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Problèmes de mélanges de groupes de porcs et solutions possibles (2)

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Pendant les premières heures qui suivent le mélange, se produit un pic d'agressions, tant en nombre qu'en intensité, qui diminue au cours des 24 à 48 heures suivantes.

Causes des comportements agressifs

L'agressivité engendrée par le mélange de groupes d'animaux n'ayant eu aucun contact préalable (dénommé mélange social) est de type aigu. Pendant les premières heures qui suivent le mélange, se produit un pic d'agressions, tant en nombre qu'en intensité, qui diminue au cours des 24 à 48 heures suivantes. Passé 72 heures, la hiérarchie est pratiquement définie et le nombre d'agressions reste limité. Divers facteurs tels que le degré d'épuisement ou la faim des animaux sont susceptibles de faire évoluer cette situation. Dans ces cas, le scénario se produit de façon identique mais le début est subordonné au regain de force des animaux.

Ce sont principalement trois facteurs qui sont responsables de l'agressivité provoquée par le mélange social: Premièrement, la présence d'animaux avec lesquels des relations de domination n'ont pas été établies conduit à créer une hiérarchie, ce qui se réalise par le biais d'agressions. Ceci est la raison principale et la plus fréquemment avancée, toutefois, certains auteurs proposent d'autres options.

Deuxièmement, le degré de familiarité des animaux des groupes mélangés influera sur le degré d'agressivité engendré par le mélange. Par exemple, le mélange d'animaux provenant de parcs contigus, qui ont de ce fait eu un contact visuel et olfactif préalable, aboutit à un degré d'agressivité moindre. Autrement dit, bien qu'ils n'aient pas pu établir des relations de domination, de par l'impossibilité d'avoir des contacts physiques, la reconnaissance visuelle et olfactive permet de réduire les agressions engendrées par le mélange social.
Troisièmement, il semble que l'absence d'autres stimuli "environnementaux" favorise l'apparition de comportements agressifs en situation de mélange social. En d'autres termes, un environnement pauvre en stimuli amène les animaux à adopter des comportements agressifs plus fréquents et intenses suite au mélange social.

L'agressivité engendrée par le mélange social présente une grande variabilité entre individus. Autrement dit, habituellement seuls quelques animaux sont responsables de la majeure partie des agressions. Toutefois, les animaux font preuve de cohérence dans leur tempérament. Ainsi ceux qui se battent le plus après un mélange sont également ceux qui sont les plus combattifs dans d'autres circonstances. Ceci est particulièrement intéressant dans le cas des gestantes, car comme nous l'avons mentionné, elles doivent rester en groupe. Ces animaux seront nécessairement mélangés avec d'autres animaux de groupes inconnus (mais cela dépend toutefois du système utilisé - groupes stables ou dynamiques) et ce, plusieurs fois au cours de leur vie productive. Il serait donc intéressant de pouvoir sélectionner les femelles en fonction de leur agressivité.


L'agressivité engendrée par le mélange social est probablement la plus grave, car elle touche la structure hiérarchique en soi. Dans d'autres situations, il s'agit de l'accès à une ressource concrète et rare qui provoque le comportement agressif. Dans le cas d'une densité d'animaux élevée, le bien rare est l'espace individuel, mais nous parlerons de cet aspect lors de chapitres suivants.

Méthodes pour réduire l'agressivité

Avant de formuler des options pour réduire l'agressivité engendrée par le mélange social, nous tenons à souligner que les solutions que nous proposerons ne permettent pas de mettre un terme à l'agressivité, mais contribuent à la réduire. L'effet, plus ou moins important de l'option, dépendra en grande partie des conditions de logement et de manipulation de chaque élevage. Ainsi, d'emblée, nous pensons que la meilleure solution à l'agressivité résultant du mélange social est d'éviter le mélange social.
Toutefois, nous sommes conscients que, dans certaines situations, cela est impossible. Nous essaierons alors d'apporter des solutions pour les cas ou le mélange de lots s'avère inévitable. Ces solutions peuvent être classifiées en trois catégories, selon la méthode utilisée : la manipulation, les produits pharmacologiques et les odeurs.

