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Les mouches, vecteurs de maladies: modes de transmission

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Il existe beaucoup de vecteurs de contamination / transmission de germes pathogènes dans un élevage de porcs. Même si la voie la plus fréquente de pénétration de la maladie est l’introduction ...

Il existe beaucoup de vecteurs de contamination / transmission de germes pathogènes dans un élevage de porcs. Même si la voie la plus fréquente de pénétration de la maladie est l’introduction d’animaux infectés, de nombreuses autres possibilités existent. Les insectes, et plus particulièrement les mouches, en sont un élément qu’il ne faut pas négliger. On a montré qu’elles peuvent voyager sur une distance de 1,5 kilomètres entre les fermes, et transporter certains germes infectieux. Leur rôle éventuel, dans la transmission de ces agents d’une exploitation à l’autre, est mal connu. Il n’est probablement pas très important mais il n’en demeure pas moins que la distance entre les exploitations, la propreté des lieux et un bon programme de contrôle des mouches constituent des moyens de se prémunir contre ce risque.

Les mouches sont pathogènes à divers titres :

- Elles jouent un rôle dans le transport de bon nombre de germes (bactéries, virus, parasites).
- Elles ne sont qu’exceptionnellement hôte intermédiaire de parasites. C’est cependant le cas dans la thélaziose, infection conjonctivo-palpébrale due à un nématode chez le cheval, le bœuf, le chien, le chat et plus rarement l’homme, et dans l’habronémose du cheval où la mouche joue un rôle de vecteur biologique.
- Elles troublent le confort de l’animal par leur harcèlement et leur bourdonnement.[6]

Contrôle

Les mouches sont un problème récurrent en élevage qui, d’une manière générale, débute chaque printemps. Pour combattre efficacement les insectes, il est important de mettre en place rapidement un programme de contrôle afin d’éviter le surpeuplement : chaque femelle effectue 6 pontes de 1500 œufs ; la descendance théorique d’une femelle est de 1020 mouches en 4 mois !

Œufs
Larve

Il faut en effet garder en mémoire qu’une mouche pond en moyenne 400 œufs (à 16°C, au mois d’avril) qui donnent naissance environ 48 jours plus tard à 400 mouches adultes.

Vers mi-juin, à 20°C, ces 400 mouches produiront 20 jours plus tard 160 000 œufs.

En juillet, à 25°C, ces 160 000 mouches pondront 64 millions d’œufs qui donneront autant de mouches adultes 15 jours plus tard. *

Il est donc évident que, ayant préféré la production porcine à celle des mouches, votre intérêt est de prévenir l’augmentation de la population d’insectes en début de saison plutôt que d’essayer de contrôler une grande densité plus tard.

* la durée du cycle de développement de la mouche dépend de la température.

Importance du rôle des mouches dans la biosécurité en élevage porcin

Même si « l’unique présence de mouches n’est pas un signe de mauvaise conduite d’élevage, ni de mauvais contrôle sanitaire (...) elles sont d’excellentes indicatrices d’une mauvaise gestion du lisier et de l’hygiène en général ». [4]

Le rôle des mouches a été cité dans la propagation de la maladie d’Aujeszky, de la peste porcine, du rouget, de Staphylococcus aureus, de la coccidiose (Isospora sp.), de la trichurose (Trichuris suis). (TIDWELL, 1972) [2] (Scott DEE, 2003) [9]

Plusieurs travaux expérimentaux n’ont pu mettre en évidence le rôle des mouches dans la propagation des Brachyspira.

Dans les paragraphes suivants, nous allons signaler les agents pathogènes pour lesquels la mouche domestique (Musca domestica) a un rôle de transporteur et/ou de vecteur démontré dans la littérature récente.

Maladies à virus,

Gastro-entérite transmissible (GET),

Musca domestica a été citée comme un vecteur mécanique de dissémination du virus de la GET. Des antigènes GET ont été détectés chez des mouches dans un élevage de porcs ou la GET était endémique, et des mouches inoculées expérimentalement ont excrété le virus pendant 3 jours. (Réal BOUTIN, 2001) [1] (PILCHARD 1965) [2] (WADDILOVE, 2007) [7]

Syndrome Dysgénésique et Respiratoire du Porc (SDRP),

Le virus a été mis en évidence dans et sur des mouches sauvages et des moustiques. Dans des conditions expérimentales, OTAKE a démontré la transmission mécanique de SDRP par des moustiques et par Musca domestica. Avant tout, les études suggèrent que les mouches et les moustiques pourraient servir de vecteur mécanique de SDRP. Cependant, les informations disponibles ne prouvent pas que SDRP soit une infection causée par les arthropodes qui ne peuvent être un vecteur biologique du virus. Associée à une transmission par voie aérienne, les insectes pourraient être une explication à des contaminations d’élevages à longue distance, en l’absence d’autres sources de virus. (OTAKE 2004, 2003) : le virus survit dans le tube digestif de la mouche pendant plus de 12 heures mais pas sur son corps. [2] [8]

Stomatite vésiculeuse ou maladie vésiculeuse,

- Elle a l’apparence clinique de la fièvre aphteuse. La transmission du virus peut se produire par contact direct ou par piqûres d’insectes. Pour au moins 2 groupes d’insectes piqueurs, il est démontré une transmission du virus à un hôte sensible. Il s’agit de Lutzomyia spp (phlébotome) de Simulium spp (moucheron). (CUPP et al, 1992 - TESH et al, 1972)
- De plus, le virus a été isolé de plusieurs groupes d’insectes tels que les moucherons et les moustiques, tant pendant une période d’épidémie déclarée qu’en l’absence d’épidémie dans des zones où le virus sévit à l’état endémique. (FRANCY, 1988 - SUDIA, 1967)
- La maladie, suite à une transmission par insecte, a été récemment démontrée. (MEAD, 2004)

Circovirus

SHERIDAN (Manitoba) a confirmé par Polymerisation Chain Reaction (PCR) que les mouches peuvent être positives pour le circovirus de type 2.

