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Marché à terme de Hanovre : le point de vue de l’économètre de 3trois3 n’est pas le mien !

Renaud de Kerpoisson

1 19-Sep-2006 18:36 (il y a 17 ans 7 mois 1 jours)

Le point de vue de l’économètre de 3trois3 n’est pas le mien ! Les marchés à terme ne sont pas des outils de spéculation, mais des outils de gestion de risque. Leur intérêt économique est tout à fait justifié dans le cadre de marchés volatils. Je pense que nous sommes d'accord sur ce point. Cependant, vous affirmez dans votre article (rubrique économétrie) que les cotations entre les cours du jour et les cotations à terme du marché de Hanovre ne sont pas corrélées et cela semble vous poser un problème "métaphysique". Vous avez raison les cours ne sont pas bien corrélés et c'est NORMAL car il n'y a aucune raison que les cours à terme et les cours comptants soient corrélés sur le marché du porc de Hanovre. En effet, il ne s'agit pas de produits stockables et saisonniers comme c'est le cas pour les céréales ou les oléagineux. Le simple fait de pouvoir stocker une marchandise offre une alternative au céréalier : celle de ne pas livrer un marché rapproché si le prix de ce dernier ne lui convient pas et de reporter ses ventes sur une échéance ultérieure si le prix lui semble plus rémunérateur à terme, et inversement bien sur. Ainsi, on observe une valeur de stockage (écart entre deux échéances d'un marché à terme) relativement constante entre deux échéances d'un marché à terme de produit stockable et saisonnier. Cependant, il est possible d'observer également sur ces mêmes marchés, des fluctuations importantes sur les échéances cotées et d'intensité différentes, notamment lorsque l'on observe des pénuries ou des surproductions sur les marchés. N'avez vous jamais vu du soja plus cher sur le rapproché que sur l'éloigné ou du soja moins cher sur le rapproché que sur l'éloigné? Le fait que les cours au comptant ou futur ne soient pas parfaitement corrélé est une chose tout à fait normale. Les cours des marchés à terme dont les sous jacents ne sont pas stockables (c’est le cas du porc) dépendent directement des conditions d'offre et de demande et des anticipations de risques que ressentent plus ou moins intensément les opérateurs. Vous semblez actuellement haussier sur le marché de la viande de porc et c'est votre droit le plus légitime de différer une éventuelle couverture ou de ne pas en prendre. Vous acceptez cependant dans ce contexte le risque de voir le marché baisser. D'autres opérateurs ne partagent pas votre vision des choses et parce qu'ils savent que les marchés sont "des équilibres précaires", préfèrent assurer une marge en achetant l'aliment en livraison différée et en vendant le porc à terme, même sur des prix qui vous semblent bas dans le contexte actuel. Faire référence à une expérience de deux ans et citer un exemple très ponctuel de marché est peu être un peu « léger » pour justifier un point de vue. Il se passe simplement que la demande de viande de porc a été très forte au cours de la Coupe du monde et que les prix sont montés plus vite sur le rapproché que sur l'éloigné. La baisse des stocks de congelé observée, et à laquelle vous faite du reste référence, justifie le développement d'une prime de risque qui se manifeste par une hausse des prix plus forte sur le rapproché que sur l'éloigné. Si la « pénurie » perdure, les prix grimperont également sur les échéances éloignées, dans un second temps. On parlera alors de « Bull Spread ». Le deuxième point que vous abordez fait référence à la possibilité de gagner de l'argent à court terme (1 à 2 mois)...Encore une fois, les marchés à terme ne sont pas des outils pour faire gagner de l'argent en spéculant sur les marchés, mais des outils pour gérer des risques de fluctuation de prix. Un gain sur un marché financier compensera un prix bas sur le marché comptant et inversement. On peut donc avoir un très bon résultat d’exploitation tout en ayant des pertes sur un marché à terme (pertes qui rentrent en charges d’exploitation). Ce qui compte vraiment, c’est ce qu’il reste à la fin pour assurer le développement de l’exploitation agricole et le revenu régulier de l’éleveur. En outre, votre propos n'est pas très cohérent car dans votre introduction vous écrivez que "les marchés se sont effondrés en deux semaines". Implicitement vous reconnaissez qu'il est possible de "gagner" ou de "perdre" 10 à 15 centimes en deux semaines (ce qui représente plus que le résultat net d'une exploitation porcine moyenne...). Les éleveurs peuvent donc, contrairement à vos propos, subir une baisse des prix de 15 centimes en deux semaines. Les agriculteurs qui se sont couverts sur les marchés à terme sur des échéances rapprochées ont reçu une compensation financière de 15 centimes, compensation que l’éleveur qui ne se couvre pas n’a malheureusement pas eu... Le troisième point que vous abordez concerne l'impossibilité d'intervenir sur le marché des options à Hanovre. Vous avez raison Hanovre ne propose pas encore de contrat d'option et cela est lié à un problème technique. Le marché des options est proche de celui de l'assurance et les vendeurs d'options (les assureurs) ne trouvent pas encore aujourd'hui suffisamment de liquidité sur le sous jacent, c'est à dire sur le marché à terme, pour gérer les risques liés au vente d'option (gestion des ventes d’option en delta neutre). Nul doute que Hanovre ouvrira un contrat d’option et que vous trouverez sur ce marché des vendeurs d'option si le marché à terme gagne en liquidité ; c’est l’intérêt du marché que d’avoir des produits liquides et rémunérateur pour lui. Le marché à terme du blé et du colza ont connu un problème analogue de 1996 à 2000. Les options ont été lancées sur ces marchés respectifs quelques années après le développement du marché à terme. Si vous voulez des options, contribuez à développer la liquidité du marché à terme, sinon vous serez contraint de vous passer de ce produit, qui semble pourtant répondre à vos attentes sur le marché des céréales! Quand à votre point de vue que "les options sont indispensables à la gestion d'un marché futur", il s'agit la encore d'un propos très personnel, car on peut très bien fixer une marge d’exploitation en intervenant uniquement sur un marché à terme. J’ajouterai qu’en général, ce ne sont pas les spéculateurs qui gagnent de l’argent sur les marchés à terme mais plutôt les opérateurs en couverture. Je comprends dans ce contexte la déception que vous avez du marché de Hanovre. Vos propos et votre expérience ne sont pas de nature à donner envie à d’autres éleveurs de découvrir cet outil de gestion. Peut-être n’opérez vous pas sur ce marché en couverture ? Si vous souhaitez avoir les noms d’éleveurs satisfaits d’avoir obtenus les marges qu’ils attendaient, n’hésitez pas à me contacter, je vous mettrai en contact avec eux car vous ne semblez pas en connaitre beaucoup. Merci enfin de souligner dans votre point 4 l'intérêt du marché à terme comme outil d'information mais il est clair que si pour vous il semble vous indiquer le sens du marché de Plérin dans les jours à venir (ce qui me semble très aléatoire), c’est, avant tout, pour la plupart des éleveurs avec qui nous travaillons la possibilité de calculer une marge prévisionnelle avant de se décider à fixer une marge d’exploitation pour une période à venir. Contrairement à ce que vous écrivez, le suivi des couvertures prend peu de temps sur un marché. Ce qui prend du temps, c'est d’essayer de répondre à la question « quand vendre » ou « quand acheter », éternelle question du spéculateur. Il s’agit juste de savoir si l’on veut être « price taker » (celui qui subit le marché) ou « price maker », (celui qui fixe son prix de revient). A mon avis, un producteur doit avant tout chercher à diminuer ses risques et non pas à les augmenter et le marché à terme de Hanovre permet, sans aucun doute, de répondre à cet objectif. Après consultation de notre base de données, j'ai à la fois plaisir de voir que vous êtes client de l'entreprise et que vous achetez nos produits d'information et de prévision sur le marché des céréales depuis quelques années mais je suis également peiné de voir que mes collaborateurs n’ont pas été de bons formateurs sur le marché à terme du cochon …ou que vous n’avez pas su faire bon usage de la formation que vous avez suivi avec nous. Pour votre information et pour aider les éleveurs de porcs à mieux appréhender la vie des marchés, nous lancerons un produit d’information et de prévision sur le marché du porc dans quelques semaines, un produit analogue à ce que nous faisons sur les céréales. Bien cordialement Renaud de Kerpoisson Directeur Général d’Offre et Demande Agricole
Hilaire Herbert

