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Cas clinique: Métrites

Présentation de l'élevage et appel de l'éleveur
21 Avril 2009
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Présentation de l'élevage et appel de l'éleveur
Présentation de l'élevage

• Elevage naisseur-engraisseur de 400 truies situé en Bretagne dans une zone de forte densité porcine.
• Conduite 7 bandes, sevrage 28 jours.
• Réception de cochettes avec le statut sanitaire suivant : SDRP négatif, statut indemne Actinobacillus pleuropneumoniae 2, 1-9-11, vaccinées mycoplasme.
• La quarantaine est conduite en tout plein - tout vide, les cochettes y restent 9 semaines.
• Achat de semence.
• Aliment fabriqué à la ferme pour reproducteurs et issus.

Statut sanitaire de l'élevage

SDRP : élevage stable sur les reproducteurs, absence de circulation virale en engraissement : sérologies négatives depuis plusieurs années.
Actinobacillus pleuropneumoniae : indemne.
Mycoplasma hyopneumoniae : issus vaccinés, contrôles abattoir réguliers avec des notes moyennes inférieures à 1/28.
Rhinite atrophique : vaccination des truies.
Grippe : vaccination des truies.
• Absence de signe clinique de MAP.

La stabilité de l'élevage se traduit par d'excellentes performances sevrage-vente : taux de pertes < 3%, âge 115 kg standardisés = 174 jours.

Protocoles vaccinaux en cours

Cochettes SDRP,
Rhinite,
Parvovirose,
Rouget,
Grippe.
Truies Parvovirose, Rouget,
SDRP : vaccination de masse tous les 4 mois,
Grippe : vaccination de masse tous les 4 mois,
Rhinite,
Colibacillose
Porcelets Vaccination mycoplasme en mono injection à 9 semaines d'âge.

Antibio-prophylaxie

Seule supplémentation faite systématiquement : colistine distribuée à la pompe doseuse le week-end suivant le sevrage puis 8 jours après.

Organisation des bâtiments

L'organisation des bâtiments permet le respect de la marche en avant. Les règles de biosécurité au niveau de l'élevage sont particulièrement bien respectées.
L'élevage est extrêmement propre.

Résultats GTTT

1er semestre 2007
1er semestre 2008
Taux de mises-bas
84,50%
83,90%
NT
12,49
13,07
NV
11,72
11,57
Sevrés
10,19
10,76
Taux de pertes NV/sevrés
13,10%
9,35%

La maîtrise des performances de reproduction est plus délicate : nous avons un troupeau maigre et musculeux.

L'ajustement de la conduite en quarantaine, la mise en place d'un plan d'alimentation en U en verraterie-gestante, nous ont permis de gagner en prolificité et qualité de porcelets à la naissance.

Appel de l'éleveur.

L'éleveur que je suis régulièrement me contacte suite à une dégradation importante du taux de fertilité sur la bande inséminée début juillet 2008. D'autre part, sur la bande en IA fin juillet, il constate des écoulements importants sur les primipares.

Nous convenons donc d'un rendez-vous dès le surlendemain pour faire le point.

Premier bilan
Première visite : début août 2008

L'élevage étant suivi très régulièrement, nous faisons directement le point sur les truies :

Quarantaine :

Absence de signe clinique
: absence de toux, d'éternuement, d'écoulement. Pas de boiterie ni de problème d'aplombs.
Aucune cochette n'a manifesté d'hyperthermie ni de baisse d'appétit.
Ecoulements vulvaires

Verraterie : la verraterie, composée de 2 salles pour une bande et conduite en tout plein - tout vide,

bande en IA les 28 et 29/07/08 : 6 truies ont présenté des écoulements sales à l'IA, 1 primipare présente encore des écoulements.

Les salariés responsables de la maternité et de la verraterie-gestantes m'apprennent qu'ils constatent régulièrement des écoulements à l'IA sur des truies âgées (+ de 5 portées). Les animaux sont systématiquement réformés, sans être traités.
En verraterie, les truies n'ont présenté aucune baisse d'appétit, aucune toux, aucune hyperthermie. Toutes les truies se lèvent.
Gestantes : le bâtiment gestante est constitué d'une salle où les truies sont transférées avant l'échographie.

- Pas de toux ni d'hyperthermie. Pas de baisse d'appétit constatée. Pas de boiteries ni de problème d'aplombs. Toutes les truies se lèvent.
- Une constante de l'élevage : un nombre significatif de truies présentent des dépôts crayeux sur les vulves ou en fin de miction.
- Une partie des truies, alors qu'elles ont été jugées en état au sevrage durcissent en cours de gestation, certaines montrant même des signes de carence.

