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Le respect des normes d’élevage : densités, conduite en bande et indicateurs GTE de l’état sanitaire

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« Une bonne adéquation entre la nutrition, le logement et les règles de management sont indispensables à une bonne résistance de l’animal aux infections. Le contrôle des maladies existantes dé...

« Une bonne adéquation entre la nutrition, le logement et les règles de management sont indispensables à une bonne résistance de l’animal aux infections. Le contrôle des maladies existantes dépend du bon état d’entretien des animaux, de l’hygiène générale des bâtiments, d’un strict respect des règles de gestion de l’élevage, de bonnes conditions de manipulation et d’un respect des normes de chargement ». [3]

1. Le respect des normes de chargement

« Le bien être est une exigence de la société, dont l’opinion est diverse et les comportements individuels complexes et paradoxaux. Elle se traduit par une réglementation.
Une directive de l’Union Européenne de 2001 oblige à la mise en groupe des truies, à l’augmentation de la surface par truie avec l’autorisation de conserver le caillebotis intégral. L’adoption de ces règles génère des surcoûts pour l’éleveur, estimés entre 0,57 et 1,3 centimes d’euro/kg de carcasse.
Selon des travaux connus, des normes supérieures de bien être n’impliquent pas une qualité technologique supérieure de la viande produite. Une étude de l’INRA montre que seule une proportion restreinte de consommateurs serait prête à payer plus cher un porc élevé dans des conditions améliorées de bien être. La question de concurrence se pose vis-à-vis de pays non membres de l’Union Européenne, ne respectant pas cette réglementation, et produisant à un meilleur marché ». [4]

« En France, la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, décrit, pour la 1ère fois dans le droit français, l’animal comme un être sensible. A ce titre, « il doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». Au niveau européen, dans le cadre du Conseil de l’Europe, il s’agit de la convention européenne du 10 mars 1976, sur la protection des animaux dans les élevages (en matière de logement, d’alimentation et de soins). Le traité d’Amsterdam, signé le 2 octobre 1997, et entré en vigueur le 1er mai 1999, a fait passer les animaux d’un statut de biens marchands à celui d’êtres sensibles au sein de l’UE. En 1998, l’UE a adopté une décision pour approuver la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des animaux d’abattage et, par la directive 98/58/CE concernant la protection des animaux dans les élevages, elle a fixé, à son tour, des règles sur les conditions d’hébergement des animaux (locaux et équipements), sur l’entretien des animaux (alimentation, abreuvement et soins) et sur les méthodes d’élevage (prévention des blessures et des souffrances, protection des animaux élevés à l’extérieur). Cette directive constitue le socle de l’arsenal réglementaire, applicable à tous les animaux d’élevage, des normes spécifiques ayant cependant été fixées en 1991 pour l’élevage de porcs (directive 91/630/CEE). La réforme de la PAC de 2003, dont la mise en œuvre par les états membres était prévue au plus tard pour 2007, a également introduit le bien être des animaux parmi les conditions de paiement des aides directes versées aux agriculteurs ». [5]

Depuis mai 2006, des contrôles « bien être », généralement couplés aux visites en matière de registre d’élevage et de pharmacie vétérinaire, ont pour objectif de vérifier le respect des normes sur la protection des porcs en élevage, après modifications opérées par l’arrêté du 16 janvier 2003. Ils sont réalisés sur la base d’un modèle de grille de contrôle, mise en place par le Ministère de l’Agriculture, avec une attention particulière portée sur la liberté des mouvements et les normes de surface.

Il paraît donc utile de rappeler les principales obligations et échéances que fait peser la réglementation « bien être » des porcs.

Pour les truies et les cochettes

- concernant les exploitations nouvelles depuis le 1er janvier 2003 : les truies doivent être élevées en groupe pendant une période débutant 4 semaines après la saillie et se terminant une semaine avant la date prévue de mise bas.

- concernant les exploitations existantes au 1er janvier 2003, les systèmes en truies bloquées peuvent perdurer jusqu’au 31 décembre 2012. A compter du 1er janvier 2013, toutes les exploitations devront passer en conduite de truies en groupe.

