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Cas clinique: Conséquences d'un problème alimentaire sur la fertilité

Description de l'élevage et de la situation
1 Octobre 2009
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Description de l'élevage et de la situation


Il s'agit d'un élevage naisseur engraisseur de 200 truies sur un site dans une zone de forte densité porcine dans l’Ouest de la France, en Bretagne :

- Conduite en 7 bandes, sevrage 28 jours,
- Tous les porcelets passent en post-sevrage sur le site pendant 6 semaines
- Une partie des charcutiers sont élevés sur places (500 places d’engraissement)
- Les autres sont transférés dans deux sites extérieurs en façonnage.

L’éleveur reçoit 10 cochettes toutes les 6 semaines.
Il achète également ses doses d'insémination à l’extérieur.

L’eau provient du réseau. Tout l’aliment est acheté.

Statut sanitaire et prophylaxies effectuées

Maladie
Statut
Vaccination truies
Vaccination issues
SDRP
Elevage négatif
Non vacciné
Non vacciné
Mycoplasme
Positif
Non vacciné
vacciné
Actinobacillus pleuropneumoniae
Pas de signe clinique
Non vacciné
Non vacciné
PCV2
Pas de signe clinique
Non vacciné
Non vacciné
E coli K88-K99
Pas de signe clinique
Vacciné
Non vacciné
Parvovirus-Rouget
Pas de signe clinique
Vacciné
Non vacciné
Rhinite atrophique
Pas de signe clinique
Non vacciné
Non vacciné

Aucun vermifuge n’est pratiqué sur les reproducteurs.

Appel de l'éleveur


L'éleveur nous appelle pour nous signaler que :

- Ses résultats de fertilité sont toujours trop irréguliers : entre 65 et 75%.
- Présence de 10 à 15% de métrites.
- Performances moyennes en post-sevrage .


Visite sur le site (1)


Analyse des résultats techniques

Sur l’année 2006 et sur les 6 mois ayant précédé la visite, les principaux résultats techniques sont les suivants :

GTTT
Année 2008
Nés vifs
13,4
Momifiés/portée
0,15
Sevrés/portée
11,6
ISSF
10,4 j
Fertilité
71%
Avortement
<1%
Age à la 1ère MB
378 j

- Mortalité de truies : 12% : les autopsies réalisées ont souvent mis en évidence des torsions d’organes.

GTE
Année 2008
IC Global
2.87
GMQ 8-30
453
Taux de perte (PS)
1.90 %
IC 8-30
1.77
GMQ 30-115
728
Taux de perte (PS)
5,8 %
IC 8-30
2.5

Visite de l’élevage


Quarantaine
(isolée des autres bâtiments)

• Réception de cochettes négatives SDRP et App sérovar 2 et 1-9-11
• Quarantaine sur paille en tout plein tout vide, à 200 m du site naissage.
• Séjour en quarantaine de 6 semaines, pas de contamination.
• Age de 5 mois ½ à l’arrivée.
• Aliment gestante.
• Les animaux, observés ce jour, ne présentent pas de signe pathologique notable.

Verraterie-Gestante


• Le bâtiment gestante est bien ventilé, les sols sont secs et il y a une désinfection réalisée par secteur, après un déplacement de truies.
• Sevrage le jeudi matin en réfectoire bloqué et détection à partir du lundi matin.
• Pas de distribution de vitamines, ni de minéraux au sevrage.
• Flushing alimentaire jusqu’au dimanche (3,5 kg)
• Les détections et les inséminations se font avec le verrat.
• Les venues sont bien groupées : 50% le lundi matin
• IA classique, le plan d’insémination est correct.
• Plan d’alimentation : soupe

IA - échographie
Echographie - 90 jours de gestation
90 jours de gestation - mise bas
3,1 kg
2,6 kg
3,1 kg

• Les truies les plus maigres sont mises en groupe dans des cases de 4-5 sujets.
Le troupeau est très hétérogène.
• Le phénomène de truies vides à l’échographie dure depuis plusieurs mois. L’éleveur est obligé de mettre à la reproduction 30 à 32 truies par bande dans l’objectif d’avoir 25 truies en maternité.
• Pas d’avortement, ni de mise bas avant terme.
• Présence de 2 à 3 truies avec des écoulements vulvaires au moment de l’insémination.
• Proportion de réforme en fonction du rang de portée.

Première portée
Seconde portée
Troisième portée
Quatrième portée
Cinquième portée
+ de 5 portées
15 %
23 %
19 %
8 %
5 %
30 %

• Contrôle urinaire par bandelette : pas de pathologie.




Visite sur le site (2)


Maternité

• L’éleveur travaille avec un aliment allaitante de faible valeur énergétique.
• Les mises-bas ne sont pas déclenchées.
• Présence de diarrhées « jaunes mayonnaises » en fin de maternité.
• Soins aux porcelets à la naissance : coupe des queues et des dents, injection de fer.
• Les salles de maternité sont correctement nettoyées et désinfectées (respect des doses de désinfectant).
• La pratique des fouilles est occasionnelle.

Post-sevrage

• Porcelets hétérogènes.
• Premier âge supplémenté en triméthoprime - sulfadiazine, colistine et flubendazole.
• Maîtrise fréquente et rapide des diarrhées avec de la colistine.
Diarrhées grises dans sur la phase deuxième âge.

Engraissement

• Absence de toux et de diarrhées.
• Alimentation en soupe.

