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Si nous vivons seulement pour les analyses, nous pouvons mourir par les analyses!

La science est merveilleuse. Elle nous procure une perception particulière du monde et des outils qui peuvent faire progresser nos connaissances. Mais nous devons faire attention de ne pa...
21 Juin 2004
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La science est merveilleuse. Elle nous procure une perception particulière du monde et des outils qui peuvent faire progresser nos connaissances. Mais nous devons faire attention de ne pas nous laisser enfermer ainsi dans la science et ses technologies pour ne vivre (et mourir) comme s'il n'existait aucune autre chose. Nous-mêmes en tant que scientifiques, nous nous consacrons si intensément à la science que nous passons à côté d'informations évidentes (bien que technologiquement moins sophistiquées) dont nous pouvons disposer. Des résultats d'analyses contredisant ce qui est observé cliniquement peuvent ainsi être de fait erronés. Nous ne devons pas baser exclusivement nos décisions sur le résultat d'une seule analyse.

Les tests PCR (Polymerase Chain Reaction = réaction en chaîne de la polymérase) sont un bon exemple de technologie sophistiquée qui peut être trompeuse. Les vétérinaires et les laboratoires de diagnostic accordent une grande valeur aux résultats positifs en PCR pour Mycoplasma ou pour le virus SDRP mais ces analyses ne sont pas infaillibles; avoir confiance en une seule analyse peut avoir des conséquences désastreuses.


Prenons l'exemple d'un centre d'insémination de 250 verrats reconnu comme SDRP négatif. Pour protéger ses clients de toute transmission du virus SDRP, il faisait des contrôles de routine des verrats sur le sérum et la semence. Les soucis commencèrent quand, un jour, 5 verrats arrêtèrent de manger. Les employés constatèrent que le système de ventilation avait été modifié et qu'il y avait eu des variations irrégulières de la température ambiante; 2% de l'effectif se trouva ainsi touché à un moment donné. Des prises de sang furent effectuées sur les 5 verrats sans appétit et sur 35 autres situés près d'eux.

Un des verrats mourut en fin de semaine et un vétérinaire fut appelé; il fit l'examen post-mortem et de nombreux prélèvements de tissus pour analyse SDRP par PCR Les résultats furent que le sérum du verrat mort était positif en ELISA bien que négatif en immunofluorescence et les prélèvements de tissus étaient SDRP positifs en PCR.

La panique s'empara du personnel et des propriétaires du centre. Il s'agissait pourtant pour une très grande part de sérologies SDRP négatives et chacun connaissait la possibilité de trouver des faux positifs avec les tests ELISA mais les résultats de la PCR furent ressentis comme une sentence de mort pour l'entreprise. Les propriétaires se préparèrent à appeler les clients et à leur communiquer la mauvaise nouvelle.

Les symptômes cliniques n'empirèrent pas. Les 4 autres verrats recommencèrent à manger. Le système de ventilation fonctionnait à nouveau et les choses paraissaient rentrer dans l'ordre. De plus les autres prélèvements de sang donnèrent des résultats négatifs en PCR et en ELISA vis-à-vis du SDRP. La semence recueillie était toujours PCR négative. Seul le verrat mort avait-il été infecté par le virus SDRP ?

On demanda alors au laboratoire de refaire l'analyse PCR et on put faire alors une découverte essentielle: le vétérinaire qui avait envoyé les prélèvements avait mis les tissus du verrat dans le même récipient de transport que les tissus de 2 prélèvements réalisés dans un élevage d'engraissement SDRP positif. Par malheur, dans le récipient de transport, il n'y avait que la feuille de commémoratifs correspondant au verrat et donc le laboratoire n'eut pas connaissance de l'envoi venant de la ferme d'engraissement. Ainsi, dans un premier temps, le laboratoire avait réuni les 3 sortes de tissus et avait donc attribué les résultats PCR positifs à l'unique élevage pour lequel il y avait une feuille de commémoratifs ! En fait, il est évident que l'élevage d'engraissement connaissait une épidémie de SDRP mais pas le centre d'insémination.

Il n'y a pas de doute qu'il s'agit là d'un cas extrême.
Il y a d'autres raisons pour lesquelles les résultats de la PCR peuvent ne pas refléter la réalité de l'élevage. Il y a une possibilité de contamination croisée au moment de la récolte, de l'acheminement ou des analyses elles-mêmes.

De toutes façons, cette réalité nous rappelle que la science et la technologie, aussi merveilleuses qu'elles sont, ne sont pas plus que des outils et nous ne devons pas avoir confiance en elles en tant qu'élément définitif et infaillible pour la prise de décision finale.

Jer Geiger - PIC USA (Etats-Unis)

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