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Cas clinique: Comparaison de 4 cas de colibacillose

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NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents.

25 Janvier 2011
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Description générale


NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.

Présentation générale des élevages

Il s'agit de 4 élevages bretons

Naisseur Engraisseur de 226 truies, 7 bandes, 28-30 truies par bandes, sevrage à 21 jours, génétique Piétrain Gene + et truies Naïma. Un seul site mais un engraisseur extérieur qui reçoit les porcelets à la sortie de nurserie.

Naisseur Engraisseur de 450 truies, 10 bandes, 45 truies par bande, sevrage à 21 jours, génétiques et truies Naïma. 3 sites d’élevage : un site naissage et nurserie, un site nurserie et post-sevrage et un site post-sevrage et engraissement. Plusieurs engraisseurs extérieurs à partir de 25kg

Naisseur Engraisseur de 120 truies, 7 bandes, 14 truies par bande, sevrage à 28 jours, génétique Piétrain PIC ou Chronos et truies Large White et Landrace. Un seul site et un engraisseur extérieur à partir de 25kg.

Naisseur Engraisseur de150 truies, 5 bandes, 26 à 27 truies, sevrage à 21 jours, génétique Piétrain Nucléus et truies Naïma. Un seul site

Statut sanitaire

SDRP
Rhinite
Mycoplasme
Elevage 1 Positif truies et charcutiers Eternuements en post-sevrage et lésions abattoir Positif truies et charcutiers
Elevage 2 Négatif sur le site truies et positif sur charcutiers Peu d’éternuements en post-sevrage et peu de lésions abattoir Positif charcutiers (non recherché sur les truies)
Elevage 3 Inconnu. Pas de pathologie associée Peu d’éternuements en post-sevrage et absence de contrôle abattoir Pas de pathologie associée
Elevage 4 Négatif Ni symptôme ni lésion abattoir Négatif au moment des faits

Prophylaxie

Elevage
Parvo/Rouget
Colibacilles
Clostridium
SDRP
Rhinite
Mycoplasme
1
Oui
Oui
Non
Non
Non
Oui
2
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
3
Oui
Oui
Non
Non
Non
Oui
4
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non



Appels des éleveurs


NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.

Dans les 4 élevages il s'agissait de pertes brutales en nurserie ou post-sevrage

Elevage 1

1102-1_26879.gif

Absence chez l’engraisseur recevant les porcelets à 45 jours

Elevage 2

1102-2_26880.gif

Elevage 3

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Elevage 4

1102-4_26882.gif



Descriptifs des élevages


NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.

Voici le descriptif des bâtiments et les supplémentations apportées

Elevage 1

- 2 salles de 150 places avec 6 cases par salle
- Caillebotis béton sur toute surface, y compris couloir
- 2 abreuvoirs et un nourrisseur par case
- Température salle ok

Supplémentations 1er âge :
Colistine + Chlortétracycline + Flubendazole
Apramycine + Chlortétracycline + Flubendazole sur les derniers lots
(Tylan dans l’aliment 2ème âge)

1102-5_26883.jpg 1102-6_26883.jpg


Elevage 2

• Sur le site naissage :
- 2 salles de 4 cases avec une auge ronde pour l’eau et l’aliment, caillebotis béton
- 2 salles de 40 porcelets avec un abreuvoir et des nourrisseurs

• Sur le site post-sevrage :
1 salle de 20 cases, nourrisseur et abreuvoir, caillebotis plastique


Supplémentations 1er âge :
Lincocine, Flubendazole

1102-8_26885.jpg 1102-9_26886.jpg



Elevage 3

- 2 salles de 4 cases
- 1 nourrisseur et abreuvoir par case
- Caillebotis béton

Supplémentations 1er âge :
Flubendazole + Chlortétracycline + Apramycine
(Tylan dans l’aliment 2ème âge)

Elevage 4

- 2 salles de 6 cases
- 1 nourrisseur et abreuvoir par case
- Caillebotis plastiques

Supplémentations 1er âge :
Amoxicilline + Colistine + Flubendazole



Modalités d'apparition de la mortalité



NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.


