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Cas clinique: Cas de M.A.P.

30 Octobre 2003
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Description de l'élevage et apparition du cas


Description de l'élevage

Il s'agit d'un élevage naisseur-engraisseur de 400 truies.

L'état sanitaire au moment de l'apparition du cas était :


Maladie
Statut
Pneumonie enzootique
+
Gale
+
Haemophilus parasuis
+
Maladie d'Aujeszky
-
SDRP
+
Rhinite atrophique
-
Brachyspira hyodysenteriae
-

Les données sur les paramètres techniques étaient les suivantes au moment de l'apparition du cas :

Retours en chaleurs 10,6 % Sevrés par portée 9,2
Fertilité 78 % Mortalité en lactation 6,8 %
Nés vivants par portée 9,8 Mortalité au post-sevrage 2,4 %
Morts-nés 8,8 % Mortalité en engraissement 9,7 %
Momifiés 1,8 %

Une visite sanitaire complète est régulièrement faite, tous les mois.

Apparition du cas :

Le responsable de l'élevage nous appelle un jour en nous disant que les pertes ont globalement augmenté dans l'élevage, au post-sevrage et en engraissement (passant de 2,4% à 4,6% au sevrage et de 9,7% à 15,7% en engraissement).

Les animaux s'amaigrissent, présentent des difficultés respiratoires (dyspnée), "perdent leur couleur" (anémie) et finissent par mourir.
De plus, un élevage d'engraissement situé à proximité présente les mêmes symptômes.

En autopsiant 3 animaux morts, il a observé : des ganglions mésentériques infectieux, de l'oedème pulmonaire, un oedème mésentérique, un hydrothorax, différents degrés d'entérite à plusieurs niveaux de l'intestin et des néphrites .


Première visite

Malgré toute la confiance que l'on a envers celui qui transmet des données, il s'avère que celles-ci sont parfois erronées, souvent incomplètes ; il est donc conseillé de vérifier soi-même la véracité des faits. Il est de toutes façons très difficile, parfois dangereux de faire un diagnostic téléphonique et rien ne remplace la visite de l'élevage.

Au cours de la visite, on constate que, cliniquement, les animaux les plus touchés se trouvent en post-sevrage.

Les porcelets présentent une légère fièvre qui oscille entre 39,5 et 40,5°C. Les animaux ont un aspect émacié, leur consommation journalière d'aliment a baissé et les plus touchés présentent des difficultés respiratoires et une altération progressive de leur état général.

En revanche, on ne constate aucun symptôme permettant de suspecter un processus infectieux généralisé que ce soit chez les truies gestantes, les truies allaitantes ou les porcelets en maternité.


A l'autopsie, on observe un abondant liquide inflammatoire dans la cavité abdominale, le thorax et le péricarde ainsi que la présence importante de fibrine. Les ganglions inguinaux et mésentériques sont légèrement hypertrophiés et hémorragiques, les poumons présentent certaines zones indurées (pneumonie), le contenu intestinal est rare.

En faisant l'autopsie d'un porcelet sacrifié en post-sevrage, on observe un abondant oedème du colon et une légère ascite.


Mesures prises, évolution du cas et seconde visite

Mesures prises

Il nous semble que les lésions observées chez un des animaux puissent correspondre à des lésions chroniques de maladie de Glässer (voir statut sanitaire présenté au début du cas) alors que sur un autre les lésions indiquent un processus intestinal type colibacillose.

Cependant, étant donné que la symptomatologie et les lésions décrites au cours de l'appel téléphonique initial pouvaient évoquer un tableau de M.A.P., nous avons pris des échantillons de rate, ganglions inguinaux et mésentériques, poumons et reins.

Il a été décidé de supplémenter l'eau de boisson avec 200 ppm d'amoxiciline et 300 ppm d'aspirine et d'injecter les porcelets sevrés avec de la vitamine E. Les animaux les plus touchés sont traités individuellement.

Evolution du cas


Le traitement individuel des porcs les plus touchés a donné de mauvais résultats. Cependant les pertes en post-sevrage et en engraissement se normalisent.

Sur les échantillons envoyés au laboratoire, on a pu détecter des lésions dues au Circovirus de type 2 dans les tissus affectés (ganglions).

Seconde visite

Deux mois après la première visite, les pertes augmentent à nouveau en post-sevrage alors qu'elles restent inchangées en engraissement.

Les porcelets au sevrage présentent de la diarrhée.
A l'autopsie, les porcelets malades au cours de cette période d'élevage ont tous des lésions intestinales typiques de Escherichia coli. Le problème vient en partie de la maternité puisque les diarrhées provoquent un retard de croissance considérable qui, avec l'effet négatif de la précocité du sevrage, peut altérer l'adaptation du porcelet à son nouvel environnement.

Ce processus se complique à la fin de la phase de transition avec ce qui ressemble à une poussée de maladie de Glässer qui entraînera chez quelques porcelets des lésions responsables de leur mort. C'est sur ces porcelets que sont apparues les lésions les plus typiques de la M.A.P..