Pour les verrats

- les cases de verrats doivent être placées et construites de manière à ce que les verrats puissent se retourner, percevoir les grognements, l’odeur et la silhouette des autres porcs. La surface disponible pour un verrat adulte est d’au minimum 6 m².
- dans toutes les exploitations, depuis le 1er janvier 2005, quand les cases sont utilisées pour la saillie naturelle, la surface disponible pour un verrat adulte doit être d’au minimum 10 m².
Principales dispositions

Depuis le 1er janvier 2003 :

- des normes minimales de surface au sol sont requises en fonction du poids de l’animal

Poids de l’animal vivant (kg)
M² disponibles
<=10
0,15
Entre 10 et 20
0,20
Entre 20 et 30
0,30
Entre 30 et 50
0,40
Entre 50 et 85
0,55
Entre 85 et 110
0,65
>110
1,00

- les porcs élevés en groupe agressifs ou attaqués, et/ou blessés, ou malades, peuvent être mis temporairement dans un enclos individuel qui, à partir du 1er janvier 2013, devra être assez grand pour que l’animal puisse se retourner, sauf avis vétérinaire contraire ». [7]

La directive « bien être » ne fait, en matière de charcutiers, qu’avaliser les règles de bonne conduite qui étaient en place depuis de nombreuses années. L’affect a plus marqué le législateur pour les truies, les verrats, les porcelets sous la mère et entraîne une réflexion de redistribution de l’élevage.

Pour ce faire, il faudra accorder aux éleveurs le droit et les moyens de se restructurer, sans pour autant diminuer la taille de leur outil, sous peine de voir disparaître leur compétitivité.

2. La conduite en bande [1]

La conduite en bande est une méthode d’élevage utilisée par les éleveurs français depuis les années 1967-1968, largement vulgarisée par Le Demnat (IFIP).
Le but initial était une simplification du travail par une meilleure organisation de celui-ci, son intérêt sanitaire apparaissant le plus souvent secondaire, voire méconnu par l’éleveur. Dans la littérature anglo-saxonne, la conduite en bande est désignée par les expressions « batch management » ou plus fréquemment « all in all out system ». Cette dernière expression est réductrice car travailler en « tout plein tout vide » ne recouvre pas obligatoirement une conduite en bande par stade physiologique, mais qualifie plus un type de gestion de salles d’élevage. Au contraire, la conception française respecte ces deux critères en divisant le cheptel truies en un certain nombre de bandes, permettant de faire naître, selon le rythme désiré, des porcelets qui seront sevrés à un âge défini.

L’avantage est indéniable puisque l’on obtient ainsi une relative homogénéité du statut sanitaire par une faible différence d’âge des animaux composant le lot. Les normes d’élevage sont respectées puisque le flux d’animaux est pratiquement constant et correspond à la taille des salles.

Dans une telle conduite, l’éleveur dispose d’une semaine entre chaque bande pour réaliser nettoyage-désinfection-vide sanitaire, et travaille donc en « tout plein tout vide ».
L’effet conjugué de cette technique hygiénique et de l’identité physiologique des porcs, permet de diminuer l’incidence de la pathologie et de limiter ainsi le besoin antibiotique et son coût.

La biosécurité de l’élevage et l’amélioration de la santé du troupeau ne seront effectives que si 3 grands principes sont respectés :
- les infections entre animaux d’âges différents sont réduites du fait du non mélange des lots
- la réalisation du nettoyage-désinfection entre chaque changement de salles
- la possibilité d’un vide sanitaire de 5 à 7 jours

Je clôturerai ce paragraphe en vous remémorant les écrits du Professeur Vittorio SALA de la Faculté Vétérinaire de Milan, dans Pig International de novembre 1998 (vol 28 n°11) :
« En engraissement, le risque de pathologie respiratoire est 2 à 3 fois plus élevé dans un élevage travaillant en continu et n’utilisant pas le nettoyage-désinfection (…). En l’absence de désinfection, mais en respectant le « all in all out system », ce risque est ramené à 1.5 (…). L’utilisation de la désinfection et du vide sanitaire réduit le taux de mortalité de 50% et des légers de près de 20% ».

