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Cas clinique: Problème général de reproduction

Présentation générale de l'élevage et appel de l'éleveur
26 Janvier 2006
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Présentation générale de l'élevage et appel de l'éleveur


Situation de l’élevage

C’est un élevage naisseur-engraisseur de 150 truies. Il est multiplicateur de cochettes. L’ensemble des truies et des porcelets jusqu’à 10 semaines est sur le site. Les porcs mâles sont engraissés à l’extérieur et seules les futures cochettes sont engraissées sur le site.

L'exploitation est située en Bretagne avec un nombre important d’élevage dans la zone.

L'élevage achète ses cochettes à l'extérieur, ses doses d'insémination ainsi que l’aliment pour les animaux de tous stades.

L’élevage est conduit en 7 bandes de 16 à 30 truies.

L’objectif de l’élevage est 20 à 22 mise-bas toutes les 3 semaines.



Appel de l'éleveur

L'éleveur constate un faible taux de mise-bas; de plus ce taux est irrégulier en fonction des bandes

La moyenne 2004 est de 78%

Historique des truies et cochettes

>
Année
Semaine de saillie
Nombre de truies et cochettes inséminées
Nombre de truies et cochettes échographiées pleines
% truies et cochettes pleines à l’échographie
Nombre de mise-bas
% mise-bas
2004
37
27
21
77,8%
21
77,8%
40
24
19
79,2%
19
79,2%
43
27
20
74,1%
46
25
21
84,0%
49
28
22
78,6%
52
30
23
76,7%
2005
3
29
23
79,3%
6
29
22
75,9%
9
27
22
81,5%
12
28
23
82,1%

Historique des cochettes seules

Année
Semaine de saillie
Nombre de cochettes inséminées
Nombre de cochettes échographiées pleines
% cochettes pleines à l’échographie
Nombre de mise-bas
% mise-bas
2004
     
37
4
2
50,0%
2
50,0%
40
5
3
60,0%
3
60,0%
43
5
3
60,0%
46
6
5
83,3%
49
5
4
80,0%
52
5
3
60,0%
2005
3
6
3
50,0%
6
7
6
85,7%
9
5
4
80,0%
12
5
4
80,0%

Historique des truies seules

Année
Semaine de saillie
Nombre de truies inséminées
Nombre de truies échographiées pleines
% truies pleines à l’échographie
Nombre de mise-bas
% mise-bas
2004
37
23
19
82,6%
19
82,6%
40
19
16
84,2%
16
84,2%
43
22
17
77,3%
46
19
16
84,2%
49
23
18
78,3%
52
25
20
80,0%
2005
3
23
20
87,0%
6
22
16
72,7%
9
22
18
81,8%
12
23
19
82,6%



Présentation de la conduite d'élevage et visite de l'élevage


Conduite d’élevage :

Truies :

Le sevrage :

Sevrage après 4 semaines de lactation,
Truies en état (sauf les primipares)
Sevrage des truies le mercredi matin, blocage en cages individuelles
Pas d'alimentation le mercredi matin et le mercredi soir, un repas d’eau le mercredi

La conduite en verraterie :

Sol : caillebotis intégral
Local sombre et lumière artificielle uniquement aux heures de travail
Alimentation normale à partir du jeudi matin.
Passage du verrat au contact des truies : 1 passage le samedi, puis 2 passages par jour à partir du lundi.

Cochettes :

La quarantaine :

Provenance extérieure,
2 salles, 16 places
8 cochettes toutes les 6 semaines, en 1 groupe; arrivée à 105 kg
Durée de la quarantaine 7 et 10 semaines
Sur paille dans une quarantaine à part
Pas de notation des premières chaleurs

La conduite en verraterie :

Pas de Régumate® sur les cochettes

Statut sanitaire :

Elevage indemne SDRP (sérologie fin engraissement) et positif grippe (sérologie truies)
Statut inconnu pour les autres germes

Visite d'élevage

Observations en maternité

Mise-bas sans problèmes, en fin de semaine (50% le vendredi, avec Planate® le jeudi)
Soins à la truie : Sergotonine® dans les 8 heures qui suivent la mise-bas et Dinolytic® le lendemain
Montée de lait correcte
Poids de sevrage : 7,5 à 8 Kg à 26 jours de moyenne
Etat des truies satisfaisant
Pas d’écoulements vulvaires.

