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Le stress du sevrage

En production porcine, le sevrage est l'un des processus les plus critiques, qui peut induire de la mortalité et une détérioration importante des performances de croissance (GMQ, IC).

Le sevrage

En conditions naturelles, les porcelets sont sevrés de manière progressive pendant environ 11 semaines (entre l'âge de 9 et 20 semaines). Néanmoins, en élevage, les porcelets sont généralement sevrés de manière brusque à l'âge de 3 à 4 semaines et à un poids vif de 6 à 8 kg. En production porcine, le sevrage est l'un des processus les plus critiques, qui peut induire de la mortalité et une détérioration importante des performances de croissance (GMQ, IC)..

Le stress

L'organisme d'un animal sain vise à conserver un équilibre physiologique interne. Lorsque cet équilibre est compromis par des stimuli externes, l'organisme cherche à réagir afin de rétablir cet équilibre. Cette réaction est qualifiée de réponse au stress et les stimuli qui la provoquent - d'ordre physique ou psychologique - sont dénommés facteurs stressants.
Parmi les facteurs stressants de type physique, on trouve l'excès de chaleur ou de froid ou les environnements présentant des concentrations élevées en gaz.
Parmi les facteurs psychologiques, ceux qui revêtent le plus d'importance sont le mélange d'animaux inconnus, le transfert vers un environnement nouveau ou le maniement plus ou moins brusque des humains.
Une des caractéristiques majeures de réponse au stress est son côté additif, autrement dit plus de facteurs interviennent simultanément plus la réponse au stress va être élevée (l'effet des différents facteurs " s'additionne ").

Le sevrage est une phase critique car elle entraîne une série de facteurs stressants de type nutritionnel et de type psychologique. Les facteurs de type nutritionnel résultent du changement de régime (du lait maternel à l'aliment de sevrage) et peuvent provoquer des troubles digestifs. Toutefois, dans ce chapitre, notre attention se portera sur les facteurs de type psychologique.

Principaux facteurs stressants de type psychologique et solutions possibles

Le stress psychologique provoqué par le sevrage résulte de facteurs de type physique (changement d'environnement) et de type social (séparation avec la mère, manipulation pour le transfert et mélange avec d'autres portées ou séparation d'animaux de la même portée) (voir figure 1).

Figure 1. Schéma explicatif de l'effet du stress sur les porcelets.

Séparation mère-petits :

La séparation avec la mère est un stimulus stressant pour les petits. L'accès aux mamelles est par exemple le stimulus principal qui donne lieu au réflexe de succion chez le porcelet. Après le sevrage, cette absence des mamelles, est l'un des facteurs qui revêt le plus d'importance dans l'origine de la caudophagie (morsure des queues des congénères). Malgré ces éléments, il serait toutefois peu raisonnable, ne serait ce que pour des questions d'ordre purement économique, de proposer des systèmes de sevrage progressif qui simulent les conditions naturelles. Cette option pourrait néanmoins être viable dans des systèmes extensifs ou semi-extensifs.
Ainsi, la portée du facteur de " séparation " ne pourra être atténuée qu'en réduisant au maximum le stress provoqué par les autres facteurs.

Manipulation lors du transfert :

L'attention avec laquelle sera réalisée la manipulation déterminera la réaction des animaux à ce moment précis, ainsi que leurs contacts futurs avec les personnes. Il est par conséquent recommandé d'éviter toute manipulation brusque.

Salles après sevrage :

Pour des raisons évidentes, le transfert vers des salles de nurserie ou de post sevrage ne peut être évité mais nous pouvons faire en sorte que le changement soit le moins traumatisant possible, en offrant aux animaux un espace suffisant qui réponde à leurs besoins. Il est intéressant de réfléchir à une bonne organisation des casesn(voir figure 2), en identifiant différentes zones pour le repos, la consommation d'eau et d'aliments ainsi que la défécation et la miction. Le porc a en effet tendance à effectuer chacun de ces comportements en des endroits distincts. Il convient donc de tirer profit de ce comportement et de le faciliter.