3. Indicateurs technico-économiques de l’état sanitaire

Les outils de gestion technique et technico-économique mis en place dans les élevages français participent à un dispositif global d’appui technique [2]. Ce sont :
- la gestion technique des troupeaux de truies (GTTT)
- la gestion technico-économique (GTE)
- le tableau de bord (TB)
- les résultats de classement abattoir

Les résultats technico-économiques portent à la fois sur l’ensemble de l’atelier :
- le nombre de porcs produits par truie présente et par an
- l’indice de consommation global
- la marge sur coût alimentaire
- le renouvellement

et sur différents stades, naissage, post-sevrage, engraissement :

- l’indice de consommation
- le gain moyen quotidien
- le pourcentage de pertes et saisies
- la consommation d’aliment par jour ou par porc, ou par porc et par jour

L’étude des documents permet donc d’affiner les performances d’élevage, de les comparer à des groupes de référence, constitués d’élevages de même orientation technico-économique, et travaillant dans le même contexte commercial.

Un nouvel outil : AUDIPEE® [6] permet de mieux renseigner la problématique sanitaire avec, en particulier, l’approche « dépenses de santé au service de l’audit » : les vétérinaires intervenant en élevage augmentent ainsi l’efficacité du diagnostic technico-sanitaire réalisé.

Ainsi, l’analyse périodique et approfondie des résultats technico-économiques, associée à des contrôles complémentaires (aliment, eau, sérologie, bactériologie, …) permet de vérifier la pertinence des options initiales, de contrôler leur mise en application et de proposer des voies d’aménagement possibles.

4. Ce qu’il faut retenir

Le respect des chargements est un élément important de la biosécurité en élevage, et est largement reconnu. Aujourd’hui l’éleveur n’a pas à les interpréter en matière de densité et/ou de conduite car les densités relèvent de la législation, et elles peuvent même en influencer négativement la prime PAC.
Une conduite en bande non stricte, avec mélanges de lots ou autres non-conformités, facilitera l’expression d’une pathologie jusqu’alors maîtrisée.

Les outils de gestion technique et technico-économique sont un excellent moyen de mesure et d’évaluation du niveau de l’élevage. Leur analyse permet de mettre en place une amélioration des performances à travers une action sur les points constatés.

Il y a longtemps, le Professeur LECLAINCHE a écrit : « L’élevage, c’est de l’Hygiène en action ». Aujourd’hui, il écrirait : « L’élevage, c’est de la Biosécurité en action »...



Bibliographie

[1] Alno. La conduite en bande. Aspect pratique et applications. Journée nationale des GTV, Clermont Ferrand 2001
[2] Badouard et Dagorn. Les outils de diagnostic de l’atelier porc : GTTT-GTE-Tableau de bord et synthèse UNIPORC. Journée nationale des GTV, Tours 2002
[3] Barcelo. Proceeding of the 15th IPVS congress, Birmingham, England. 5-9 July 1998, p 133
[4] Gourmelen, Latouche, Chevillon. Regards sociologiques sur le bien-être des porcs : IFIP Techni-Porc. Economie_Bien-être. Sommaire TP vol 29, 2006
[5] Janet. Le bien-être des animaux d’élevage. Mieux comprendre l’actualité. INRA. SAEZ. Note de synthèse, octobre 2007
[6] Leborgne et Guyomarc’h. Approche globale de l’exploitation porcine et place des dépenses de santé. Journée nationale des GTV, Tours 2002
[7] Plein Champ.com. Réussir Porcs. Lundi 7 juillet 2008

Commentaires de l'article

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29-Aoû-2014ClovisClovisDocument succint et techniquement intéressant. néanmoins certaines normes sur le sevrage et la lactation pourraient davantage compléter la compréhension.
15-Avr-2015MWIZERWA ElieMWIZERWA Eliemerci je voudrais vous demande les details
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