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Le PCV2 et son association à d’autres pathologies que la MAP (I)

Le consortium européen de recherche sur le PCV2 a défini le terme global de “maladies associées au circovirus porcin” pour englober les différents syndromes cliniques (dont fait partie la MAP).

Le consortium européen de recherche sur le PCV2 a défini le terme global de “maladies associées au circovirus porcin” pour englober les différents syndromes cliniques (dont fait partie la MAP), qui au fil des ans et des investigations ont été trouvés associés au PCV2. Ces maladies associées sont désignées par le sigle PCVD (pour Porcine Circovirus Associated Diseases). Ces affections sont nombreuses. Un cas particulier : l’affection des tremblements congénitaux des porcelets a initialement été attribuée au PCV2. Par la suite, des recherches ont disculpé ce virus.

Tremblements congénitaux : PCV2 exclu

Chez le porcelet nouveau-né, les tremblements congénitaux se caractérisent par des tremblements généralisés de la tête et des membres.

Il existe chez le porc deux types de tremblements congénitaux qui ne se distinguent pas par leurs signes cliniques (l'un d’entre eux se subdivise en 5 sous-types).

Tremblement congénital de type A

Cette maladie est définie par les analyses histologiques, qui montrent une dégénérescence (démyélinisation) du système nerveux central et des nerfs. Il comprend 5 sous-types :

sous-type A - I : associé à l'infection intra-utérine par le virus de la peste porcine classique (PPC),

sous-type A - II : se produit dans certains élevages souffrant de MAP et a été un temps attribué à l’infection intra-utérine par le PCV2. Depuis, il a été démontré que ce sous-type a une origine génétique, ce qui a disculpé le PCV2,

sous-type A - III : lié à un facteur héréditaire, qui touche les mâles de la race Landrace,

sous-type A - IV : lié à un facteur héréditaire qui touche les porcelets de la race British Saddleback,

sous-type A - V : associé à une intoxication intra-utérine par un organophosphoré.

Tremblement congénital de type B :

La maladie présente les mêmes signes cliniques que ceux de la maladie de type A, mais sans lésions nerveuses à l’histologie. Son origine n’est pas déterminée.

Le syndrome dermite-néphrite (SDN) : PCV2 suspect n° 1

Le syndrome dermite-néphrite (SDN) se caractérise par des lésions cutanées (visibles sur l’animal de son vivant) et rénales (observables à l’autopsie). Il est important de le reconnaître car s'il ne touche qu’un faible nombre d’animaux d’un élevage, il doit faire suspecter la Peste Porcine Classique.

Porc de 4 mois atteint de syndrome dermite-néphrite. Noter la présence de taches rougeâtres sur le tiers postérieur du corps, qui ont tendance à confluer vers la zone périnéale.
Rein de porc atteint de syndrome dermite-néphrite. Augmentation de la taille du rein, de couleur plus pâle que la normale, et avec des micro-hémorragies (pétéchies) disséminées sur l’ensemble de sa surface. Noter aussi l'augmentation marquée du volume du ganglion lymphatique périrénal.

La cause de ces lésions est attribuée à un mauvais fonctionnement immunitaire équivalent à une maladie auto-immune et nommé réaction d’hypersensibilité de type III. Elle est liée à un emballement du système immunitaire face à un antigène donné. Cet antigène peut être d’origine variée, mais pas forcément lié au PCV2 (staphylocoque, streptocoque…).

Quelle qu’en soit l’origine exacte, le SDN présente des caractéristiques cliniques et épidémiologiques bien connues :

Paramètres Caractéristiques de la maladie
Age Post-sevrage et engraissement (rarement les adultes).
Morbidité 0,05 à 0,5 % (épisodiquement jusqu'à plus de 20 %).
Mortalité Proche de 100 % (moindre quand les animaux sont plus jeunes).
Symptômes cliniques les plus courants Anorexie, dépression, prostration, rarement hyperthermie.
Lésions macroscopiques les plus représentatives Taches et papules, rougeâtres à noirâtres, sur la peau, notamment sur le tiers postérieur (peuvent être généralisées à tout le corps). Augmentation de la taille des reins, mous et avec pétéchies.
Lésions microscopiques Rein : glomérulonéphrite fibrineuse avec néphrite interstitielle.
Peau : vasculite nécrosante systémique.
Biochimie clinique Augmentation des niveaux d'urée et de créatinine (insuffisance rénale).
Cause de la mort Coma urémique dû à un blocage complet des reins.

Le diagnostic du SDN repose sur l’observation de deux critères.

1. Présence de lésions hémorragiques nécrosantes sur la peau, particulièrement dans la zone périnéale et sur les extrémités postérieures. À l’autopsie : reins mous, pâles avec des pétéchies généralisées.

2. À l’histologie : présence de vasculites nécrosantes systémiques et glomérulonéphrites fibrino-nécrosantes.

Porc atteint de SDN. La glomérulonéphrite fibrineuse (à gauche) et la vasculite nécrosante (à droite) sont les lésions histologiques caractéristiques de cette maladie.
"Hybridation in situ" pour la détection de génome du PCV2 dans le rein d'un porc atteint de SDN. Les cellules colorées en bleu correspondent principalement à des macrophages, qui contiennent de l'acide nucléique de PCV2.

Ces critères n’incluent pas l’infection par le PCV2, puisqu’il n'a pas été démontré que le PCV2 est impliqué systématiquement dans le SDN. Il existe toutefois une série d’observations qui associent le virus à cette maladie :

on retrouve très fréquemment des cas de syndrome dermite-néphrite dans des élevages touchés par la MAP. Au Royaume-Uni, l’apparition de la MAP s’est accompagnée de très nombreux cas de SDN dans les mêmes élevages (jusque 20 % d’animaux atteints par ce syndrome et qui n’a, à ce jour, été décrit dans aucun autre pays).

un pourcentage élevé de porcs atteints de SDN souffre de lésions lymphoïdes très similaires, mais moins sévères que pour celles de la MAP.

un pourcentage très élevé de porcs atteints de SDN est infecté par le PCV2, même si la charge virale de ces animaux est équivalente à celle de porcs sains en infection subclinique (soit 10 à 1000 fois moindre que la charge virale de porcs souffrant de MAP).

Porc atteint
du syndrome dermite-néphrite

Les porcs atteints de SDN ont un titre en anticorps anti-PCV2 significativement plus élevé que des porcs non atteints de SDN (qu'ils soient atteints ou non de MAP).

Il existe donc une série d'éléments objectifs qui associent le PCV2 et le SDN, mais la relation de cause à effet entre l’agent infectieux et la maladie n’a pas été formellement établie.

L’importance économique du SDN est relativement limitée à l’échelle de l’élevage. En effet, hors exception, il ne touche qu’un faible nombre d’animaux. En revanche, il a une toute autre importance à l’abattoir. Un animal qui présente des signes de SDN dès son arrivée à l’abattoir doit être considéré comme suspect de PPC à l’inspection ante-mortem, ce qui provoque l’interruption de la chaîne.

Peut-on contrôler ou prévenir l'apparition du SDN ?

Les facteurs qui déclenchent le SDN sont inconnus, ce qui empêche toutes propositions de stratégies de contrôle et de prévention.

Dans certains cas, l’utilisation d’anti-inflammatoires injectables a été rapportée comme bénéfique, mais aucune étude rigoureuse n’est venue confirmer ce fait.

Adaptée à la situation française et actualisée par les Drs JB Herin,N. Bridoux et F. Joisel

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