Elevage 1

1102-7_26887.jpgLes symptômes sont apparus à la fin de l’année 2009 uniquement sur l’élevage, les symptômes n’existant pas chez le post-sevreur engraisseur. Il n’y a pas ou peu de traces de diarrhée. La mortalité est brutale ou suite à des symptômes « nerveux », le porcelet titube, et le traitement n’est pas toujours efficace.
Eau : le débit des abreuvoirs est bon.
Aliment : Distribution manuelle de l’aliment avec une observation de la consommation pour que les nourrisseurs se vident tous les jours sans pour autant rationner les porcelets. L’éleveur observe une augmentation de la consommation les quelques jours avant la mortalité.
Ventilation : elle a été améliorée depuis fin 2009.
Il y a une surcharge en nurserie mais qui n’a pas de conséquence chez l’engraisseur qui reçoit les porcelets à la sortie de nurserie.


Elevage 2

Apparition de la mortalité brutale surtout depuis septembre 2010. Depuis le printemps 2010, il y a eu une dégradation de la qualité digestive en nurserie avec l’apparition de diarrhée. La mortalité est apparue en septembre. Elle survient entre 1 et 4 jours après le sevrage et est accompagnée de diarrhée très liquide et de couleur jaune.
Eau et aliment : aucun changement avec des débits d’eau normaux et un bon accès à l’aliment. Les symptômes sont apparus au même moment sur les différents sites.
Ventilation et confort : salles préchauffées avant sevrage sur les 2 sites. Les symptômes existent quelques soient les salles (sur les 2 sites et autant dans les grandes salles que dans les petites).



Elevage 3

1102-10_26888.jpgApparition en fin d’année 2009 avec de la mortalité brutale et une qualité digestive moyenne : il n’y a pas de diarrhée importante mais des déjections « molles ».
Eau : débit OK
Aliment : nourrisseur à volonté
Ventilation non approfondie

Elevage 4

Les pertes en post-sevrage sont peu nombreuses mais toujours au même moment et avec des symptômes similaires : mortalité brutale, absence de diarrhée, le porcelet présente des yeux gonflés. La sensibilité est chronique depuis un certain temps
Eau avec un bon débit
Aliment à volonté au nourrisseur
Ventilation et confort : RAS sauf des fosses peu profondes et distance lisier-caillebotis souvent inférieure à 40cm.



Analyses de laboratoire


NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.

Analyses bactériologiques sur les animaux et antibiogrammes

Des analyses ont été réalisées à partir d'animaux prélevés dans les 4 élevages

Elevage 1
Elevage 2
Elevage 3
Elevage 4
CMI critiques
Date
05/10
09/10
07/09
06/08
(mg/litre)
Bactérie isolée
E. coli K88 (F4)
E coli K88
E. coli O141 K85
E coli hémolytiques O141 K85
Apramycine
S (4)
R (128)
S (8)
S (8)
16-32
Gentamycine
S (0,13)
S (4)
S (0,13)
S (0,5)
4-8
Néomycine
S (2)
S (2)
S (0,5)
S (1)

8-16

Spectinomycine
R (>64)
R (>64)
S (< ou = 64)
S (< ou = 64)
64
Amoxicilline
S (2)
R (64)
S(2)
R (64)
4-16
Colistine
S (<2)
R (?2)
S (<2)
S (<2)
2
Acide Oxolinique
S (0,25)
S (2)
S (1)
S (0,25)
2-4
Fluméquine
S (1)
I (4)
S (2)
S (4)
4-8
Marbofloxacine
S (0,01)
S (0,5)
S (0,03)
S (0,06)
1-2
TMP Sulfa
R (16)
R (16)
R (16)
R (16)
2-8
Oxytetracycline
R (512)
R (512)
R (512)
R (512)
4-8

S = sensible ; I = intermédiaire ; R = Résistant
( ) = CMI calculées (mg/litre)

Dans les 2 premiers élevages, la pathologie est liée à un colibacille K88. Cette maladie est appelée colitoxicose ou gastro-entérite hémorragique. C’est un accident digestif en relation avec une modification brutale de l’écosystème intestinal. Les facteurs de risque liés à cette modification sont à explorer 24 à 36 h avant les symptômes. Le germe, lorsque les conditions sont favorables, se multiplie très rapidement et produit des entérotoxines responsables de coagulation intravasculaire disséminée et entrainant un accident vasculaire dans la paroi intestinale : la paroi a un aspect rouge, la vascularisation est visible et le contenu est liquide et rosé.
Dans ces 2 élevages, les germes présentent des profils différents : celui de l’élevage 2 résistants à plus d’antibiotique que celui de l’élevage 1.

