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Cas clinique: Troubles de la reproduction

Description de l'élevage et de sa situation sanitaire
30 Août 2003
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Description de l'élevage et de sa situation sanitaire

L'exploitation est située dans une zone à faible densité porcine dans le grand Ouest de la France.

Il s'agit d'un élevage naisseur de 190 truies, les porcelets sont vendus au sevrage à 28 jours.

L'élevage achète ses cochettes à l'extérieur ainsi que les doses d'insémination.

Statut sanitaire :

Le statut sanitaire de l'élevage est bon.

SDRP
négatif
Actinobacillus pleuropneumoniae
négatif
Maladie d'Aujeszky
négatif
Mycoplasma hyopneumoniae
positif

Prophylaxies effectuées :


Prévention
Truies
Cochettes
Escherichia coli K88, K99
+
+
Clostridium perfringens type C
+
+
Parvovirose
+
+
Rouget
+
+

En 2002, les résultats techniques de l'exploitation ont été très bons :
  • Taux de mise bas > 90%
  • Sevrés par portée >11.3

    En revanche, on ne connaît pas les résultats des issues dans les exploitations de PS et d'engraissement.

    Appel de l'éleveur

    L'éleveur nous appelle suite à une dégradation importante des résultats de l'élevage :

    - Baisse de la fertilité sur les cochettes (71 % sur les 40 derniers sujets achetés soit 7 bandes environ)
    - Les porcelets nés sont beaucoup moins viables
    - La lactation des truies est assez mauvaise (agalaxie)
    - Le nombre de sevrés ne dépasse pas 10 depuis 4 bandes avec un poids au sevrage de moins de 7 kg de moyenne
    - Enfin, 3 truies sont mortes par ulcère à l'entrée en maternité et 4 ont mis bas 8 jours après terme (malgré un déclenchement aux prostaglandines la veille présumée du terme)
    - En maternité, l'éleveur a remarqué que les soucis observés étaient particulièrement accentués sur les cochettes

    Une visite d'élevage est programmée la semaine suivant l'appel.

    Visite de l'élevage

    Depuis que nous le connaissons, cet élevage est parfaitement tenu et le reste.

    Quarantaine:

    Sans nous avoir consulté au préalable, l'éleveur a changé de fournisseur de cochettes depuis plusieurs semaines (changement de schéma et de multiplicateur).
    Les cochettes proviennent du même département que l'exploitation et possèdent un très haut niveau sanitaire : indemnes App (Actinobacillus pleuropneumoniae), indemnes Mycoplasma hyopneumoniae, indemnes Pasteurella multocida dermonécrotique, indemnes maladie d'Aujeszky, indemnes SDRP et indemnes cliniques de M.A.P..

    Suite à ce changement d'origine, l'éleveur n'a pas modifié son protocole d'introduction qui comprend, le jour de la visite :
    - Vaccinations parvovirose et rouget 2 fois à trois semaines d'intervalle (protocole bien respecté)
    - Contamination par apport de délivres fraîches et hachées et de déjections de truies après mise-bas 1 à deux fois avant la mise à la reproduction

    En quarantaine, le comportement des cochettes est bon et aucune symptomatologie particulière n'est observée.

    Verraterie:

    Notons que les cochettes entrent dans le bâtiment verraterie 4 à 5 jours avant la date présumée d'I.A..
    Depuis le changement de génétique, elles présentent toux, anorexie, et légère hyperthermie dans les 15 jours suivant le transfert dans le local.
    L'état d'engraissement est correct pour l'ensemble du cheptel, les peaux sont propres.
    Le dernier contrôle urinaire est bon : moins de 10 % d'urines troubles et/ou nitrites + sur 50 urines prélevées dans le dernier tiers de la gestation.
    On ne remarque pas de décharges vulvaires à l'IA.

    Gestantes
    :


    Ce bâtiment est également très bien tenu dans sa partie "visible".
    Rien d'anormal n'est noté au niveau des animaux.
    Les auges et les doseurs sont bien nettoyés.
    Par contre, à notre demande, le démontage d'une dizaine de descentes de doseurs en galva montre un encrassement interne particulièrement important. Certaines sont quasiment bouchées par de l'aliment moisi.


    Doseurs dans le bâtiment gestantes
    Doseurs dans la verraterie


    Maternité:


    Nous ne faisons que constater les éléments ayant alerté l'éleveur :

    - agalaxies nombreuses et quasi-systématiques sur les cochettes,
    - appétit capricieux des truies,
    - portées hétérogènes et peu fournies
    .

    Aucune diarrhée n'est par contre observée sur les issues.

    Les salles de maternité sont parfaitement tenues. Les descentes en PVC sont, pour ces salles uniquement, nettoyées entre chaque lot

    Conclusions de la visite et examens complémentaires

    A l'issue de la visite, deux éléments retiennent notre attention et peuvent expliquer les problèmes observés :

    - une augmentation du microbisme trop importante et trop proche de la saillie sur les cochettes à l'arrivée en verraterie.
    10 prises de sang sont réalisées sur des animaux entrés il y a 6 semaines en verraterie :

    Positifs
    Négatifs
    SDRP

    0

    10
    Mycoplasma hyopneumoniae
    8
    2

    - une contamination par les mycotoxines dans les descentes des doseurs dans le bâtiment des gestantes. Par sécurité, l'aliment a été analysé à la livraison mais le résultat a révélé une absence des mycotoxines majeures (aflatoxines, zéaralénone, T1 et T2). Les moisissures déposées à l'intérieur des descentes n'ont pas été contrôlées, la contamination étant clairement établie visuellement.