Aliment fabriqué à la ferme

La rigueur mise dans la fabrication de l'aliment est remarquable :
- qualité très satisfaisante du stockage, nettoyage des silos, fosse de réception couverte,
- pour l'achat extérieur : vérification des caractéristiques nutritionnelles, dosage de DON systématique,
- incorporation systématique des capteurs de toxines dans les aliments truies gestantes et allaitantes ainsi que dans l'aliment distribué aux cochettes.

Propositions

Matériel de prélèvement
A l'issue de la visite, nous décidons avec l'éleveur de poser le diagnostic plutôt que de démarrer d'emblée par le traitement de tout le troupeau :

- prélèvement à l'aide d'un écouvillon utérin (brosse) sur la primipare présentant des écoulements le jour de la visite,
- contrôle abattoir des truies issues de la bande inséminée le 7.07.08, bande dont le taux de fertilité était tombé à 72%,
- contrôle urinaire sur les truies en fin de gestation,
- analyse d'eau.

Sur les truies en mise-bas :

- rappel des mesures d'hygiène autour de la mise-bas (déjà en place),
- mise en place d'un gel antiseptique dans le vagin avant la mise-bas,
- observation des écoulements stricts après Dinolytic et médication individuelle systématique => antibiotique injectable : marbofloxacine ou ceftiofur,
- noter les truies ayant présenté des écoulements et piquées ; transmettre à la personne chargée de la verraterie.


Examens complémentaires et résultats d'analyse
Contrôle urinaire sur 44 truies en fin de gestation

- 44 urines sont prélevées le matin au moment de la distribution du 1er repas.
- 1/44 Nitrite positive => bactériologie faite.
- 9 urines/44 sont anormalement troubles et présentent toutes un pH basique, soit 20,45%.
- Pour une seule de ces urines, la cytologie est positive.

Résultats des analyses
:

Historique truie Germe isolé Sensible Intermédiaire Résistant
N° 436 : urine Nitrite + E. coli Ceftiofur
Enrofloxacine
Florfénicol
Fluméquine
Amoxicilline
TMP-Sulfa
N°383 : urine trouble + pH > 8 Staphylocoque hyicus Amoxicilline
Ceftiofur
Enrofloxacine
Florfénicol
TMP-Sulfa
Fluméquine

Au bilan, cependant, on détecte peu d'infections urinaires. Toutefois, sur plus de 20% des truies testées, on note la présence de craies dans les urines.

Ecouvillons faits sur des écoulements

• J'ai prélevé une primipare qui présentait des écoulements à la saillie (bande en IA le 28/07/08).

Sur la bande en mise-bas le 7/08/08, aucune truie n'a été piquée pour des écoulements sales après mise-bas. Ce constat m'a semblé contradictoire : il est à mon avis impossible d'avoir autant d'écoulements sales à l'IA alors qu'aucune truie n'a été vue sale après mise-bas.

Sur la bande en mise-bas le 28/08/08, deux jours après mise-bas, nous décidons de vérifier avec les salariés chargés de la maternité les truies présentant des écoulements sales.
Le 30/08/08, 40 truies ont mis-bas, 15 restent à faire.
9 truies ont été piquées suite à la présence d'écoulements sales, encore constatés ce jour sur certaines truies.
2 truies de plus sont dépistées sales au cours de la visite.
11 truies sur quarante, soit plus de 20% des animaux présentent des écoulements.

Historique truie Germe isolé Sensible Intermédiaire Résistant
Primipare
écoulements à l'IA
5/08/08
Streptocoque Béta hémolytique Amoxicilline
Ceftiofur
Florfénicol
Enrofloxacine
TMP-Sulfa
Fluméquine
E. Coli Ceftiofur
Florfénicol
Enrofloxacine Amoxicilline
Fluméquine
TMP-Sulfa
N°914
écoulements après mise-bas
30/08/08
Absence de culture bactérienne significative
N° 953
écoulements après mise-bas
30/08/08
E. coli Acide oxolinique
Ceftiofur
Enrofloxacine
Florfénicol
Fluméquine
Marbofloxacine
Amoxicilline
TMP-Sulfa