Observations en verraterie

Venues en chaleur

Les truies ont des chaleurs tardives (nombreuses truies avec premières chaleurs vues le mardi soir et mercredi matin)
Les cochettes viennent en chaleur dès le lundi, mais certaines sont très difficiles à détecter.
Globalement les chaleurs sont peu marquées.

Les retours en chaleurs :

Retours cyclés à 21 jours
Toutes les parités sont touchées (y compris les primipares).

Observations en gestation :

Pas d’avortement (2 en 2004)

Mesures déjà mises en places en 2004


PG 600® durant l’été 2004, aucun effet favorable.
Complexes vitaminiques distribués en maternité et après sevrage.
Augmentation de la quantité d’aliment distribuée après sevrage (flushing).



Hypothèses et mesures proposées


Hypothèses

Différentes hypothèses peuvent être évoquées pour expliquer ce problème de reproduction.

Origine infectieuse

L'origine SDRP est exclue car pas d’autres signes et aucune sérologie positive (analyses sur truies tous les 6 mois)

Origines techniques

Plusieurs points méritent d'être revus de plus près:
  • Détection des chaleurs

  • Réalisation du sevrage

  • Conduite de l’IA

  • Conditions dans le local verraterie

  • Conservation de la semence


  • Origines génétiques

    Truie LW x verrat LD

    Modifications proposées

    Pour les truies sevrées

    - Sevrage du mercredi matin (sortie des porcelets le mercredi matin et sortie de truies le mercredi après midi).
    - Mise en groupe des truies pendant 3 heures le mercredi après-midi.
    - Pas d’aliment le mercredi, un repas d’eau le mercredi soir. Alimentation normale à partir du jeudi matin.
    - Passage du verrat 2 fois par jour dès le vendredi, 1 fois le samedi et le dimanche, puis 2 fois par jour à partir du lundi.

    Pour les cochettes

    - Notation des chaleurs en quarantaine
    - Mise sous Régumate® uniquement des cochettes notées en chaleur.
    - Fin du Régumate® le mardi matin.

    Dans le local verraterie

    Lumière artificielle laissée toute la journée après sevrage et durant le premier mois de gestation.

    Observations des chaleurs


    Le samedi matin
    Le dimanche matin
    2 fois par jour à partir du lundi.

    La conduite des IA

    Première observation de l’immobilité
    Première IA
    Seconde IA

    Troisième IA
    (si immobilité)

    Dimanche matin Lundi matin Lundi soir Mardi matin
    Lundi matin Lundi soir Mardi matin Mardi soir
    Lundi soir Mardi matin Mardi soir Mercredi matin
    Mardi matin Mardi soir Mercredi matin Mercredi soir
    Mardi soir Mercredi matin Mercredi soir Jeudi matin
    Mercredi matin Mercredi matin Mercredi soir Jeudi matin
    Mercredi soir Mercredi soir Jeudi matin Jeudi soir

    Que pensez-vous des mesures proposées ?
    Comment faire le bilan objectif ?
    Vous pouvez répondre à ces questions et en poser d'autres
    en venant débattre sur le forum de discussion



    Bilan après mise en place des mesures


    Les cochettes

    Surveillance des chaleurs à partir de la semaine 6, notation des chaleurs
    Mise en place du Régumate® semaine 12 ; premières IA en semaine 15

    Les truies

    Début du protocole sevrage semaine 14,
    Venues en chaleurs de meilleure qualité, essentiellement le lundi et le mardi
    Toutes les truies vues en chaleurs pour le mercredi matin.

