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SDRP : Les stratégies de contrôle dans les élevages stables actifs

Par définition, les élevages stables actifs se caractérisent par une absence de circulation virale dans le naissage mais une circulation virale active en engraissement.

Introduction

Par définition, les élevages stables actifs se caractérisent par une absence de circulation virale dans le naissage mais une circulation virale active en engraissement. Dans ces cas de figure, il ne s’agit pas d’agir sur la dynamique d’infection verticale au sein du troupeau (cf. chapitre 1) mais sur la dynamique d’infection horizontale au sein de l’engraissement qui se traduit par la contamination régulière, même si elle peut être intermittente, des animaux naïfs « sortis » du naissage.

Pour ces cas de figure, il y a des enjeux très importants :

a. Le statut du naissage a du être déterminé de manière certaine et pour cela les techniques d’analyse ont du être adaptées à la typologie de l’élevage (cf. chapitre 4)

b. Les objectifs de maîtriser la circulation virale en engraissement dans ces élevages peuvent être multiples :
- Protéger le naissage en particulier dans le cadre d’élevage sur un site. En effet, dans ces cas de figure, le risque d’avoir sur site une circulation virale fait encourir un risque important de déstabilisation de la partie naissage (dans une moindre mesure, ceci est valable également pour les élevages multisites)
- Diminuer voire éliminer les conséquences sanitaires et économiques de la maladie en engraissement
- Eradiquer le virus de l’ensemble des stades physiologiques de l’élevage.

Les programmes de contrôle du SDRP dans ces catégories d’élevages seront adaptés à chaque typologie d’élevage associant ou pas biosécurité interne et vaccination

Cas concret n°1 : maîtrise de la circulation virale sans vaccination

La première expérience sans vaccination a été menée dans un élevage de 560 truies avec 5200 places de PS engraissement sur le même site.
L’élevage est conduit à la semaine avec sevrage 21 jours. Il pratique le prélèvement à la ferme et achète ses cochettes et son aliment à son groupement.
L’exploitation est située dans le Morbihan dans une zone de moyenne densité porcine. L’élevage le plus proche est un site d’engraissement de la SCEA et est situé à 1 km. Il n’y a pas d’autre voisin dans un rayon de 2 kms.
L’élevage est contaminé par le SDRP depuis au moins 8 ans et on ne connaît pas l’origine de l’infection.
Les éleveurs vaccinent les truies tous les 3 mois avec un vaccin inactivé depuis plus de 5 ans.
En post sevrage et engraissement, il y a une forte sensibilité à la toux et le taux de pertes dépasse 8% sevrage vente.

Définition du statut du naissage

Un contrôle de stabilité comme présenté dans le chapitre 4 a été réalisé pour préciser le niveau de circulation au sein du naissage
- 3 bandes successives de porcelets sevrés ont été testées négatives
puis
- 4 cochettes indemnes introduites en gestante avec contact nez à nez sont, elles aussi, restées négatives pendant 2 mois
et enfin
- 5 réformes pour problème de reproduction ont aussi été testées négatives.

Ainsi, au 1er trimestre 2005, nous avons conclu à la parfaite stabilité du naissage c’est à dire à l’absence de circulation virale. D’autre part, les verrats de prélèvement ont été testés séronégatifs et PCR négatifs.
Nous avons donc fait le choix de ne rien modifier à la conduite médicale du naissage.

En ce qui concerne le PS-Engraissement, nous avons réalisé un profil sérologique, les porcs n’étant pas vaccinés, et nous avons conclu que les porcs étaient positifs en fin d’engraissement (5 séropositifs/5 testés)

Mise en place du programme de contrôle

Les bâtiments de cette exploitation sont très bien organisés et c’est ce qui a permis de bâtir ce protocole d’éradication sans vide et sans vaccination en engraissement.

On peut voir sur le plan que les blocs gestante-verraterie, les maternités, les PS et les engraissements sont parfaitement séparés ce qui a permis de mettre en place une marche en avant particulièrement efficace.
Enfin, les verrats destinés au prélèvement sont eux aussi logés à part.

Dés le début 2005, nous avons mis en place une marche en avant très stricte entre le naissage, le PS et l’engraissement avec changement de cottes, bottes, utilisation de gants à usage unique et de matériel spécifique pour chaque secteur.

Afin de déterminer la conduite à tenir en PS – Engraissement nous avons réalisé un profil sérologique soit 70 prises de sang à différents âges pour définir quand se faisait la contamination.
Les porcelets restaient négatifs jusque 150 jours d’âge et nous avons conclu à une contamination dans les deux bâtiments vers 120 jours d’âge.

Ainsi, nous avons redéfini les secteurs pour la marche en avant :
- 1er secteur : le naissage et le PS considéré indemne
- 2 ème secteur : la 1ère moitié d’engraissement jusque 120 jours considérée aussi indemne
- 3ème secteur : le secteur contaminé des porcs>120 jours d’âge

Entre ces 3 secteurs, les éleveurs ont accepté de gérer les changements de tenue, l’utilisation de gants et de matériel spécifique.

