Introduction
La nouvelle législation en matière de bien-être animal a apporté des changements significatifs dans le logement des porcs au Danemark et a, de plus, stimulé l'innovation et le développement de nouveaux systèmes de production. Cette nouvelle législation est appliquée depuis très peu de temps.
D'autre part, les pressions politiques et celles de l'opinion publique en faveur de systèmes garantissant le bien-être ont conduit le Comité National de la Production Porcine à mettre en route des études sur les différents systèmes de logement des truies en groupe 10 ans avant que la norme entre en vigueur. Pour cette raison, les producteurs danois sont relativement bien préparés aux changements que la nouvelle législation a imposée. Le logement des truies en groupe a suivi un processus comportant une grande diversité de systèmes de production.
Ceci est le premier article d'une série qui décrit les avantages et inconvénients des systèmes de logements en groupes les plus utilisés au Danemark.
Législation en matière de bien-être animal
La législation européenne sur le bien-être animal (Tableau 1) indique les exigences minimum que tous les Etats membres doivent obligatoirement satisfaire, alors que chaque Etat peut appliquer des règles plus strictes au niveau national.
La majeure partie de la législation de l'UE en la matière est identique à la première loi danoise sur le logement des truies, entrée en vigueur le 1er Janvier 1999. La législation danoise était basée sur des recherches comportant des essais sur le terrain mis en place par le Comité National de la Production Porcine.
D'autre part, la législation sur les exigences d'espace pour les verrats et sur les différents types de sols selon des différentes catégories de porcs est nouvelle pour les producteurs danois.
Enfin, contrairement aux anglais, les producteurs danois ne doivent pas laisser les truies en liberté du sevrage jusqu'à la mise-bas suivante. Cela est dû au fait que de nombreux essais danois ont démontré que la reproduction peut être moins bonne si les truies sont mélangées en groupe juste après le sevrage.
Tableau 1. Résumé de la Directive Européenne sur la protection animale entrée en vigueur le 1er Janvier 2003 (pour les installations neuves et les rénovations).
Catégories |
Exigences
|
||
Truies et cochettes | |||
Logement | En groupes depuis 4 semaines après le sevrage jusqu'à 7 jours avant la date prévue de la mise-bas.. | ||
Espace disponible |
|
||
Sol | 1,3 m2 /animal. Plein ou en caillebotis (max 15% d'ouverture) | ||
Alimentation | Accès à des aliments riches en fibre | ||
Verrats | |||
Espace disponible |
|
||
Toutes les catégories | |||
Minimum
d'épaisseur du treillis (mm)
|
Largeur
maximum des mailles (mm)
|
||
Porcelets sous la mère |
50
|
11
|
|
Sevrés |
50
|
14
|
|
Engraissement |
80
|
18
|
|
Truies et cochettes |
80
|
20
|
Le premier système de logement des truies en groupe a été mis en place dans les élevages danois en 1986 lorsque les systèmes d'alimentation électronique des truies (AET) sont arrivés sur le marché. Cependant les systèmes d'AET n'était pas totalement développés et disparurent après un court laps de temps.
On a ensuite essayé une grande variété de systèmes (Tableau 2) mais nombreux sont ceux qui ont disparu à cause d'un ou plusieurs composants critiques; aujourd'hui, il ne reste plus que deux types principaux : les systèmes d'AET (alimentation électronique des truies) et les mangeoires en libre accès (MLA), qui concernent 80 à 90 % des installations neuves.
Tableau 2. Evolution des systèmes de logement en groupe au Danemark
1999
|
Mangeoires en libre accès (MLA |
1998
|
Mangeoires partagées |
1997
|
Systèmes ad libitum |
1996
|
Alimentation lente en petites quantités ("trickle feeding") |
1995
|
Alimentation électronique des truies (AET) de 2ème génération |
1988
|
Alimentation au sol et alimentation liquide (petits groupes) |
1986
|
Alimentation électronique des truies (AET) de 1ère génération |
Différents systèmes de logements en groupe
Il existe une multitude de systèmes de logement en groupe qui fonctionnent bien sur lesquels on a étudié en détail l'organisation des cases et leur conduite. A la fin de 2003, on estime que 50 % des truies au Danemark (1,1 millions au total) ont été logées en groupe à un moment de leur vie entre le sevrage et la mise-bas suivante. La répartition des systèmes utilisés figure sur le Tableau 3.
Tableau 3. Répartition des systèmes de logement en groupe utilisés au Danemark
Systèmes
|
Répartition
( % des truies en groupe)
|
Alimentation
électronique des truies (AET) |
40 |
Mangeoires en libre accès (MLA) |
45
|
Alimentation lente en petites quantités ("trickle feeding") |
5
|
Autres systèmes |
10
|
Ces différents systèmes doivent être mis en uvre selon leur capacité à assurer une production correcte: hautes performances et bien-être animal. Les données danoises montrent qu'il est essentiel, quelque soit le système, que les besoins biologiques et de management comme le contrôle individuel de la consommation d'aliment et de l'espace pour marcher et se reposer, soient respectés afin d'obtenir une faible incidence de boiteries.
Beaucoup de systèmes ont été étudiés ; ils sont présentés dans le Tableau 4
Tableau 4. Qualités des différents systèmes d'alimentation en groupe
Système |
Espace
|
Qualité
des sols (lésions)
|
Contrôle
de consommation d'aliment
|
Gros granulés avec litière épaisse |
***
|
****
|
**
|
Alimentation "ad libitum" avec zones de repos et de défécation séparées |
***
|
***
|
*
|
Alimentation au sol avec zones de repos et de défécation séparées |
**
|
**
|
**
|
Alimentation liquide en grands nourrisseurs avec zones de repos et de défécation séparées |
**
|
*
|
**
|
Alimentation lente en petites quantités ("trickle feeding") avec zones de repos et de défécation séparées |
**
|
**
|
***
|
"Boxes" en libre accès avec des quantités de paille modérées |
***
|
***
|
****
|
"Boxes" en libre accès avec litière épaisse |
***
|
***
|
****
|
AET avec zone de repos sur paille et de zone de défécation séparées |
****
|
***
|
****
|
*=mauvais, **= normal, ***=bon, ****= très bon |
En général, le logement en groupe favorise le comportement et le mouvement naturel de la truie. Cependant, il peut survenir des agressions dues à la hiérarchie établie, avec une augmentation importante du stress, pouvant affecter négativement les performances. Les affrontements qui surviennent sur des sols en caillebotis peuvent beaucoup amplifier la perte d'embryons.
De plus, dans les conditions naturelles, un animal menacé dispose d'un grand espace pour fuir alors que dans un système de logement en groupe, cette zone de fuite est limitée. Cependant, les caractéristiques des surfaces en caillebotis sont très différentes des sols pleins ou de la saleté des parcs naturels.
Enfin, il ne faut pas oublier qu'il est très important de contrôler les consommations individuelles pour assurer une bonne condition corporelle et une bonne gestation.
Dans un prochain article, nous aborderons l'alimentation lente en petites quantités ("trickle feeding")et les systèmes d'alimentation au sol
Figure 1. Système typique de libre accès sur litière épaisse de paille et ventilation naturelle.
Bjarne K. Pedersen. Managing Director, Egebjerg. Danemark