propageant ces virus, par exemple en allant vers le sud, ils traversent l’Amérique depuis l’Arctique où le virus peut hiverner dans la glace, et survivre dans l’eau froide, et être encore viable dans l’eau froide récemment dégelée, au printemps.

Malgré la dépression et les douleurs généralisées qui se manifestent chez les personnes, ainsi sans doute que chez les porcs, à cause de la grippe clinique, le virus tend rester confiné dans l’appareil respiratoire et ne se diffuse que par expiration.

Là où les porcs ont accès à des excréments d’oiseaux, en particulier ceux des oiseaux sauvages ou des canards domestiques qui ont été infectés par des oiseaux sauvages, ils peuvent être infectés par de nouveaux sérotypes de virus et les personnes en contact avec les porcs infectés peuvent finir par être également infectés par les aérosols. Il n’est pas surprenant qu’un nombre important de pandémies humaines de grippe aient pour origine la Chine, pays où il y a d’énormes populations de gens, de porcs et de volailles qui vivent souvent en étroite proximité.

Au moment d’écrire cet article, il semble que toute cette chaîne d’évènements n’a pas encore eu lieu en ce qui concerne la nouvelle souche du virus, alors que pourtant, elle, a diffusé depuis le sud-est asiatique, où ce virus a circulé pendant trois ans, jusqu’à l’Europe où elle a été récemment isolée de nombreux oiseaux notamment en Russie, au Kazakhstan, en Roumanie, en Turquie et en Angleterre mais aussi en France. Une partie des cette propagation pourrait s’être produite par les oiseaux migrateurs bien que beaucoup n’auraient pas résisté au virus mais aussi par les échanges commerciaux (cf transsibérien).

Un facteur dans l’épidémiologie de la grippe est la capacité du virus soit à muter, soit, dès lors que les cellules sont infectées par des souches différentes, à se recombiner pour produire de nouveaux virus. Chacun de ces changements génétiques provoque l’apparition répétée de nouvelles souches avec pour chacune différentes structures immunogéniques et/ou des virulences ou une capacité à infecter différents hôtes différentes. Ces changements pourraient apparaître chez les nouveaux virus aviaires et pourraient alors entraîner des maladies chez les porcs et les personnes, mais il est totalement impossible de prévoir si cela va arriver, quand ça arrivera et quel degré de gravité ce phénomène pourra atteindre. On a décrit au moins une nouvelle souche, c’est à dire une souche résistante aux produits pharmaceutiques antviraux. Et heureusement, cette souche est bien moins virulente que la souche d’origine.

En tout cas, cela vaut la peine de reconsidérer les mesures simples pour contrôler les différents virus de la grippe que ce soit chez les porcs, ou bien chez les personnes qui sont en contact avec eux. Les porcs peuvent transmettre certaines souches de virus de la grippe aux personnes, et ces personnes peuvent elles-aussi transmettre certaines souches aux porcs, situation qui devrait se présenter losuq'il y a une poussée épidémique de la grippe humaine. Les éleveurs de porcs doivent en être conscients et agir en conséquence, notamment en vaccinant le personnel de l’élevage.

Les élevages de porc devraient être protégés des oiseaux de telle sorte que les porcs ne puissent avoir aucun accès à leurs excréments, que ce soit par exemple dans des couloirs sans protection, sur les rampes de chargement, les bords de fenêtres, dans les aliments ou sur les matériaux utilisés pour la litière des porcs. Il est également important d’examiner les sources d'eau. Malheureusement, rien de tout ceci ne peut être appliqué dans les élevages à l'air libre dans lesquelles l’application des mesures de bio-sécurité constitue un réel problème.

Tom Alexander. Consultant vétérinaire international. (Royaume-Uni).

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