    Taux de truies échographiées pleines

    Truies et cochettes

    Année
    Semaine de saillie
    Nombre de truies et cochettes inséminées
    Nombre de truies et cochettes échographiées pleines
    % truies et cochettes pleines à l’échographie
    Nombre de mise-bas
    % mise-bas
    2004
    37
    27
    21
    77,8%
    21
    77,8%
    40
    24
    19
    79,2%
    19
    79,2%
    43
    27
    20
    74,1%
    20
    74,1%
    46
    25
    21
    84,0%
    21
    84,0%
    49
    28
    22
    78,6%
    22
    78,6%
    52
    30
    23
    76,7%
    23
    76,7%
    2005
    3
    29
    23
    79,3%
    23
    79,3%
    6
    29
    22
    75,9%
    22
    75,9%
    9
    27
    22
    81,5%
    22
    81,5%
    12
    28
    23
    82,1%
    22
    78,6%

    15

    23
    20
    87,0%
    16
    88,9%
    18
    26
    24
    92,3%
    19
    90,5%
    21
    27
    23
    85,2%
    18
    81,8%
    24
    26
    23
    88,5%
    20
    90,9%
    27
    24
    21
    87,5%
    30
    26
    22
    84,6%
    33
    28
    24
    85,7%
    36
    26
    23
    88,5%
    39
    25
    22
    88,0%
    42
    25
    23
    92,0%
    45
    26
    23
    88,5%

    Cochettes seules

    >
    Année
    Semaine de saillie
    Nombre de cochettes inséminées
    Nombre de cochettes échographiées pleines
    % cochettes pleines à l’échographie
    Nombre de mise-bas
    % mise-bas
    2004
    37
    4
    2
    50,0%
    2
    50,0%
    40
    5
    3
    60,0%
    3
    60,0%
    43
    5
    3
    60,0%
    3
    60,0%
    46
    6
    5
    83,3%
    5
    83,3%
    49
    5
    4
    80,0%
    4
    80,0%
    52
    5
    3
    60,0%
    3
    60,0%
    2005
    3
    6
    3
    50,0%
    3
    50,0%
    6
    7
    6
    85,7%
    6
    85,7%
    9
    5
    4
    80,0%
    4
    80,0%
    12
    5
    4
    80,0%
    4
    80,0%

    15

    5
    4
    80,0%
    4
    80,0%
    18
    5
    4
    80,0%
    4
    80,0%
    21
    5
    5
    100,0%
    5
    100,0%
    24
    4
    3
    75,0%
    3
    75,0%
    27
    5
    4
    80,0%
    30
    5
    5
    100,0%
    33
    4
    3
    75,0%
    36
    5
    5
    100,0%
    39
    4
    4
    100,0%
    42
    4
    4
    100,0%
    45
    4
    3
    75,0%

    Truies seules

    >
    Année
    Semaine de saillie
    Nombre de truies inséminées
    Nombre de truies échographiées pleines
    % truies pleines à l’échographie
    Nombre de mise-bas
    % mise-bas
    2004
    37
    23
    19
    82,6%
    19
    82,6%
    40
    19
    16
    84,2%
    16
    84,2%
    43
    22
    17
    77,3%
    17
    77,3%
    46
    19
    16
    84,2%
    16
    84,2%
    49
    23
    18
    78,3%
    18
    78,3%
    52
    25
    20
    80,0%
    20
    80,0%
    2005
    3
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    20
    87,0%
    20
    87,0%
    6
    22
    16
    72,7%
    16
    72,7%
    9
    22
    18
    81,8%
    18
    81,8%
    12
    23
    19
    82,6%
    18
    78,3%

    15

    18
    16
    88,9%
    16
    88,9%
    18
    21
    20
    95,2%
    19
    90,5%
    21
    22
    18
    81,8%
    18
    81,8%
    24
    22
    20
    90,9%
    20
    90,9%
    27
    19
    17
    89,5%
    30
    21
    17
    81,9%
    33
    24
    21
    87,5%
    36
    21
    18
    85,7%
    39
    21
    18
    85,7%
    42
    21
    19
    90,5%
    45
    22
    20
    90,9%


    % de truies pleines à l'échographie
    % de mise-bas

    En abscisse les semaines
    En ordonnée les %



    L'amélioration sur le troupeau est de 10 points en moyenne (88 % contre 78 %), 7 sur les truies (88 % contre 81 %), 19 sur les cochettes (89 % contre 70 %)