A ce stade, plusieurs axes d'améliorations peuvent être proposés :
- Réduire la mortalité des truies.
- Amélioration de la fertilité et suppression des métrites.
- Changement de la supplémentation sur l’aliment premier âge en post-sevrage.

Conclusion suite à la visite

- Nous avons avec l’éleveur analysé les résultats et avons conclu :

o Qu’il faut faire des prélèvements pour faire une analyse bactériologique des écoulements vulvaires.

o Qu’il faut revoir sa façon d’alimenter les truies en maternité et en début de gestation. Le plan d’alimentation ne correspond plus du tout à leurs besoins compte tenu, de l’amélioration des critères techniques de sevrage.

o Qu’il faut analyser davantage les résultats de fertilité bande par bande et catégorie de truie par catégorie et ceci en « épluchant » ses fiches bandes.

Axes de travail proposés à l’issue de cette première visite


Verraterie-Gestante

• Prélèvements de 3 truies avec de la métrite pour analyse bactériologique et antibiogramme, afin de positionner un traitement autour de l’insémination.
 
T1
T2
T3
Bactérie isolée
E.Coli
E.Coli
E.Coli
Amoxicilline
Sensible
Intermédiaire
Résistant
Triméthoprime-sulfa
Résistant
Résistant
Résistant
Florfénicol
Sensible
Sensible
Sensible
Ceftiofur
Sensible
Sensible
Sensible
Enrofloxacine
Sensible
Sensible
Résistant
Fluméquine
Sensible
Sensible
Résistant

Au vu des résultats obtenus, un traitement avec de l’acide oxolinique (proche de la fluméquine) a été positionné autour de l’insémination, pendant un cycle.

Revoir la distribution alimentaire et le rationnement des truies au sevrage :
  o Proposition de venir dans les jours suivant le sevrage pour faire un suivi ELD des truies de la bande sevrée, celles de la bande sevrage+3 semaines et sevrage + 6 semaines, pendant une rotation.
o Mise en place d’un plan alimentaire individuel en fonction de l’état d’engraissement de la truie et de la valeur énergétique de l’aliment.
o Choisir un aliment plus fibreux pour éviter les mortalités brutales par torsion.
• Mettre en place un complexe de vitamines et de minéraux autour du sevrage pour favoriser l’implantation embryonnaire.
• Mettre en place un vermifuge interne sur le cheptel reproducteur, deux fois à trois semaines d’intervalle.
Les truies les plus maigres ont été bloquées au lieu d’être placées dans des cases en liberté.

Hétérogénéité des truies
Portée homogène sous la mère

Maternité

• Distribuer un aliment allaitante plus énergétique.
• Distribution de toltrazuril aux porcelets au moment des soins.

Post-sevrage

• Mise en place d’un aliment premier âge avec une supplémentation à visée digestive.


Evolution des résultats et analyse de la situation au bout de 9 mois


La mise en place des conseils, avec beaucoup d’attention a permis d’obtenir de meilleurs résultats rapidement. Le troupeau a gagné en homogénéité au cours du temps.

Le changement de la gamme d’aliment en post-sevrage et en maternité et les actions sanitaires ont commencé au sevrage de la bande 1.

Résultats de la dernière GTE

GTE
Année 2008
Avril – Juillet 2009
IC Global
2.87
2.79
GMQ 8-30
453
525
Taux de perte (PS)
1.90 %
0.6 %
IC 8-30
1.77
1.49
GMQ 30-115
728
896
Taux de perte (PS)
5.8 %
3.6 %
IC 8-30
2.5
2.73

Les résultats parlent d'eux-mêmes...


Commentaires

Concernant ce cas clinique traitant d’un problème de fertilité et de problèmes de diarrhées en post-sevrage pouvant paraître comme banal, il est important de souligner :

La gestion d’un problème de fertilité

La gestion d’un problème de fertilité est très complexe.
Il est essentiel d’analyser l’ensemble de tous les paramètres influant sur la reproduction.

Comme le montre ce cas clinique, il existe beaucoup de troubles de la fertilité qui ne sont pas liés à un problème de pathogène.
Ainsi, il ne faut pas se lancer dans des actions coûteuses, et inefficaces, avant d’avoir étudié et compris la conduite de la reproduction de l’élevage à problème.
Cette 1ère approche sera ensuite validée ou pas et confirmée par des analyses complémentaires si nécessaire.

Plan d’alimentation du cheptel reproducteur


Les évolutions génétiques ont permis d’obtenir des truies hyperprolifiques.
Leurs besoins sont importants et ils doivent être adaptés en fonction de la race, des performances, du bâtiment et des caractéristiques de l’aliment.

Les mauvaises conduites alimentaires sont souvent sanctionnées rapidement par les résultats au cycle suivant (fertilité, prolificité, plus forte sensibilité aux pathogènes).
Malheureusement ces observations restent encore courantes avec par exemple des observations d’alimentation restrictive, seule parade trouvée pour limiter l’incidence de diarrhée néonatales, pour réduire les mortalités de truies, ...

Plan d’alimentation et conséquences

Même si cela est évident, il est important de rappeler qu’il faut essayer de couvrir l’ensemble des besoins de la truie, pour assurer sa reproduction et l’allaitement de ses porcelets.
Dans les élevages, où la pression d’infection est peu élevée, les porcelets auront une meilleure croissance et seront mieux préparés pour aborder la difficile période du sevrage.


Dr Franck BOUCHET
Vétérinaire
Porc-Spective
56 - PONTIVY

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