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Cas clinique: Infection a Actinobacillus pleuropneumoniae Biovar1 Sérovar 7

Description de l'élevage

30 Avril 2003
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Description de l'élevage

Il s'agit d'un élevage de 800 truies naisseur-engraisseur en 2 sites espacés de 100 mètres

* Site naissage avec sevrage à 21 jours et utilisation d'une nursery pendant 19 jours (âge à la sortie = 40 jours). Préparation des cochettes F1 de (auto-renouvellement) sur le site de naissage

* Site post-sevrage et engraissement.

Problèmes constatés par l'éleveur

L'éleveur nous appelle pour des problèmes respiratoires chroniques se traduisant par :

  • Toux chronique en post-sevrage et surtout en engraissement depuis 1an
  • Dyspnée (" coup de flanc ") en engraissement
  • Baisse des performances surtout sur les charcutiers : 700 g/j de GMQ (objectif : 800 g/j)
  • Rechute systématique après chaque traitement curatif prescrit
  • Isolements bactériens différents à l'occasion des " flambées " respiratoires : Pasteurelles, Haemophilus, Streptocoques et Mycoplasmes
  • Contrôles abattoirs précédents : note globale des poumons observés = 1/28

L'élevage est régulièrement contrôlé vis-à-vis de la maladie d'Aujeszky et du SDRP et est négatif.




Examens complémentaires avant la visite

Demande d'un contrôle abattoir récent sur un lot de charcutiers (minimum 100) et sur un lot de cochettes F1 non-labellisées (minimum 30).

Résultats des charcutiers :

    - % de poumons atteints : 15 %
    - Note de pneumonie des poumons atteints : 5,5/28
    - Note globale : 0,82/28
    - % de pleurésies : 5,7 %
    - % de nez avec des lésions : 100 %
    - Note des nez touchés : 6/20
    - Note globale : 6/20

Résultats des cochettes F1 :

    - % de poumons atteints : 15,9 %
    - Note de pneumonie des poumons atteints : 6,7/28
    - Note globale : 1,02/28
    - % de pleurésies : 3,5 %


Visite de l'élevage (J 1)

Examen du plan de prophylaxie de l'élevage :

1. Vaccinations des truies :

  • Parvovirus : cochettes 2 fois + rappels en maternité
  • Rouget : cochettes 2 fois + rappels en maternité
  • Rhinite : cochettes 2 fois + rappels avant mise bas. Un contrôle de prise immunitaire a été fait montrant un taux d'anticorps anti-toxine suffisant dans le colostrum des cochettes et des truies
  • Colibacillose : cochettes 2 fois et rappels avant mise-bas

2. Vaccinations des porcelets (charcutiers et F1) :

Mycoplasme : 2 injections à 3 jours et au sevrage


Traitements actuels:

Porcelets au sevrage (aliment 1er âge) : Colistine 120 ppm et Oxytétracycline 800 ppm

Visite des 2 sites:

1. Naissage :

  • Cochettes " grand-parentales " (achat extérieur) : pas de signes cliniques particuliers sauf parfois quelques toux à l'introduction à la sortie de quarantaine ;
  • Truies (gestation et maternité) : pas de signes cliniques particuliers ;
  • Porcelets sous la mère : pas de signes cliniques particuliers ;
  • Nursery " protégée " : pas de signes cliniques particuliers ;
  • Engraissement cochettes F1 : quelques toux mais pas de " décrochement " visibles, GMQ supérieur de 10 % au GMQ du site d'engraissement.

2. Post-sevrage et Engraissement (Bloc de 8500 places)

  • Post sevrage : des toux assez fortes mais sans décrochement. Baisse de croissance et augmentation de la mortalité qui passe de 1,5 à 3 %
  • Engraissemen t: une toux nette avec des " coups de flancs " 4 à 6 semaines après l'arrivée mais sans mortalité caractéristique. Pas de signes visibles de rhinite
    atrophique (déviation du nez, conjonctivite, …)

En conclusion, de la toux mais pas de signes cliniques caractéristiques. Un bon respect des normes zootechniques : désinfection, vide sanitaire, chargement, ...