1102-12_26889.jpg
1102-14_26890.jpg
Colitoxicose
Ganglion mésentérique

Dans les 2 derniers élevages, la pathologie est liée à un colibacille 0141K85. Ce germe est souvent lié à une pathologie appelée « maladie de l’œdème ». Il s’agit encore d’un accident vasculaire mais la multiplication est plus lente que dans le cas de la colitoxicose. La toxine produite par ce germe est plus puissante que pour les 2 premiers élevages. Elle entraine des dommages vasculaires, des œdèmes et des foyers de dégénérescence dans le tronc cérébral. Dans le cas de cette maladie, les facteurs de risque sont à rechercher dans les 5 à 7 jours précédents la mortalité. Là encore, l’antibiogramme dans les 2 élevages est différent.

Analyses d’eau

Elevage 1
Elevage 2
Elevage 3
pH
7,4
6,6
6,5
Nitrates
101 mg/litre
74 mg/litre
Fer
0,03 mg/litre
0,07 mg/litre
Coliformes totaux
0
0
>150 /100ml
E. coli à 44°C
0
0
>150 /100ml
Entérocoques intestinaux
0
0
>150 /100ml

Le pH de l’eau de l’élevage 1 est neutre ce qui est un facteur de risque en post-sevrage, un pH acide de l’eau étant meilleur pour la stabilité digestive du porcelet.
Pour l’élevage 3, la qualité bactériologique de l’eau est forcément à mettre en cause.


Recherche d’évènements particuliers


NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.

Nous avons fait la recherche d’évènements survenant 24h-36h avant la mortalité et pouvant modifier l’écosystème intestinal.

Elevage 1

Essai de l’acidification dans l’aliment sans résultat
Le traitement colistine à l’entrée en post-sevrage après la transition alimentaire n’évite pas la mortalité.
Changement d’antibiotique dans l’aliment 1er âge (remplacement de la colistine par l’apramycine) n’a pas amélioré la situation.
Observation du comportement des porcelets : l’abreuvoir se situe dans la zone de confort des porcelets. Lors du repos, l’abreuvoir n’est plus accessible. Lorsque les porcelets sont stimulés et qu’ils se lèvent il y a un attroupement autour de l’abreuvoir.

==> 24 à 36 h avant, la consommation d’aliment augmente

Elevage 2

Amélioration dernièrement du poids de sevrage et de l’homogénéité des lots (amélioration de la qualité de lactation) avec une aggravation des symptômes.
Il y a eu un changement de l’origine de l’eau sur les 2 dernières bandes (passage sur l’eau du réseau) sans effet sur les symptômes.
Essai de l’acidification de l’eau sans résultat
Le traitement Néomycine a donné de bons résultats sur quelques bandes mais semble être de moins en moins efficace.

==> 24 à 36 h avant, les porcelets sont sevrés


Elevage 3

Le traitement Colistine 3 jours 3 semaines après sevrage donne de bons résultats.
L’analyse d’eau a été réalisée au moment de notre visite fin 2010 et montre une contamination de l’eau importante

==> 5 à 7 jours avant rien de particulier à priori ne se passe (sauf la transition alimentaire entre les aliments 1er et 2ème âge) mais l’eau est en continu de mauvaise qualité


Elevage 4

L’acidification de l’eau de boisson a permis d’arrêter la mortalité. L’acidification de l’eau a ensuite été arrêtée et remplacée par une acidification de l’aliment avec de l’acide benzoïque et l’aspect colibacille n’est pas réapparu..

==> 5 à 7 jours avant rien de particulier à priori ne se passe sauf la transition alimentaire entre les aliments 1er et 2ème
âge.


