Contrairement à ce que l'on pourrait penser à la lecture du titre, cet article ne va pas traiter de la caudophagie, mais de la production, ou plutôt, de la "philosophie" de la production.
Le paramètre que l'on prend souvent pour décrire le niveau de productivité d'un élevage est le nombre de porcelets sevrés par truie et par an. Cet indice de production dépend de deux paramètres :
• d'une part, de la capacité de rotation annuelle des mises-bas de la truie (nombre de mises-bas par truie et par an),
• d'autre part, du nombre de porcelets que la truie sèvre à chaque mise-bas (nombre de porcelets sevrés/ mise-bas).
On dit souvent que le premier paramètre dépend du responsable des gestantes, tandis que le deuxième dépend du responsable de maternité. C'est probablement en grande partie vrai, malgré quelques nuances comme on pourra le vérifier tout au long de cet article.
Nombre de porcelets sevrés par truie et par an | ||
Rythme des mises-bas : nombre de mises-bas par truie et par an | Nombre de porcelets sevrés/mise-bas | |
dépend de... | dépend de... | |
1.
Venue en chaleurs 2. Fertilité 3. Déroulement de la gestation |
1.
Prolificité: nombre de porcelets nés vivants/truie 2. Nombre de nés-vivants/truie 3. Nombre de porcelets sevrés/truie |
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2
Objectifs: - Minimum de troubles - Troubles en un minimum de temps |
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Personne responsable: le responsable des gestantes ? | Personne responsable: le responsable de la maternité? |
Pour obtenir un bon rythme de mises-bas, trois choses essentielles doivent être obtenues:
1º.Une venue rapide en chaleurs des truies sevrées (ou première saillie des nullipares),
2º. Qu'un nombre maximal de truies soient gestantes avec le plus grand nombre possible d'embryons : fertilisation optimale,
3º. Obtenir que le nombre maximal d'embryons deviennent des porcelets nés : conduire la gestation jusqu'au moment de la mise-bas.
Si ces 3 points sont réalisés avec une efficacité maximale, on atteint les 3 objectifs primordiaux d'une bonne saillie : intervalle sevrage - saillie réduit + fertilité maximale + prolificité maximale.
Objectif d'une bonne saillie : fertilité maximale + prolificité maximale + bonne venue en chaleurs. |
1.
Objectif de l'avant saillie : Parvenir à ce que la truie ait une bonne venue en chaleurs et ait un nombre maximal d'ovules. 2. Objectif de la détection des chaleurs + saillie : Fertiliser le nombre maximal possible d’ovules présents 3. Objectif post-saillie : Obtenir que le nombre maximal d'ovules fertilisés (embryons) deviennent des porcelets nés-vivants : minimiser la mortalité des embryons et plus tard des fœtus. |
On doit ajouter qu'il ne s'agit pas seulement d'avoir le moins de troubles possibles (anœstrus, retours, truies vides, avortements, morts ou truies faibles …) mais, en plus, de les avoir en un minimum de temps.
1. La venue en chaleurs
L'objectif durant la phase préalable à la saillie est de disposer d'une truie avec une venue en chaleurs rapide, une manifestation claire des signes de chaleurs et qui, de plus, est capable d'ovuler un nombre maximum d'ovules. Pour cela, il faut essentiellement :
A.
Sevrer une truie de "qualité",
avec une bonne condition corporelle et avec un temps suffisant de lactation
pour garantir une involution utérine correcte. Si cette truie a
sevré un nombre élevé de bons porcelets, cela l'aidera
pour une meilleure venue en chaleurs car le changement hormonal au sevrage
est plus drastique et l'ovaire est plus "actif". B. Réaliser une bonne stimulation avec le verrat : moment du début du contact au post-sevrage, degré et temps de contact, qualité du verrat … C. Obtenir que la truie ingère la quantité maximale d'énergie possible après être sevrée (stimulation de l'ingestion, type d'aliment ...). D. Offrir les conditions d’ambiance optimales, surtout en évitant des températures élevées et les périodes de lumière décroissantes. |
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dépend de... | ||||||||
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Objectif
1: Venue en chaleurs optimale Ovulation maximale du nombre d'ovules + involution optimale/développement de l'utérus |
Ce profil de truie présente des signes clairs de chaleurs et a une bonne ovulation (plus d'ovules disponibles pour les spermatozoïdes), par conséquent, cela facilite l'objectif suivant : fertiliser le nombre maximal des ovules présents.
2. Fertilisation
Le point-clé pour obtenir une bonne saillie est probablement d'avoir réalisé une bonne détection. Pour cela, il est indispensable de partir d'une truie bien préparée (tout a été décrit précédemment) et d’appliquer les bonnes règles de détection des chaleurs
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dépend de... | ||||||||
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Objectif
2: Fécondation maximale du nombre d'ovules que la truie a ovulés. |
Une fois que l'on dispose d'une parfaite venue en chaleurs et de leur parfaite détection, la qualité du résultat dépendra en plus de la méthode de la saillie :
•
Quand est-elle réalisée ? Moment de la journée, temps
entre les saillies, moment du début après la détection
de la chaleur … • Comment est-elle réalisée ? Contrôle de la semence, hygiène, temps d'insémination, stimulation, méthode (intra-utérine, conventionnelle) |
3. Conduite de la gestation
Pour obtenir le maximum de fertilité et de prolificité, il faut « seulement » que le nombre maximal de truies que l'on a réussi à féconder arrivent à terme et qu'elles le fassent en ayant perdu un minimum d'embryons ou de fœtus tout au long de la gestation.
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dépend de... | ||||||
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Objectif
3: Obtenir que le maximum d'ovules fécondés se traduisent en porcelets nés vivants. |
Pour atteindre cet objectif, on devra éviter tous les facteurs qui peuvent provoquer la mortalité d'embryons/fœtus : une alimentation correcte, un minimum de stress, un contrôle sanitaire, un contrôle de l'ambiance (température, courants d'air, heures de lumière), une stimulation avec le verrat …, ainsi que les pertes de truies gestantes (mort, abattoir)
Comme on le voit, la réalisation de l'objectif de la phase de gestation dépend essentiellement de 3 points-clés intimement liés. La réussite d'un point dépend de la bonne réalisation du précédent. Cette situation pourrait être comparée à celle nécessaire pour obtenir un rendement maximal d'un arbre fruitier.
Tout d'abord il faut partir d'un arbre en conditions optimales (bien amendé et bien taillé), ensuite on devra obtenir une bonne pollinisation et enfin éviter que toute grêle, gelée ou parasite ne fiche en l’air tout le travail effectué.
On parlera dans la seconde partie de cet article* des points-clés de la récolte des fruits.
* A paraître prochainement sur notre site www.3trois3.com
Carles Casanovas Granell. Vétérinaire (Espagne)