Analyses complémentaires demandées:

1
. Bilan sérologique sur les porcs charcutiers : 23 prises de sang (J1) et analyses demandées : Actinobacillus pleurop. 2 et 1-9-11 + Mycoplasma hyopneumoniae

2.
Mise en contact de porcelets " sentinelles " provenant du même élevage que les " grand-parentales " et indemnes des principaux germes respiratoires (élevage assaini et contrôlé). Le nombre est fixé à 10 porcelets de 70 jours qui seront mis en contact en début d'engraissement avec les porcs de l'élevage. Le planning de suivi des " sentinelles " a été fixé de la manière suivante:

J0 : mise en contact et prises de sang sur les sentinelles

J + 3 semaines : prises de sang

J + 6 semaines : euthanasie de 50 % des " sentinelles " pour analyses et prises de sang

J + 12 semaines : contrôle abattoir des " sentinelles " restantes et prises de sang

En cas de morbidité, les " sentinelles " sont euthanasiées et autopsiées pour analyses bactériologiques complémentaires.


Mesures d'attente:

Du fait de l'allure chronique, pas de traitement collectif en attendant les résultats des analyses mais seulement des soins individuels par des injections antibiotiques. Un contrôle de chaque salle sur le plan de la ventilation (boîte de régulation et débits des ventilateurs) a été demandé.


Résultats des analyses
RESULTATS DES ANALYSES

Bilan sérologique des charcutiers :

Actinobacillus pleuropneumoniae S2: 0+/23
Actinobacillus pleuropneumoniae S1-9-11: 0+/23
Mycoplasma hyopneumoniae: 2+/23

Bilan sérologique, lésionnel et bactériologique des "sentinelles" :

Nombre Age Autopsie Prises de sang
J 0 10 70 jours 0 10
J + 3 sem 9 90 jours 4 (+1 mort) 9
J + 6 sem 5 110 jours 0 5
J + 12 sem 4 160 jours Abattoir (+1 mort) 4

J0 J + 3 sem J + 6 sem J + 12 sem
Mycoplasme 0+/10 0+/9 0+/5 0+/4
Grippe (3 valences) 0+/10 0+/9 0+/5 0+/4
Coronavirus 2+/10 3+/9 2+/5 2+/4
Actino 2 et 1-9-11 0+/10 0+/9 0+/5 0+/4
Past mult (Tox.) 0+/10 0+/9 0+/5 0+/4

Lésions sur un total de 5 autopsies :

- Rhinite marquée (atrophie des cornets): 4/5
- Pneumonie marquée (10/28): 4/5
- Pleurésie marquée: 3/5
- Abcès pulmonaires: 2/5
- Péricardite: 1/5


Bactériologie sur les lésions :

1. Lésions pulmonaires :
Actinobacillus pleuropneumoniae B1 S7: 2/4
Pasteurella multocida non-toxinogène : 1/4

2. Cornets nasaux :
Haemophilus parasuis: 2/4
Pasteurella multocida non toxinogène: 2/4
Actinobacillus pleuroneumoniae B1 S7: 1/4
Steptococcus suis (1-2): 1/4




Analyses de confirmation pour Actinobacillus pleuropneumoniae B1 S7:
Sérologies sur les sérums des "sentinelles" gardés en sérothèque:

J 0 J + 3 sem J + 6 sem J + 12 sem
Actino B1S7 0+/10 1+/9 3+/5 4+/4

Sérologies sur les truies en production (lactation) : 8+/10

Diagnostic

Nous avons posé le diagnostic suivant :

Pleuropneumonie de forme chronique due à Actinobacillus pleuropneumoniae Biovar 1 Sérovar 7 en association avec une rhinite atrophique atypique (sans Pasteurelle dermotoxinogène et sans bordetelle) pour laquelle on retrouve l'association Haemophilus parasuis et Pasteurella multocida non-toxinogène.