Démarches mises en place


NDLR : Ce "cas clinique du mois" est original puisqu'il s'agit de la comparaison de cas de la même maladie dans 4 élevages différents. Un code couleur différent est attribué à chaque élevage.

Elevage 1

Ce qui est prévu :
- Mesurer la consommation d’eau
- Mettre des tapis dans le couloir pour changer les zones de confort et libérer l’accès à l’abreuvoir
- Acidifier l’eau au moment du passage en post-sevrage pendant 10 jours.

Elevage 2

Ce qui est mis en place et en attente de résultat
- Mise en place d’un autovaccin sur les truies avec le colibacille isolé
- Arrêt de distribution de l’aliment 1er âge supplémenté en fin de lactation : passage à l’aliment blanc et essai d’utilisation d’un aliment starter en fin de lactation pour stimuler la consommation avant sevrage
- Diminution des diarrhées néonatales et arrêt d’utilisation systématique d’antibiotique sur les porcelets les premiers jours de vie.

Elevage 3

Ce qui est en place :
- Traitement de l’eau avec l’Ocline


Elevage 4

Ce qui est acquis :
- Acidification de l’aliment 2ème âge en continu
- Vidange des fosses régulièrement (une fois par semaine)




Commentaires

Le cas clinique du mois traitait de 4 cas différents de colibacillose.

Les colibacilles rencontrés dans ces élevages sont bien identifiés et reconnus pathogènes. Leurs profils sont différents (voir antibiogrammes). Les éléments déclencheurs sont spécifiques à chaque élevage et pas toujours faciles à mettre en évidence. La démarche résultante est donc spécifique et la recette n’existe pas.

Les diarrhées d’origine colibacillaires en maternité et post-sevrage sont probablement les diarrhées les plus fréquentes chez le porcelet.
Tous les types d’élevage peuvent être touchés.
Les symptômes sont de la diarrhée plus ou moins importante, de la perte de croissance associée ou non à de la mortalité. Au sevrage ou après la transition alimentaire entre les aliments 1er et 2ème âge, se sont souvent les plus beaux porcelets qui sont atteints.
Les diarrhées colibacillaires sont de nature polyfactorielle et le contrôle de la pathologie à long terme passe par la prise en compte des différents facteurs de risque et pas seulement par le traitement du germe.
Les principaux facteurs de risque sont :

- L’âge et le poids des porcelets au sevrage
- Le confort des porcelets : la ventilation, la température, la surface par porcelet, (attention aux variations de température et courant d’air)
- Les apports : la qualité de l’eau et de l’aliment, l’accès aux deux, et la régularité de distribution
- Il faut également observer le comportement des animaux.

L’utilisation d’antibiotique limite souvent l’importance des symptômes mais ne règle pas le problème de fond. Il est important de prendre en compte le profil particulier du colibacille dans chaque élevage (identification du germe et antibiogramme) pour cibler au mieux le traitement. Nous voyons de plus en plus aujourd’hui des colibacilles présentant des résistances à un ou plusieurs antibiotiques.

Parmi les facteurs de risque, je prendrais également en compte les vaccinations sur les truies. Même s’il n’y a pas de lien direct entre une vaccination sur la truie et la pathologie du porcelet en post-sevrage. Un porcelet mal préparé en maternité sera plus sensible en post-sevrage. On rencontre encore trop souvent des erreurs sur la conservation des vaccins en élevage. Le réfrigérateur n’est pas obligatoirement dans une pièce tempérée : si la température extérieure baisse, elle baisse aussi dans le réfrigérateur. Il n’y a pas toujours présence d’un thermomètre mini-maxi : un vaccin doit être conservé entre 2°C et 8°C (près du freezer, la température peut être plus faible)… Plus le niveau immunitaire des porcelets sera homogène vis-à-vis des différentes pathologies, meilleure sera leur résistance.

Dr Régine CHAPON
Vétérinaire
22 - PLOUMAGOAR

Commentaires de l'article

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12-Sep-2011marcmarcPour avoir testé l'acide benzoïque ds les aliments porcelets 1 âge , je pense que les résulats satisfaisants observés avec cet acide sont très encourageants .
Marc DRILLET - OUEST ELEVAGE -
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