Evolution et stratégie thérapeutique

Evolution

Il est clair que les mesures prises n'ont pas donné de résultats et que malgré l'application de plusieurs antibiotiques et de différentes règles de conduites d'élevage, tant en maternité qu'en post-sevrage, rien ne semblait marcher.

L'histoire continua ainsi pendant plusieurs mois supplémentaires avec différents essais et aucun résultat. De plus les taux de pertes ne cessaient d'empirer jusqu'à atteindre le niveau de 17 % ! Nous nous trouvions donc bien devant le syndrome du dépérissement du porcelet, la M.A.P..

Les autopsies paraissaient être des photocopies les unes des autres : oedème pulmonaire, hydrothorax, hydropéricarde, ascite, adénites mésentériques et inguinales, hépatomégalie et parfois lésions des reins (néphrites).

Stratégie thérapeutique et résultats :

Devant l'inquiétude suscitée par l'essai de nouvelles choses, nous décidâmes de commencer la sérothérapie 9 mois après avoir constaté la première augmentation de la mortalité. On réalisa l'opération sur deux groupes de porcelets, les uns à la première semaine de vie, les autres à l'âge de 4 semaines. Le sang était prélevé sur un porc ayant survécu au processus, puis le sérum était séparé et ensuite injecté aux porcelets par voie intra-péritonéale.

Les résultats de la sérothérapie furent satisfaisants : sur les 120 animaux ainsi traités, on ne compta que 2 morts dont 1 était imputable à une bagarre. Lors de la visite, on put constater que, alors qu'en maternité les ganglions inguinaux étaient hypertrophiés, surtout la deuxième semaine, les animaux traités par sérothérapie qui étaient sur le point d'être sevrés avaient des ganglions de taille inférieure.

Etant donné les résultats constatés, on décida d'appliquer la sérothérapie à tous les porcelets en maternité.

Trois mois après avoir commencé cette utilisation de sérum, le taux de mortalité sont revenu à leur valeur initiale normale;

De quoi s'agissait-il en fait ?

C'est la bonne question !

Nous savons, maintenant que la sérothérapie a bien marché, que, en plus de la colibacillose des porcelets et de la Maladie de Glässer vraisemblablement présente de façon chronique, il s'agissait de M.A.P..


Commentaires :

Nous avions abordé ce cas, lors de l'appel de l'éleveur, en nous disant que nous pouvions le résoudre par téléphone. Il est essentiel d'insister sur le fait qu'outre l'aspect déontologiquement inacceptable de faire des diagnostics téléphoniques, nous aurions fait un mauvais choix et des erreurs de diagnostic.

En faisant la première visite, nous observâmes que tout semblait indiquer que nous nous trouvions devant une "poussée" de maladie de Glässer due à H. parasuis. Ce type de tableau clinique n'était pas nouveau dans l'élevage et il y avait déjà eu un épisode semblable ayant occasionné un taux similaire de pertes.

Il y avait une série de facteurs pouvant avoir favorisé l'apparition de cette poussée:
  • Productivité importante et sur-densité
  • Humidité ambiante élevée durant les derniers mois
  • Conditions hivernales
  • Age de sevrage réduit pour répondre au besoin des salles de mise-bas.
Le simple fait de constater une certaine normalisation des pertes après avoir fait la visite nous fit croire que nous avions résolu le problème ou que nous étions en voie de le résoudre.

Lors de la seconde visite, alors que les pertes augmentaient, on proposa les mesures suivantes pour normaliser la situation:

Maternité :

  • Restreindre le nombre de transferts; les réduire à l'intérieur d'une même salle. Pas de "marche en arrière"
  • Améliorer l'hygiène du porcelet
  • Changer les aiguilles de seringues entre chaque portée
  • Injecter des céphalosporines aux porcelets à 1 jour, au 7ème jour et au sevrage
  • Avec ce traitement, supprimer l'injection de pénicilline habituellement pratiquée le 1er jour.
  • Vérifier la qualité de l'eau de boisson


  • Post-sevrage

  • Supplémenter l'eau de boisson avec de la colistine
  • Supplémenter l'aliment starter avec 300 ppm d'amoxicilline pour prévenir l'apparition des poussées de maladie de Glässer
  • Essayer chez les animaux touchés des produits du type danofloxacine ou marbofloxacine...etc pour voir si la réponse est meilleure que celle obtenue actuellement
  • Nettoyer et désinfecter les salles de P.S. une à deux fois par jour.

    Truies


  • Maintenir le taux de renouvellement le plus bas possible
  • Essayer d'augmenter la durée de lactation et d'adapter l'effectif pour qu'il y ait au moins 21 jours de lactation.

    Malgré toutes les mesures prises, les pertes continuèrent et restèrent élevées. Ce sont les différentes autopsies réalisées qui nous permirent de conclure que nous nous trouvions devant un cas de syndrome du dépérissement du porcelet (M.A.P.)

    Alors qu'aucun antibiotique ne donnait de résultat, nous avons pensé que la sérothérapie devait être tentée et pouvait marcher.

    Aujourd'hui, seule la sérothérapie a donné des résultats tangibles.
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