Mesures prises (traitement et prévention)


Mesures à court terme : après examen des antibiogrammes, le choix de l'antibiotique s'est porté sur l'oxytétracycline à la dose de 50 mg/kg pendant 7 jours toutes les 8 semaines sur l'engraissement

Mesures à moyen terme :

  • Déplacement du traitement oxytétracycline de l'aliment 1er âge à l'entrée en post-sevrage (aliment 2e âge).
  • Essai de vaccination Actinobacillose sur les porcelets à 8 et 11 semaines

Mesures à long terme : mise en place de la vaccination des reproducteurs et des futurs reproducteurs contre les 3 germes isolés: Actinobacillus pleuropneumoniae B1S7, Haemophilus parasuis et Pasteurella multocida




Evolution sanitaire de l'élevage

Les traitements antibiotiques ont permis au bout de 6 mois de diminuer l'impact des problèmes respiratoires. La vaccination des truies et des F1 est en cours mais l'impact n'est pas facile à mesurer à court terme. Une nouvelle dégradation des performances mais cette fois d'origine plutôt digestive repose la question d'une nouvelle utilisation de " sentinelles " pour préciser le diagnostic.

Commentaires

Il s'agit d'un gros élevage naisseur-engraisseur où sévissait des problèmes respiratoires chroniques .

Ce cas appelle a posteriori plusieurs commentaires :

  • Le diagnostic des problèmes respiratoires chroniques sur de très gros sites de post-sevrage et d'engraissement (naisseur-engraisseur) pose certains problèmes pour être suffisamment fiable :

    - la clinique est souvent insuffisante ou non-caractéristique
    - quelques autopsies le jour de la visite ne suffisent pas à faire un diagnostic


    Une fois le bilan technique réalisé, en particulier sur le plan de la ventilation, il faut faire appel à d'autres méthodes. Dans ce cas précis, on a fait appel à 2 approches :

    1. Le bilan sérologique pour infirmer ou confirmer une hypothèse ;

    2. La mise en contact avec des porcs "sentinelles" pour "sélectionner" les germes pathogènes en "activité". Cette technique bien connue en station expérimentale devrait faire appel à des porcs SPF, ce qui est impossible en élevage. La solution des porcs de la même origine que les reproducteurs quand ceux-ci viennent d'un élevage au statut sanitaire connu, peut représenter une méthode pratique à mettre en place.

    Ces deux approches ont permis de mettre en évidence et de confirmer une pathologie à Actinobacillus pleuropneumoniae Biovar 1 Sérovar 7 dont la virulence, connue comme moyenne, est suffisante ici pour occasionner des troubles respiratoires chroniques se caractérisant par des problèmes de croissance et des lésions de pleurésie.

    Par contre, sur le plan du diagnostic de rhinite constatée sur les sentinelles et dont le modèle semble atypique (absence de Pasteurelle dermotoxinogène et transmission horizontale sur des animaux de plus de 70 jours), il nous manquait à l'époque un outil de diagnostic fiable. Aujourd'hui, avec l'utilisation de brosses nasales couplées à une PCR Pasteurella multocida dermotoxinogène nous pourrions confirmer ce diagnostic.
  • Le cas présenté montre aussi le problème de la circulation d'un contaminant tel que Actinobacillus pleuropneumoniae sur les reproducteurs.
    - Cette circulation est-elle primaire ou secondaire par rapport à celle d'engraissement ?
    - Comment peut-on éradiquer ce contaminant ?

    Une réflexion combinant le sevrage précoce des futures F1 (14 j) et l'utilisation d'un site séparé pour l'élevage et la préparation de cochettes pleines pourrait s'avérer intéressante.
  • Enfin, la dernière réflexion proposée pour ce cas nous semble être l'intérêt d'une vaccination spécifique des reproducteurs pour arriver à moyen ou long terme, à stopper la circulation sur ces reproducteurs, à homogénéiser le statut immunitaire des porcelets et par là, à arrêter à terme la prophylaxie antibiotique ou vaccinale sur les porcs charcutiers.

    Même si cette méthode est imparfaite, elle nous paraît être un bon intermédiaire entre l'utilisation "régulière" des antibiotiques en engraissement et l'éradication souvent difficile à mettre en œuvre.

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