    TRICHOTHECENE B
    TRICHOTHECENE A
    ZEARALENONE
    Déoxynivalénol
    Nivalénol
    Fusarénone X
    Diacétoxyscirpénol
    T2 Toxine
    Zéaralénone
    < 200 ppb
    < 200 ppb
    < 200 ppb
    < 200 ppb
    < 200 ppb
    < 10 ppb


    Diagnostic

    En tenant compte des symptômes et lésions observés, des résultats d'analyses mais aussi des observations réalisées et de l'épidémiologie recensée, le diagnostic qui a été posé est : troubles de la reproduction dus à une augmentation du microbisme et à la présence de moisissures (mycotoxines) .

    Mesures conseillées et évolution du cas

    Mesures conseillées

    Incorporation des cochettes


    - Mise en place d'une vaccination mycoplasme (vaccin mycoplasme monodose) le jour de la livraison des cochettes

    - Mise en place d'une contamination progressive avec :
    o Délivres fraîches hachées à partir de 8 jours après l'arrivée, 2 fois par semaine, et ceci 2 fois à 3 semaines d'intervalle
    o Déjections de truies après mise-bas de la même façon que les délivres
    o Truie de réforme bloquée (1 pour 5 cochettes) permettant un contact nez à nez

    - Cure d'oligo-éléments et de vitamines pendant les 8 jours suivant l'arrivée et de nouveau pendant 8 jours 1 mois après
    - Antibioprophylaxie à base de tylosine (400 ppm) et d'oxytétracycline (1000 ppm) les 8 jours suivant le transfert en verraterie

    Intoxination par les mycotoxines

    - Nettoyer complètement et très rapidement les descentes en galva de la salle des gestantes. Les changer si possible au profit de descentes en PVC. Adopter un rythme de nettoyage semestriel et rehausser les descentes (actuellement le bas des descentes est à 10-15 cm du niveau de l'eau ce qui favorise les remontées d'humidité)
    - Dans l'attente de ce nettoyage, privilégier pour les cochettes et les truies les moins lourdes les descentes les moins polluées
    - Les trois dernières semaines de gestation et la première après mise -bas, distribution manuelle quotidienne à l'auge d'un capteur et inactivateur de mycotoxines

    Evolution du cas

    Les problèmes observés en maternité ont cessé dés l'arrivée en mise bas des truies ayant reçu le capteur de mycotoxines.
    Dés que les descentes d'aliment du bâtiment gestantes ont été nettoyées, la distribution du capteur de mycotoxines a été suspendue et les problèmes ne sont pas réapparus.

    Pour ce qui est de la fertilité et de l'adaptation des cochettes, les deux dernières bandes ont eu un taux de fertilité écho de 90 % (95 pour les cochettes) et elles ne toussent plus à l'arrivée en verraterie.

    L'élevage est de nouveau stable et on peut penser qu'il va retrouver rapidement ses performances antérieures.

    Commentaires

    Ce cas met en relief plusieurs points qui nous ont semblé intéressants de discuter :

    1- Sous une même "rubrique pathologique", à savoir des troubles de la reproduction, deux étiologies qui n'avaient rien à voir entre elles ont pu être mises à jour. Les examens de laboratoire ne peuvent permettre de faire un diagnostic sans une visite approfondie de l'élevage. Dans ce cas, seul le démontage des descentes d'alment a permis de mettre en évidence la contamination potentielle de l'aliment des gestantes. Les analyses d'aliment à la livraison ne pouvaient démontrer quelque chose. Analyses de laboratoire et visites d'élevages sont des complèments indispensables.

    2- L'introduction et l'adaptation des jeunes reproducteurs ne sont jamais choses faciles. Même pour cet élevage ayant a priori un bon niveau sanitaire, la réception de cochettes encore plus saines n'a pas été sans risque. Ainsi, pour une pathologie (mycoplasmose respiratoire) qui dans ce contexte pourrait paraître mineure, les conséquences ont malgré tout été assez graves du fait d'une prophylaxie vaccinale mal adaptée, d'un programme de contamination insuffisant et enfin d'une mise en contact avec le cheptel reproducteur trop proche du moment de la mise à la reproduction.

    3- Les problèmes peri-partum observés dans ce cas clinique et liés à une intoxination par les mycotoxines soulèvent plusieurs questions qui avaient d'ailleurs interpellées l'éleveur concerné :

    a. Pourquoi les cochettes ont-elles été davantage touchées alors qu'a priori elles étaient soumises à la même pression toxique ?

    b. Pourquoi n'a-t-on observé des symptômes reproductifs qu'en maternité ?

    c. Comment expliquer les portées hétérogènes et les mises bas retardées ?

    La question concernant la sensibilité des cochettes est assez facile à expliquer. Etant donné que nous étions confrontés à un phénomène toxique, il ne faut pas oublier que la toxicité d'un produit dépend de la dose ingérée par le sujet et du poids vif de ce dernier. Les cochettes étant plus légères, la pression toxique la même, la dose pondérale (quantité de toxique par unité de poids vif) est donc plus élevée chez les cochettes.

    Ensuite, l'exposition aux mycotoxines ayant eu lieu dans le seul bâtiment des gestantes (descentes parfaitement propres en verraterie et maternité), le séjour de 4 semaines en maternité a permis aux animaux de se détoxifier et les conséquences sur le cycle reproductif suivant sont minimes.

    Enfin, la contamination par certaines mycotoxines peut induire des modifications circulatoires à même de perturber les relations mère-fœtus. Aussi, les échanges nutritifs (pour le poids de portée à la naissance) et hormonaux (pour le mécanisme de déclenchement de la mise bas) peuvent être perturbés.

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