Figure 2. Schéma d'orientation de la répartition des zones. Pour des modèles plus complexes, il est nécessaire de tenir compte des séparations entre les zones et de la possibilité de mettre à disposition une " zone d'exploration "

Nous devrons également considérer des aspects tels que la température (comprise entre 22 et 28°C, selon le poids des animaux), la densité des animaux (comprise entre 0,15 et 0,20°m2 par animal) ou les matériaux utilisés. Sur ce dernier point, la législation actuelle¹ présente des données concrètes sur les caractéristiques du sol.

Mélange d'animaux de portées différentes :

En général, toutes les espèces sociales établissent des relations hiérarchiques à partir desquelles certains individus - les dominants - accèdent en priorité aux ressources. Lorsque ces relations hiérarchiques sont rompues, ce qui se produit par exemple lors de la séparation ou du mélange d'animaux qui ne se connaissent pas, les animaux tendent à établir de nouvelles hiérarchies, par le biais d'interactions agressives qui donnent lieu au stress social. Cela entraîne des troubles au niveau de l'ingestion d'aliments et des paramètres de production. Compte tenu des tailles de cases utilisées en élevage, il apparaît impossible d'éviter le mélange des portées après le sevrage. Il est donc important de faire un effort pour réduire ce stress social au maximum.
Dans ce sens, deux options ont été formulées :
- Le système naisseur-engraisseur conserve les mêmes groupes d'animaux tout au long de l'élevage (PS-Engraissement), même si cela ne suppose pas une grande amélioration en terme de productivité.
- La seconde option consiste à mélanger de grand groupes (près de 90 animaux) au moment du sevrage pour ensuite les séparer en engraissement en sous-groupes qui seront abattus ensemble. Ce système a donné de très bons résultats, tant au niveau de la production (amélioration de la croissance et indice de consommation) que du bien-être (baisse des agressions) et permet de procéder aux séparations en homogénéisant les groupes. Quoi qu'il en soit plus d'études devront être menées afin de démontrer l'efficacité et la faisabilité de ce système.
Tant pour les nouveaux systèmes que pour les systèmes traditionnels, l'utilisation de matériels qui stimulent le comportement exploratoire représente une bonne option pour distraire les animaux, ce qui semble réduire l'agressivité ainsi que l'incidence sur la morsure des queues et des oreilles.

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¹: Directive 91/630/CEE (de 1991) modifiée par les directives 2001/88/CE et 2001/93/CE (toutes deux de 2001)

Commentaires de l'ISPAIA

La Directive européenne de 2001, transcrite en droit français par un arrêté du 16 janvier 2003 précise les surfaces minimales par porc et les types de sols. 0,15 à 0,20 m2 par porcelet sont bien des chiffres repris, mais seulement pour le début de sevrage (respectivement porcelets de moins de 10 kg et porcelets entre 10 et 20 kg). Au delà de cette phase, il est bien évident que nous aurions des problèmes de densité.

S'il peut paraître recevable de considérer de prime abord que le sevrage est d'autant plus stressant qu'il est effectué tôt, nous aurons bien compris que dans le cas d'un sevrage classique,
l'essentiel se joue en fait dans l'accompagnement des porcelets. Il convient donc d'être attentif à tous ces points qui n'ont l'air de rien pour nous mais qui sollicitent la capacité d'adaptation des animaux. Ainsi, dans une synthèse sur le sujet en 2002, P Orgeur de l'INRA, mentionne par exemple que le sevrage à 21 ou 28 jours n'induit pas de perturbation comportementale majeure. La truie, quant à elle, a atteint à ce stade son pic de lactation et elle manifeste aussi des signes de rejets des porcelets. Tout ceci a conduit l'Europe à valider le sevrage à 4 semaines et dans certaines conditions celui à 3 semaines.
Quant à la taille des cases, il faut toujours conduire une réflexion
en veillant à ne pas casser un équilibre. Placer les porcelets dans de grandes cases pour limiter un stress social peut être une solution. Elle n'a cependant de sens que si on ne crée pas un désordre sanitaire supérieur.

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