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Souches à pathogénicité atypique du virus du SDRP. Un problème récent ?

Les souches à haute virulence du virus du SDRP génèrent des symptômes cliniques plus prononcés, une mortalité plus élevée, une charge virale et une dissémination plus élevées dans les tissus corporels, ainsi qu'une réponse inflammatoire plus élevée.

Figure 1 : Arbre phylogénétique avec l'historique des séquences ORF5 détectées dans une région sur une période de 4 ans.

Figure 1 : Arbre phylogénétique avec l'historique des séquences ORF5 détectées dans une région sur une période de 4 ans.

Le virus du syndrome dygénésique et respiratoire porcin (SDRP) est caractérisé par une forte variabilité génétique et antigénique dans la fonction d'isolement du virus, provoquant un impact économique variable en fonction de la maladie qui sera générée dans l'élevage. Selon une étude de Nathues et al. (2017) le coût d'un foyer de SDRP dans un élevage naisseur-engraisseur peut aller de 101 € à 650 € par truie et par an.

SDRP à pathogénicité atypique

Depuis longtemps, les épidémies à haute virulence ont été attribuées à des virus du SDRP à pathogénicité atypique. En général, le génotype le plus fréquent dans les pays européens est le 1. Le génotype 1 est associé à des épidémies moins virulentes, principalement parce qu'il génère moins de symptômes systémiques et respiratoires que le génotype 2, qui se trouve principalement en Amérique et en Asie. En 2001, une souche très virulente appelée MN184 a été détectée dans l'État du Minnesota. Cette souche a été par la suite apparentée à des souches canadiennes selon une étude de Shi et al. (2010). En 2006, une souche très virulente a été détectée en Chine qui s'est propagée à des dizaines de provinces en quelques mois. Les épidémies qu'elle a provoquées dans les élevages ont causé des taux d'avortement de plus de 40 % dans certains cas. Sur le continent européen, en 2007, la souche Lena (génotype 1 et sous-type 3) a été isolée dans un élevage biélorusse qui présentait des problèmes de reproduction et une mortalité élevée, parfois supérieure à 70 % chez les animaux en engraissement. En Italie, en 2014, une souche a été détectée dans un post-sevrage de porcelets, typée comme hautement pathogène avec le numéro PR40 et caractérisée par une mortalité élevée (jusqu'à 50 %).

Origine de ces souches

Les mécanismes à l'origine de ces souches de virus SDRP ne sont pas exactement connus. Il existe plusieurs hypothèses, l'une des causes possibles de l'apparition de ces virus serait les variations génétiques qui se produisent dans le génome viral initial. Dans des études scientifiques telles que la souche chinoise de 2006, des délétions ont été détectées dans la région Nsp2 qui ont même été utilisées comme marqueur pour distinguer cette souche hautement pathogène. Dans la souche Lena, on a détecté une protéine N plus petite et une protéine GP4 plus grande.

Mécanisme d'action des souches à haute virulence

Concernant l'action pathogène de ces souches, Cho et al. (2007) ont vérifié que lors de l'inoculation d'une souche de virus SDRP de génotype 2 à virulence élevée (MN-184), les charges virales des porcs infectés étaient significativement plus élevées dans les amygdales et les sérums par rapport à une souche à faible virulence. Dans d'autres études de Frydas et al. (2013, 2015, 2018), les aérosols sont restés en présence de virus détectable pendant une période plus longue.

Caractéristiques des souches à haute virulence par rapport aux autres :

  • Elles infligent plus de dégâts, plus rapidement
  • Elles attaquent les poumons et d'autres tissus du système lymphatique comme le thymus ou la moelle osseuse
  • Elles provoquent de la fièvre (> 41°C) sur une plus longue durée, une diminution du gain moyen quotidien, une mortalité plus élevée et une virémie plus élevée
  • Plus grande atrophie du thymus

Dans certaines études avec des souches à haute virulence, on a détecté des niveaux élevés de IL-10 dans les phases initiales de l'infection qui pourraient augmenter la survie du virus et retarder l'induction d'une immunité protectrice et les niveaux bas de IL-4 pourraient rendre difficile la réponse immunitaire des animaux. Carnelli et al. (2017) ont comparé une souche italienne à haute virulence (PR-40) avec une autre souche considérée comme faiblement virulente, observant que la réponse en anticorps neutralisants était également plus faible. Gimeno et al. (2011) ont établi une relation entre l'induction du TNF-α des souches de SDRP et leur degré de virulence.

Les souches à haute virulence du virus du SDRP génèrent des symptômes cliniques plus prononcés chez les porcs, une mortalité plus élevée, une charge virale et une dissémination plus élevées dans les tissus corporels, une réponse inflammatoire plus importante et, dans certains cas, la réponse immunitaire que l'animal développe est moins efficace.

Implications épidémiologiques

Au niveau du contrôle régional du SDRP, la présence de certaines souches hautement pathogènes qui génèrent des charges virales plus élevées et une plus grande excrétion peut rendre le confinement difficile et augmenter le risque de dissémination vers d'autres élevages. L'intensification de toutes les mesures de biosécurité externe et l'assurance d'un statut immunitaire optimal des porcs présents dans les élevages d'une région sont des outils utiles pour éviter une diffusion rapide et éviter les pertes économiques intenses qu'elle génère.

L'augmentation de la « mondialisation » des mouvements d'animaux dans des pays comme l'Espagne, en ce qui concerne l'importation de porcelets, de reproducteurs de remplacement et de porcs destinés à l'abattage, signifie que la probabilité d'entrée de souches autres que les souches habituelles dans une région est plus grande , et peut impliquer un plus grand défi pour le système immunitaire. Le partage de l'information sur les foyers et les séquences d'une région permet d'établir la présence éventuelle de souches à haute virulence et d'essayer de réduire leur propagation. Par exemple, la figure 1 correspond à un arbre phylogénétique avec l'historique des séquences d'ORF5 détectées dans une région sur une période de 4 ans et la localisation dans l'arbre phylogénétique des séquences d'une souche de pathogénicité atypique largement disséminée dans cette même région dans un court laps de temps. Ainsi, la séquence ORF5 de la souche présente dans un élevage avec un foyer clinique peut nous aider à prédire s'il s'agit d'un virus SDRP à pathogénicité atypique.

La complexité du contrôle de la maladie causée par le virus du SDRP augmente lorsque nous rencontrons des situations où les effets sont causés par une souche à haute virulence. Améliorer et maintenir un haut niveau de biosécurité et un niveau immunitaire optimal sont des mesures qui nous aideront à atténuer les effets de ce type de souche.

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