Contrôles abattoir

Date
Nb de truies
Vaginites
Cervicites
Métrites
Cystites
Néphrites
13/08/2008
13
0
2
5
5 avec dépôts de cristaux
1 purulente
1
23/09/2008
14
3
2
5 cystites avec dépôt de cristaux
1 purulente
Total
27
3/27
soit 11.11%
2/27
soit 4,40%
7/27
soit 25,92%
10/27 cystites avec dépôts de cristaux soit 37%
2/27 cystites purulentes, soit 7,40%
1/27
soit 3,7%

Cystite à cristaux
Cystite
Cervicite
Métrite

Bactériologie

Bactériologie faite sur les urines, l'utérus et la vessie de la truie 187 présentant une métrite purulente, une cystite purulente et une pyélonéphrite.

Germe isolé Sensible Intermédiaire Résistant
E. Coli

Ceftiofur
Enrofloxacine
Florfénicol
Fluméquine

Amoxicilline TMP-Sulfa

Nous sommes donc confrontés à un problème de métrites graves.

Remarque : analyse bactériologique et chimique de l'eau => excellente


Mesures proposées et évolution des résultats
Plan de contrôle des métrites

Rappel

Sur les 6 isolements bactériens faits :
- 1 isolement streptocoque Béta hémolytique,
- 1 isolement staphylocoque hyicus,
- 4 isolements E. coli.

Sur ces 6 isolements:
- 6/6 étaient sensibles au Ceftiofur,
- 3/6 étaient intermédiaires ou résistants aux quinolones,
- 3/6 étaient résistants à l'amoxicilline et à l'association TMP-Sulfa

Médication

• Dépôt d'un gel antiseptique systématiquement le lundi avant mise-bas,
• Distribution d'acide oxolinique les 5 jours autour de la mise-bas sur un tour,
• Prise de température systématique de truies le lendemain de la mise-bas,
• Si écoulements sales deux jours après mise-bas ou suite au Dinolytic, traitement individuel avec Excenel RTU 1 cc/16 kg 3 jours de suite.
Suivi des truies vues sales en maternité et piquées en verraterie => résultats notés.

Evolution des résultats

• Rétrospectivement, nous nous sommes rendus compte que les métrites avaient démarré sur la première bande où les premières cochettes de la nouvelle origine ont mis bas. En effet, l'éleveur avait changé de multiplicateur tout en restant sur la même génétique suite à des soucis de poids à la livraison.
L'introduction des nouvelles cochettes à la fin de l'année 2007 s'était particulièrement bien passée avec un taux de fertilité proche de 92% sur l'ensemble des animaux entrés.
Pourtant, les bandes en IA les 28/07 et 18/08, le taux de fertilité de ces premières primipares s'était écroulé à 50 et 71%.
L'introduction d'une nouvelle origine de cochettes a certainement été le révélateur de germes déjà présents, soit en grande quantité, soit partiellement pathogènes.
• La première bande ayant reçu de l'acide oxolinique est la bande qui était en IA le 08/09/08. Cependant, elle n'a été traitée qu'à l'IA.
• La première bande qui a reçu de l'acide oxolinique autour de la mise-bas est la bande en IA le 29/09/08. C'est aussi la première bande où les truies sales autour de la mise-bas ont été piquées Excenel.
• A partir de cette bande, on retrouve des résultats de fertilité sur les truies sevrées proches de 90%.
• Par contre, la réussite sur les retours reste très médiocre. Les retours, pour la majorité des retours sales, multirécidivistes, traduisent l'importance des infections génitales auxquelles nous sommes confrontés.

Date IA
2008
Cochettes
Primipares
Rg 2 + 3
> Rg 3
R - 2R - Non venue -
AVT - Vide
Total
Nbre IA
Pleines
% âge
Nbre IA
Pleines
% âge
Nbre IA
Pleines
% âge
Nbre IA
Pleines
% âge
Nbre IA
Pleines
% âge
Nbre IA
Pleines
% âge
16-juin
7
6
86
8
7
88
14
13
93
27
25
93
10
3
30
66
54
82
07-juil
7
6
86
5
5
100
15
10
67
27
19
70
11
7
64
65
48
74
28-juil
7
7
100
8
4
50
16
10
63
25
19
76
13
7
54
69
47
68
18-août
7
7
100
7
5
71
10
9
90
29
25
86
17
9
53
70
55
79
08-sept
7
7
100
7
6
86
4
2
50
34
21
62
10
3
30
62
39
63
29-sept
8
6
86
5
5
100
11
5
45
32
28
88
15
3
20
70
47
67
20-oct
7
7
86
8
7
88
17
15
88
26
23
88
14
7
50
72
58
81
10-nov
7
7
100
7
7
100
16
15
94
23
22
96
16
12
75
69
63
91
01-déc
7
7
100
7
6
86
16
14
88
24
21
88
5
2
40
69
50
85
(Vert : nouvelle origine – noir : ancienne origine)