2 20-Sep-2006 12:26 (il y a 17 ans 7 mois)

Si j’ai mis au point en 1986 le programme de suivi technico économique MACPORC, toujours en fonctionnement aujourd’hui, et à partir duquel le IMAC est calculé chaque mois dans Porc Magazine, c’est parce que la connaissance du prix de revient me paraissait déjà à cette époque, fondamentale. Si en 1991, je me suis investi personnellement dans l’élevage porcin, c’est également pour maîtriser au mieux le financement et le fonctionnement d’un élevage. Lorsque aujourd’hui, curieux d’expérimenter tous les nouveaux systèmes permettant d’optimiser les résultats en production porcine, je m’interroge et m’astreins, avec quelques clients éleveurs, à une formation sur le marché à terme, c’est encore dans le souci de recherche de progrès. Si mes interrogations et mes constatations sur le marché à terme balbutiant de Hanovre, n’ont pour seules réponses celles à la limite de la condescendance que vous venez de me faire, je suis au regret de vous dire que vous êtes très loin, trop loin de la philosophie du producteur de porcs pour comprendre son fonctionnement et ses aspirations. Mes observations sont celles de quelqu’un qui s’est immergé au milieu d’un groupe de 12 éleveurs et qui s’est interrogé à chacun des abandons. A la dernière réunion nous n’étions que 3, et puisque vous mettez en doute mon expérience et les limites de mon information, sachez que les personnes que j’ai conctactées dans les rares groupes de travail constitués, que ce soit chez vous ou ailleurs, m’ont affirmé ne connaître que des producteurs perdants sur le marché de Hanovre, mais si vous avez des références positives, n’hésitez pas à me les communiquer, je serais heureux de les analyser. Que vous puissiez contribuer aujourd’hui à la maîtrise du prix de revient en France dans l'alimentation, je m’en réjouis, mais que vous prétendiez améliorer le prix de vente moyen de l’éleveur sur le long terme par le marché de Hanovre, car c’est bien là l’enjeu, permettez-moi d’en douter. De toute façon, si le nombre de transactions sur le long terme n’augmente pas, il faudra bien qu’à votre tour, vous vous interrogiez. Sincères salutations Hilaire HERBERT
RAYNAU1

3 25-Sep-2006 0:37 (il y a 17 ans 6 mois 26 jours)

Un point que personne ne me semble avoir soulevé sur le marché à terme. Le propre et l'essentiel lorsque l'on prend une position sur un marché à terme est de savoir sortir avant le terme. Pour réussir sur ce marché, il faut connaître et être capable d'anticiper un mouvement durant une période donnée, sinon, c'est du casino. A ma connaissance aucun système mathématique fiable ne peut anticiper correctement les évolutions de ce marché qui est un marché comme un autre. Ensuite, que le terme soit différent du comptant, cela est le cas dans tous les marchés.
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