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Pathogénie et coût de la rhinite atrophique

Les modifications microscopiques et macroscopiques provoquées par la Rhinite Atrophique ont des répercussions générales sur l’élevage.

Les modifications microscopiques et macroscopiques provoquées par la Rhinite Atrophique ont des répercussions générales sur l’élevage. Si l’atrophie des cornets nasaux est facilement reliée à une sensibilité accrue aux pathologies respiratoires par disparition du 1er filtre de l’air, les autres atteintes ont également des conséquences.

Ainsi, la déformation de la mâchoire supérieure (brachygnatisme) va gêner le porc dans la prise de la ration alimentaire et entraîner une baisse de consommation.

D’autres conséquences sont plus insidieuses : la toxine dermonécrotique de Pasteurella multocida est responsable de dégénérescences au niveau du foie et des reins, ce qui a un impact sur la consommation d’aliment et donc l’IC. Cette toxine a également un effet immunodépresseur sur le porc, augmentant la sensibilité à l’ensemble des pathologies.

Figure 1 : Pathogénie de la Rhinite Atrophique du porc

L’impact de ces atteintes sur les performances de l’élevage a été largement étudié, et son coût financier pour l’éleveur calculé.

Ainsi, la Rhinite Atrophique est responsable de baisses de GMQ comparables à celles occasionnées par d’autres pathologies bactériennes respiratoires :

Tableau I : Conséquences sur la croissance de différentes affections ou lésions de l’appareil respiratoire (enquête abattoir Pays-Bas, 1992) :

Affection ou lésion
Conséquences sur la croissance (GMQ en g/j)
Rhinite Atrophique
-59
Abcès pulmonaires
-47
Pleurésie
-44
Pneumonie
-42

Si l’on détaille plus les données, la relation entre gravité de la lésion nasale et mauvais GMQ est nette et significative : plus la lésion est importante , plus le GMQ est faible !

Figure 2 : Relation entre atteinte des cornets nasaux (TPR) et GMQ naissance-vente (d’après Nielsen et al., 1991)


On se souvient que les porcelets sont contaminés très tôt par Pasteurella multocida et Bordetella bronchiseptica : cela se traduit par des baisses de performances mesurables dès le sevrage et jusqu’à l’abattage !
Ainsi des études récentes (Donko et al., 2005), évaluent la baisse de GMQ à 13.3 % en post-sevrage en cas de Rhinite moyenne ou sévère. Ces baisses atteignent 6.2% en engraissement pour les porcs présentant des formes « moyennes » et vont jusqu’à 9.4% pour les porcs sévèrement touchés !

Figure 3 : Impact de la Rhinite Atrophique moyenne ou sévère sur les GMQ à différents stades par rapport à des porcs pas ou peu atteints (d’après Donko et al., 2005).

Les lettres différentes montrent des différences statistiquement significatives pour les performances de l’âge indiqué, les GMQ des porcs de référence sont indiqués en g/j.

Le coût de ces retards de croissance peut aller de 21.4 à 32.6 € par truie et par an par rapport à des élevages maîtrisant la Rhinite Atrophique ! (calcul réactualisé avec les données GTE-G3T de 2009)

Tableau II : Importance de l’effet élevage dans l’impact de la Rhinite Atrophique (Paisley et al, 1993)

Paramètres zootechniques
Elevage 1
Elevage 2
Nb truies présentes
900
140
Taux de porcs avec lésions de Rhinite Atrophique
50%
28%
lésions sévères de Rhinite Atrophique
4%
13%
Impact sur le GMQ 14 jours-abattage
- 34 gr
- 60 gr
25 kg - abattage
- 39 gr
- 94 gr
Impact sur l’âge à l’abattage (en jours)
+ 6.9 jrs
+ 10.5 jrs

Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette baisse de performances. Le 1er d’entre eux est mécanique : le brachygnatisme gêne la prise alimentaire et pénalise la consommation des porcs : une relation entre brachygnatisme, GMQ et note de lésions de Rhinite est ainsi faite (de Jong, Figure 4)

Figure 4 : Relation entre brachygnatisme, GMQ et niveau d’atteinte de Rhinite Atrophique (de Jong)

Par ailleurs, la Rhinite Atrophique fait partie du complexe des pathologies respiratoires du porc : ces pathologies interagissent entre elles, l’une aggravant l’autre et réciproquement.

Ainsi, les études régionales de prévalences portant sur la Rhinite Atrophique et la Pneumonie Enzootique ont montré qu’une atteinte importante par l’une des pathologies s’accompagnait très souvent d’une atteinte importante par l’autre. L’air n’étant plus réchauffé, filtré et humidifié, les pathologies pulmonaires sont plus souvent présentes

Tableau III : Classements des notes pulmonaires en fonction des notes de Rhinite et réciproquement (d’après Madec et al., 1988, 249 lots)

Note de Rhinite
< 2
2 à 4.5
4.5 à 7
> 7
Note de Pneumonie
2.2
2.7
3.1
3.5
Note de Pneumonie
< 1
1 à 3
3 à 5
> 5
Note de Rhinite
3.1
3.9
4.2
5.2

D’autres auteurs ont montré un impact net de la présence des lésions de Rhinite Atrophique et/ou de Pneumonie Enzootique sur les performances de croissance : les porcs présentant des lésions sévères des 2 pathologies pèsent en moyenne 13.7 kg de moins que les porcs sans lésions ou avec des lésions mineures !

Tableau IV : Relation entre le poids à 190 jours d’âge et la sévérité des lésions de Rhinite Atrophique et/ou de Pneumonie Enzootique (Donko et al., 2005).

Poids (kg) à 190 jours d’âge
Lésions de Rhinite Atrophique
absentes ou faibles
moyennes ou sévères
Lésions de Pneumonie absentes ou faibles
118.9 a ± 2.50
110.9 b ± 2.58
moyennes ou sévères
111.5 b ± 2.82
105.2 c ± 1.63

Les lettres différentes montrent des différences statistiquement significatives

Les agents de la Rhinite Atrophique perturbent durablement le développement des porcs atteints. Ils ont un impact direct sur les performances de l’élevage (GMQ, âge à l’abattage). Mais il ne faut pas négliger les effets indirects de cette pathologie sur l’incidence de la pneumonie ou la dégradation de l’efficacité alimentaire.

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