Nous avons enfin mis en place un suivi sérologique mensuel sur 5 porcs en fin d’engraissement dans chaque bâtiment.
Voici les résultats de suivi sérologique mensuel mis en place au démarrage de la marche en avant spécialisée.
Vous pouvez remarquer que le nombre d’animaux positifs a régulièrement diminué jusqu’à être nul en janvier 2006 dans les deux bâtiments :

Nouveau bâtiment
Ancien bâtiment
septembre 2005
10+/10 (2 bandes)
5+/10 (2 bandes)
novembre 2005
5+/5
0+/5 (1)
décembre 2005
3+/5 (1)
0+/5 (1)
janvier 2006
0+/5 (1)
0+/5 (1)

Suite aux résultats de janvier 2006 réalisés sur une bande dans chaque bâtiment, nous avons réalisé un sondage plus large sur un total de 3 bandes différentes dans le nouveau bâtiment et 4 dans l’ancien.
Là aussi les 35 animaux ont été testés séronégatifs et PCR négatifs
.

Depuis cette date les sites d’engraissement extérieurs et les engraissements sur site ont toujours été testés négatifs soit depuis 2 ans maintenant.

Les indicateurs cliniques et technico-économiques

Nous ne les reprendrons pas ici. L’évolution technico-économique de l’élevage a été préalablement présentée dans le chapitre 3 de cette rubrique (exemple concret n°1).

Exemple concret n°2 : maîtrise de la circulation virale avec vaccination

Il s’agit d’un élevage de 250 truies en deux sites situé dans une zone de forte densité porcine :
- Site 1 : 250 truies et le tout le PS
- Site 2 : 2000 places d’engraissement à 2 kms du site 1

L’élevage est conduit en 7 bandes avec sevrage 28 jours. L’éleveur achète ses doses de semence et ses cochettes.
Au départ lors de la décision de mettre en place un plan de contrôle du SDRP, le naissage est supposé indemne par l’éleveur mais le virus circule en engraissement avec de la pathologie respiratoire et des croissances insuffisantes pour l’éleveur.
Aucune vaccination SDRP n’est pratiquée.

Définition du statut du naissage

L’élevage de naissage a été repris en 2000 et a été entièrement vidé et repeuplé. L’éleveur au début de 2007 pense que son troupeau de naissage est indemne depuis cette date mais ne l’a jamais vérifié.

Pour ce faire et étant donné qu’aucune vaccination n’est pratiquée, nous avons réalisé 30 sérologies sur des truies de différents rangs de portée et sur 15 porcelets en fin de PS et tous les échantillons se sont révélés négatifs ce qui a confirmé le sentiment de l’éleveur et l’efficacité de la marche en avant et des mesures de biosécurité utilisées.
Par contre, lors du repeuplement du naissage, le site 2 n’avait pas été vidé et le virus du SDRP y circule depuis longtemps, confirmé par de multiples sérologies en fin d’engraissement.

Nous sommes dans ce cas de figure en présence d’un élevage stable actif.

Mise en place du programme de contrôle

L’éleveur n’avait qu’une confiance relative dans la capacité du salarié de l’engraissement à mettre en place une marche en avant aussi stricte que ce qui a été explicité dans l’exemple 1. Aussi, même si des recommandations dans ce sens ont été apportées, nous avons mis en place dans ce cas une vaccination des porcelets avec le vaccin vivant modifié bande par bande à 6 semaines d’âge sur une rotation complète du site 2.

Dans le même temps nous avons tout de même explicité au salarié de l’engraissement et à l’éleveur l’importance de mettre en place cette marche en avant entre bandes vaccinées et non vaccinées.
A l’issue de cette 1ère rotation, c’est à dire une fois que l’engraissement n’a contenu que des porcelets vaccinés nous avons introduit une bande de sujets non vaccinés et nous en avons suivi 10 répartis par case et salles différentes : une sérologie par individu depuis le sevrage puis tous les mois jusqu’à la fin de la période d’engraissement de mai à novembre 2007.
Les résultats sont résumés dans le tableau ci dessous :

Age en semaines des porcelets
Résultats des sérologies
4
10 négatifs
8
10 négatifs
12
10 négatifs
16
10 négatifs
20
10 négatifs
25
10 négatifs

Dans l’attente des résultats définitifs de la bande sentinelle, la vaccination avait été maintenue et a été arrêtée depuis.

Conclusion

Ces 2 exemples montrent que la maîtrise de la circulation virale en élevage stable actif est, sur le papier tout au moins, plus accessible qu’en élevage instable actif. En effet pour ces cas de figure, que nous avons essayé d’illustrer dans cet article, nous partons d’une situation où la dynamique d’infection verticale (cf. chapitre 1) est déjà éteinte ce qui lève une difficulté et pas des moindres.

Par contre, ces deux exemples montrent bien qu’il n’y a pas de protocole unique mais que chaque plan d’action doit être parfaitement adapté à chaque situation et que le succès doit être suivi par un certain nombre de critères stricts, documentés et datés.

En élevage stabilisé, quels sont les critères de choix du programme de choix sur le long terme,
- la situation de l'élevage?
- le statut de l'engraissement?
- le suivi analytique du statut de la ferme?
Vous pouvez faire part de votre expérience sur le forum de discussion
Le prochain chapitre vous apportera des éléments sur cette question
Auteurs :

Philippe LE COZ, Françoise DAVID, Patrick PUPIN, Nathalie PEREZ et Guillaume FRIOCOURT, Selvet-Conseil, 22 - Loudéac
Florian VOISIN, Valérie NORMAND et Arnaud LEBRET, Cabinet Consultant en Elevage Porcin, 56 - Pontivy

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