Mesures complémentaires

• Le nombre de cystites à cristaux s'explique par la sursaturation des urines
• Les truies sont nourries à volonté puis reçoivent des repas d'eau (distributeur avec débit volumétrique). Cependant, toutes ne boivent pas la même quantité. C'est la première explication à cette sursaturation des urines. Equilibres minéraux de la ration revus avec le formulateur.
Acidification des urines : traitement de 3 semaines au chlorure d'ammonium sur tout le troupeau puis relais pris par des acidifiants incorporés dans le minéral à la fois en gestante et en allaitante.
Mesures prises pour le moyen terme
Bilan en janvier 2009

Evolution du nombre de truies sales

Les 7 bandes ont été traitées à l'acide oxolinique. Lors de ce premier tour, plus de 12 truies étaient piquées en maternité pour écoulements sales.
Le taux de fertilité sur ces truies piquées était de 78%.
Lorsque les premières bandes traitées sont revenues en maternité sur le début de l'année 2009, nous avons constaté la baisse du nombre de truies piquées à moins de 5 par bande. Cependant, nous avons retrouvé dans ces truies piquées des animaux qui avaient déjà été piqués à la mise-bas précédente. Ceci confirme la gravité des métrites auxquelles nous devons faire face et nous oblige à un suivi très rigoureux de ces truies à problème d'un cycle sur l'autre.

Contrôle abattoir du 22/01/09 sur des truies récidivistes

Nbre de truies
Vaginites
Cervicites
Métrites
Cystites
Néphrites
14
0
1/14
soit 7,14 %
6/14
soit 42,85 %
4/14
soit 28,57 %
0

On retrouve sur les analyses bactériologiques faites sur les métrites, l'association E. coli / Staphylocoque hyicus avec un profil d'antibiogramme similaire.
Par contre, on note la diminution des cystites à cristaux.

Evolution de la médication

• Une fois les 7 bandes traitées à l'acide oxolinique, nous avons choisi de ne maintenir l'acide oxolinique que sur les primipares et deuxièmes portées. Nous voulons impérativement éviter le déséquilibre colonisation/infection et protéger nos jeunes truies.

Maintien de la rigueur des traitements individuels et du suivi des truies vues sales sur une phase de leur cycle.

Maintien des gels antiseptiques avant la mise-bas et en bouchon de col à l'IA.


La troisième mesure importante est la réforme systématique des truies sales au 2ème retour

Conclusion

Nous avons aujourd'hui retrouvé 85% de fertilité sur nos bandes.

La rigueur des observations individuelles, la systématisation de la médication sur les animaux présentant des écoulements et le suivi de ces animaux d'un cycle à l'autre sont essentiels.
Cette explosion de métrites graves est cependant difficile à expliquer : la montée à bas bruit du nombre de truies atteintes, directement réformées ou non repérées, s'est certainement conjuguée avec l'arrivée de la nouvelle origine de cochettes en mise-bas.
La stabilité sanitaire du troupeau reproducteur, la rigueur mise dans la conduite, le respect des règles de biosécurité ont été des atouts majeurs dans la résolution de ce cas.
Le travail sur la conduite alimentaire en gestante reste à faire.

Commentaires
Ce cas clinique relatait un problème de métrites graves.

Malgré l'ampleur et les conséquences de ces infections génitales, nous nous sommes donnés le temps de poser notre diagnostic et de multiplier les prélèvements afin d'établir la meilleure médication possible. La réponse en a été d'autant plus nette. Il est cependant impossible d'incriminer un germe spécifique puisque nous avons trouvé successivement E. coli, staphylocoque hyicus, streptocoque béta hémolytique.

Les cystites à cristaux doivent en parallèle être "traitées" : l'érosion de la muqueuse vésicale est un facteur favorisant majeur des cystites infectieuses. Elles révèlent par ailleurs une sursaturation des urines anormale.

La systématisation d'un protocole de repérage, de traitement et d'enregistrement des informations relatives aux animaux malades est capitale pour évaluer la prévalence des infections et l'efficacité d'un plan de contrôle.

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