La manipulation:

Du point de vue de la manipulation, on peut faire deux suggestions essentielles : (1) réaliser le mélange de lots à la tombée du jour et (2) accorder un maximum d'espace à chaque animal, tant pour se reposer que pour s'alimenter.

Les produits pharmacologiques:

La pharmacologie offre une autre possibilité, bien que celle-ci ne soit pas utilisable durant l'étape de transport à l'abattoir car elle fait l'objet d'interdictions légales (fondées sur le risque que les carcasses et la viande des animaux contiennent des résidus des produits pharmacologiques). Le principe actif (qui est le composant d'un médicament qui présente une activité pharmacologique) utilisable serait l'azaperone. Cette option présente deux désavantages principaux. Tout d'abord, il s'agit d'un produit injectable dont l'administration est très difficile. D'autre part, le dosage est compliqué. En effet, une dose excessive laisserait les animaux dans un état de sédation ; puis après avoir récupéré, ils recommenceraient les agressions. Mais un dosage insuffisant n'aura évidemment aucun effet sur l'agressivité.

Les odeurs:

Une option, qui a gagné de l'importance au cours des dernières années, consiste à utiliser le sens olfactif du porc afin de modifier son comportement. L'utilisation de ce mécanisme a progressé avec l'apparition de substances telles que la Pig Appeasing Pheromone (PAP) - phéromone apaisante du porc -, un composé de substances extraites des glandes localisées autour des mamelles de la truie en lactation. La PAP semble avoir des effets sur le comportement des porcelets au moment de l'allaitement, évitant ou réduisant les agressions entre les animaux de la portée. Son efficacité chez les animaux d'un poids plus important est actuellement vérifiée par des études dont les résultats préalables semblent démontrer une réduction de l'agressivité, notamment l'agressivité qui a lieu autour de la mangeoire.


Commentaires de l'ISPAIA

L'agressivité des animaux semble aussi pouvoir être régulée par l'expérience des combats.
Cela a notamment été avancé par Suzanne Robert (Sainte Hyacinthe, Québec) et ses collaborateurs aux JRP de 2001. Outre avoir montré que des porcelets adoptés tardivement en maternité subissent un retard de croissance conservé ensuite en PS, ils ont étudié l'agressivité après sevrage (cases de portées avec adoptions / portées sans adoptions). Les porcelets issus de portées ayant subi des adoptions se battaient très significativement moins. Les adoptés en maternité paraissaient d'ailleurs les moins combatifs. Ce comportement contraste fortement avec celui observé en maternité. En effet, les bagarres y sont plus fréquentes dans les portées à adoptions tardives ce qui induit des perturbations de croissance. L'expérience des combats ainsi acquise pourrait limiter l'agressivité par la suite. D'autre part, la privation de nourriture est un facteur connu de soumission. Les porcelets adoptés, pénalisés en maternité, pourraient donc éviter les combats par un comportement de soumission.
Un autre chercheur, Jeffrey Rushen s'est intéressé au déclenchement des combats. Pour lui un porcelet se lance dans un combat s'il en évalue une issue potentiellement positive. En quelques heures de contact, les porcelets apprennent vite quelle est l'issue d'un combat face à un porc donné et ne persévèreraient pas. Autre point, ils développeraient un savoir-faire dans cette évaluation de l'adversaire. Son argumentation pourrait expliquer la baisse de fréquence de combats constatés aussi par Giersing et Anderson au cours d'allotements successifs (App. Anim. Behav, 98). Le poids serait un des critères d'évaluation de l'adversaire. Ainsi, il a montré il y a 15 ans que les combats étaient moins intenses entre des porcelets hétérogènes en poids qu'entre porcelets homogènes. De plus, la présence de gros sujets dans une case semblait inhiber l'agressivité des plus petits entre eux. On peut retrouver là les conditions de travail de Suzanne Robert. Les adoptés, les moins combatifs dans cet essai étant les plus légers.

Commentaires de l'article

Cet espace n'est pas destiné a être une zone de consultation des auteurs mais c'est un lieu de discussionouverts à tous les utilisateurs de 3trois3.
14-Mar-2019 patrick.dunequid d'un apport de magnésium en top feeding
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