    Modifications mises en place pour une meilleure expression des chaleurs

    - Stress au sevrage
    - Présence du verrat pour la détection
    - Lumière permanente en verraterie


    Commentaires

    Dans un problème de fond sur la reproduction en élevage de porc comme celui-ci, la démarche initiale est de faire parler les chiffres lorsqu’ils existent. Donc, ma première difficulté a été de récupérer les données techniques. En effet, le logiciel de l’élevage permettait d’obtenir des moyennes par trimestre mais pas de données par bande. J’ai donc demandé à l’éleveur de saisir individuellement les données sur un tableur Excel.
    L’étude de ces données a permis de montrer que les performances étaient aussi mauvaises chez les truies que chez les cochettes et que les résultats étaient très irréguliers dans le temps. La première décision de l’éleveur a été de modifier la conduite de l’introduction des cochettes dans l’élevage. Je lui ai demandé de passer plus de temps avec les cochettes et de marquer les cochettes vues en chaleur. Ensuite et malgré le coût, j’ai obtenu que les cochettes soit mises sous Régumate®. J’ai défendu cette idée pour obtenir une bonne organisation des bandes.

    En parallèle, j’ai analysé les différents résultats techniques de l’élevage. Les hypothèses issues de l’étude chiffrée étaient nombreuses : sanitaire, technique, génétique, aliment…etc.
    Certaines d’entre elles ont rapidement été écartées :
    - L’aliment : l’éleveur a travaillé avec 3 fabricants d’aliment différents pour les truies. Il n’a pas noté d’amélioration.
    - Le sanitaire : des sérologies SDRP sont effectuées régulièrement et aucune séroconversion n’a jamais été observée. De plus, il est rare lorsqu’un faible taux de mise-bas est d’origine sanitaire que ce taux soit aussi constant.
    - La génétique : les résultats techniques chez les multiplicateurs sont souvent plus faibles. Nous avons contacté 2 autres éleveurs qui s’approvisionnent avec les mêmes cochettes. Leurs taux de mise-bas sont voisins de 90%.
    Après avoir rejeté ces hypothèses, l’éleveur a accepté de remettre en cause ses habitudes de conduite d’élevage alors qu’il pensait que la cause du problème était extérieure.

    Nous avons donc choisi de regarder le déroulement des étapes de la maternité jusqu’à l’échographie. J’ai donc effectué 2 visites en élevage, au moment du sevrage (réalisation du sevrage et détection) et en début de semaine saillie (détection, IA). A la suite de ces visites, des modifications d’organisation ont été proposées pour la bande suivante. L’éleveur a accepté rapidement ces modifications car il voulait absolument faire quelque chose pour améliorer ses performances.

    Les seuls éléments qui ont été modifiés étaient des choses simples et facilement réalisables par l’éleveur. J’ai effectué une visite 3 semaines après (en semaine saillie) pour discuter avec l’éleveur des mesures qu’il avait mis en place et revoir sa technique de détection de chaleurs qui me paraissait être le point clé du problème de retour en chaleur.

    Dès la première bande de cochettes sous Régumate®, les chaleurs des cochettes ont été synchrones en début de semaine et plus nettement visibles.
    Les résultats des truies ont été plus progressifs mais des différences notables ont été vues dès la mise en place des premières mesures. L’éleveur a retrouvé de la confiance et a mis encore plus d’application à modifier ses habitudes.

    Dans ce dossier, mon principal problème a été de convaincre l’éleveur de modifier des habitudes qu’il pensait bonnes et indiscutables.
    La seconde étape difficile a été la modification de la gestion du travail par l’éleveur. Il avait l’habitude de gérer son temps et son travail à l’instinct. Après lui avoir fait comprendre qu’en matière de reproduction, les étapes (notamment la détection du début de la chaleur) étaient importantes, nous avons établi un programme d’organisation des tâches où les horaires devaient être respectés avec un écart maximal d’une heure. Je n’ai pas pu vérifier que le programme avait été respecté mais l’éleveur semblait attentif et les résultats qui ont suivi ont fini par le convaincre.

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