La prévalence des lésions gastriques à l'abattage et le taux de mortalité dû aux ulcères gastriques a augmenté au cours des dernières années, devenant une des plus grandes causes de mortalité en phase finale d'engraissement.
Selon certaines études, lors des contrôles à l'abattoir, 80% des porcs présentent un type de lésion sur la pars oesophagea qui apparaît souvent avec un aspect rugueux (parakératose) et avec une coloration jaunâtre résultant de sa coloration par la bile.
Il y a plusieurs facteurs de risque pour l'apparition des ulcères gastriques :
- Alimentation : l'alimentation
joue un rôle très important dans le développement des
ulcères gastriques; la diminution de la taille
des particules améliore les indices de consommation mais
augmente cependant l'incidence des mortalités dues aux ulcères.
Selon l'auteur, en utilisant des formules à base de farines de soja
et de maïs et avec les génotypes habituellement utilisés
dans la production porcine canadienne, les ulcères commencent à
apparaître avec des tailles de particules inférieures
à 700-750 microns. Les petites tailles de particules sont
associées à une augmentation de la fluidité du contenu
stomacal et un meilleur mélange. On peut faire l'hypothèse que
cette situation entraîne un plus grand contact de la pepsine et des
acides digestifs avec la muqueuse de la pars oesophagea. On a observé
que les animaux atteints peuvent arriver à guérir si on leur
apporte une ration ad libitum avec des particules de grande taille pendant
une à deux semaines.
On a aussi constaté que le fait d'avoir l'estomac vide est un facteur de risque important pour le développement des ulcères gastriques, la solution étant dans ce cas de s'assure qu'il n'y ait pas d'interruption dans le programme d'alimentation.
- Maladies intercurrentes :
on constate que les porcs ayant des troubles respiratoires
ont une plus grande prévalence des ulcères gastriques et que
les lésions y sont plus sévères. Ceci peut être
dû à une anorexie liée
à la maladie ayant pour conséquence une vacuité de l'estomac
ou, autre hypothèse, à une libération
d'histamine agissant comme un puissant stimulant de la sécrétion
d'acides ( on constate que l'injection d'histamine chez le porc provoque des
ulcération de la pars oesophagea).
- Génétique :
l'héritabilité des ulcères gastriques est assez élevée
(0,52).
- Infections : les preuves
de l'association des ulcères gastriques avec la présence d'organismes
spiralés tels qu'Helicobacter sont inconstantes. Il existe plusieurs
études ayant montré une incidence élevée des ulcères
chez les porcs infectés par Helicobacter par rapport aux porcs non
infectés mais on n'a prouvé aucune relation entre les deux.
- Sécrétion d'acides :
dans les cas d'ulcères, une partie de la thérapeutique passe
par la réduction de la sécrétion d'acides. Cela peut
être obtenu en utilisant des sels alcalins tels que le bicarbonate de
sodium (NaHCO3) ou l'hydrogénocarbonate de potassium
(KHCO3). Actuellement, il existe aussi sur le marché
des inhibiteurs de la H+/K+ ATPase (IPP ou inhibiteurs de la pompe à
protons) comme l'oméprazole et le lansoprazole qui ont donné de bons
résultats comme le montre le tableau suivant, en soulignant cependant
que ces produits doivent être utilisés dans des circonstances
très précises compte tenu de leur coût.
Tableau 1. Effet de la mise à jeun et de l'utilisation de l'oméprazole sur les ulcères de l'estomac et le pH gastrique.
Alimentation Traitement pH gastriqueNb d'ulcères / Nb totalAd libitum Témoin 3,31/520 mg oméprazole 3,90/5Mise à jeun 24 heures Témoin 2,84/520 mg oméprazole 3,14/540 mg oméprazole 4,10/5Mise à jeun 48 heures Témoin 3,35/540 mg oméprazole 4,82/5Robert M. Friendship. Gastric Ulcers: an under-recognized cause of mortality and morbidity. Advances in Pork Production. 2003. Vol. 14