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Systèmes de logement des truies gestantes en groupe (II)

La nouvelle réglementation européenne prévoit l'obligation de loger les truies en groupe entre la 5e et la 14e semaine de gestation. Toutefois, cette législation envisage diverses possibilités, à sélectionner selon différents facteurs.

Introduction

Figura 1. Les truies gestantes logées en groupe disposent de plus d'espace et peuvent exprimer les comportements normaux de l'espèce comme les comportements sociaux.

La nouvelle réglementation européenne prévoit l'obligation de loger les truies en groupe entre la 5e et la 14e semaine de gestation. Toutefois, cette législation envisage diverses possibilités, à sélectionner selon différents facteurs. Dans le cas d'exploitations à construire, le facteur déterminant sera le système d'alimentation que l'on souhaite installer, ce qui se répercutera sur la conception de l'enclos. Mais s'il s'agit de transformer une exploitation existante, le principal facteur sera, sans nul doute, les installations en place, et bien sûr, le budget dont on dispose. Par conséquent, chaque situation requiert une solution différente et il est important de réaliser que le personnel et la manipulation sont des facteurs déterminants.

A) Alimentation au sol (manuelle ou automatique)

Les animaux sont alimentés simultanément en répandant de façon manuelle ou automatique (dump feeding, spin feeding) la nourriture sur le sol de l'enclos. La concurrence pour la nourriture est relativement élevée et la supervision est difficile. Les jeunes truies, qui sont moins dominantes et ont une ingestion plus lente, peuvent ne pas obtenir leur ration complète et terminer la gestation en mauvaise condition corporelle. Les systèmes automatiques permettent une distribution plus vaste et uniforme de la nourriture, ce qui minimise les agressions et favorise une ingestion plus égale, ce qu'il est difficile d'obtenir avec un système manuel. Ce dernier provoque également plus de nervosité lors de la répartition, mais a l'avantage de permettre une inspection quotidienne des animaux. Un inconvénient majeur est l'impossibilité de distribuer des rations individuelles.

B) Nourisseur

Ce système très développé, de par son coût faible et sa manipulation aisée, suppose une alimentation ad libitum, ce qui empêche d'individualiser et de contrôler les rations. En outre, l'accès simultané à la nourriture est impossible. Étant donné qu'il n'y a pas de restriction d'aliments, la concurrence est réduite en comparaison avec le système précédent, mais on fait face à de graves problèmes de surpoids, particulièrement chez les truies dominantes, et à des coûts de maintenance élevés.

C) Réfectoires (manuels ou à bascule)

Le principe consiste à disposer des boxes à l'intérieur de l'enclos où les animaux sont enfermés lors du repas. Ces boxes peuvent être manœuvrés manuellement ou peuvent être à bascule. En d'autres termes, ils se ferment lorsque l'animal entre et s'ouvrent quand il sort, de façon à ce que les autres animaux ne puissent interférer. Les animaux qui en ont besoin peuvent recevoir un supplément alimentaire manuellement. C'est la seule façon d'arriver à nourrir chaque animal avec la ration qui lui correspond et sans agressions. En outre, le moment du repas est idéal pour inspecter et manipuler les animaux. Pour optimiser l'espace, les boxes peuvent jouer un double emploi, c'est-à-dire que l'animal y accède toute la journée et l'utilise pour se reposer. Il faut cependant noter que cela limite l'aspect libre réel, ce qui peut aboutir à une augmentation des agressions notamment lors du groupement d'animaux. Le principal inconvénient de ce système est son coût. Les boxes à bascule supposent en effet des systèmes mobiles, qui sont certes résistants, mais représentent un coût élevé.

D) Systèmes à distribution lente (Biofix)

Les animaux sont alimentés simultanément par un système de distribution lente de la nourriture qui leur permet de rester relativement calme dans leur station d'alimentation. Elles sont pourvues de séparations latérales jusqu'à hauteur d'épaule. La vitesse de distribution se règle sur la vitesse d'ingestion. Les déplacements et les agressions sont réduits pendant les repas. Tout ceci contribue à assurer une alimentation plus uniforme des truies. La vitesse de distribution la plus efficiente est de 80 à 120 g/mn. Il est facile pour les animaux de s'adapter à ce système et le moment du repas est idéal pour inspecter les animaux. Toutefois, la distribution d'aliments dure environ de 15 à 20 minutes, ce qui implique dans les grandes exploitations de différer la distribution dans les différentes salles ou de disposer de plus de personnel pour l'inspection. Avec les séparations latérales relativement courtes, l'espace est accru et les places pour s'alimenter peuvent également servir à se reposer. Même si ce système ne permet de distribuer des rations individuelles, il permet toutefois de les contrôler pour chaque groupe.

E) Système d'alimentation électronique (Túnel, Fitmix)

La station de distribution identifie l'animal au moyen d'une puce située normalement sur l'oreille de l'animal. Une ration préprogrammée lui est ainsi distribuée, ce qui permet d'individualiser les rations. L'inconvénient majeur est l'impossibilité d'alimenter simultanément tous les animaux, ce qui accroît la concurrence pour accéder aux aliments et augmente le nombre d'agressions et les morsures de queues (qui se produisent lorsque les animaux font la queue pour aller manger). Il peut s'avérer utile d'offrir des aliments de faible densité et de favoriser la formation de sous-groupes. Un autre inconvénient majeur est le coût initial et celui de maintenance.

Espace total:
45 m2
Largeur 3,75 m
Longueur 12 m
Espace nourriture (m2) Espace social (m2)
45,0 45,0
4,5 40,5
26,4 18,6
26,4 37,8
6,2 38,8
Figure 2. Schéma des différents systèmes de logements en groupes des truies gestantes. Les zones rayées indiquent des zones utiles pour l'exercice et le contact social. Les zones en jaune sont les zones occupées pendant l'alimentation.

Commentaires de l'ISPAIA

A ces modes d'alimentation, il convient bien entendu de rajouter l'alimentation soupe, très répandue en France, et par contre peu développée en Espagne. Pour les petites cases de moins de 10 truies, il convient de séparer les truies par l'usage de bat-flancs. Selon une enquête de l'ITP auprès de 310 élevages conduisant les truies en groupe (Courbourlay, 2003) c'est l'alimentation à l'auge et en réfectoire qui dominent (29,4 % des élevages chacun), suivis par le DAC avec 16,2 % des élevages. Notons toutefois, que depuis son lancement dans les années 85, ce système a été revu.

Si vous êtes concernés par un projet de mise en groupe (notamment du fait de l'interdiction d'avoir des truies à l'attache au-delà du 1er janvier 2006), sachez que les EDE Bretagne ont édité en 2003 des plaquettes reprenant les différents systèmes possibles. Quel que soit le système choisi, l'objectif est, vous l'aurez compris, de viser une homogénéité de troupeau tout en limitant les bagarres. Les lésions induites sont d'ailleurs assez caractéristiques du système choisi. A l'avant de l'animal pour les systèmes auge et au sol et à l'arrière pour le DAC. Sur caillebotis, il faudra aussi penser qu'on sera confronté à une température ambiante inférieure l'hiver (moins d'animaux pour une même surface par rapport au système actuel). Si on ne chauffe pas, il y aura alors des problèmes d'humidité de sol à gérer. Mais il faudra aussi penser à majorer les rations sous peine d'accroître la compétition entre les animaux

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