Maladies bactériennes

Salmonellose,

Il existe énormément de sources potentielles d’infection par Salmonella. Les mouches sont régulièrement citées parmi les agents de portage et de dissémination du germe. Même si les travaux de HOLT pour l’USDA ne s’adressent pas aux porcs, ses résultats sont à méditer car ils prouvent que des poules infectées par Salmonella enteritidis contaminent 45 à 50 % de la population de mouches domestiques (Musca domestica) en moins de 48 heures. Même si le seul contact des mouches infectées ne suffit pas à contaminer des poules saines, en revanche, les poules qui mangent les mouches se retrouvent infectées par S. enteritidis. [3]

Yersinia enterolitica : Yersiniose,

L’infection des porcs n’engendre pas de signes cliniques particuliers mais le germe a été isolé en post sevrage chez des porcelets présentant une diarrhée noirâtre et de la fièvre. Par contre, chez l’homme, ce germe est une cause de toxi-infection alimentaire, et il a été montré que les souches humaines et animales sont identiques et largement répandues à travers le monde. Une étude a montré que la présence importante de mouches est un facteur de risque de colonisation des charcutiers par yersinia. Selon ces travaux, les mouches sont associées à 3 modes de contamination :
- l’excrétion fécale des germes,
- le transport passif : ses ailes et ses pattes qui permettent de déposer à chaque contact 0,1 mg de matières organiques,
- la régurgitation de sa salive.
Les deux premières voies paraissent les plus importantes puisque 6 millions de bactéries ont été isolées de la surface corporelle d’une seule mouche et que plus d’une centaine d’espèces pathogènes ont été identifiées dans son tube digestif.

Tuberculose

Des investigations conduites en République Tchèque et en Slovaquie montrent que Mycobacterium avium sérotype 8 peut être disséminé par des mouches adultes. (FISCHER et al, 2001)

Charbon bactéridien ou anthrax

Des études américaines ont montré expérimentalement que la mouche charbonneuse (Stomoxyx calcitrans) transmet le germe Bacillus anthracis et la maladie quatre heures après un repas contaminant.

Streptococcus suis,

ENRIGHT (1987) a montré que les mouches peuvent transporter Streptococcus suis type 2 pendant au moins 5 jours et peuvent contaminer les supports sur lesquels elles se nourrissent pendant au moins 4 jours. Ainsi, les mouches peuvent répandre l’infection à l’intérieur de l’exploitation mais aussi entre exploitations. [1]

Chlamydiose,

La transmission par les mouches a été citée dans des cas de conjonctivite porcine à Chlamydia trachomatis. (ROGERS et al., 1993) [2]

Maladies parasitaires

Ascaridiose
L’ascaris femelle est une prodigieuse machine à pondre (quelques centaines de milliers à 2 millions d’œufs par jour) des œufs très adhérents, qui collent, entre autres, aux pattes et corps des mouches qui les transportent et les disséminent, jouant ainsi un rôle de vecteur mécanique.

A retenir [5]

- Les mouches sont des vecteurs potentiels de propagation de maladies au sein des élevages.

- La première mesure à prendre pour combattre les mouches et les autres insectes est de maintenir la propreté des lieux. Les secteurs humides, le fumier, la vieille litière et les aliments qu’on a laissés traîner sur le sol sont autant de milieux propices à la reproduction des mouches.

- Lorsqu’on laisse une fosse ou une lagune de lisier sans l’agiter, il se forme à sa surface une croûte où les mouches iront pondre et se reproduire.

- Si possible, il faut disposer les pièges à mouches à l’intérieur de vieux bidons en plastique découpés sur le côté et dans lesquels on placera un insecticide. Les mouches mortes doivent être régulièrement jetées dans un contenant à déchets, et non dans le fumier, car les femelles mortes peuvent encore contenir des œufs viables qui auraient alors l’occasion d’éclore.

- Toujours garder les insecticides hors d’atteinte des porcs.

- Lire et toujours suivre scrupuleusement le mode d’emploi de l’insecticide utilisé.

Bibliographie


[1] CRAAQ 2001 - 22ème colloque sur la production porcine – page 65

[2] Diseases of Swine - 9th Edition - Blackwell Publishing

[3] L’Essentiel - N° 95 du 24 avril au 7 mai 2008

[4] GP MARTINEAU
Maladies d’élevage des porcs - Editions France Agricole

[5] Programme AQC - Manuel du producteur - 2ème version 2004 – page D6-4

[6] SOGEVAL
Proximal - L’actualité vétérinaire des filières n° 49 - Avril 2008 – page 3

[7] Pig International – November 2007

[8] International Pig Letter – March 2004 – Vol. 24 – N°1b

[9] International Pig Letter – January 2003 – Vol. 22 – N°11

Commentaires de l'article

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07-Jul-2015ramdaneramdanejet mon coq des v orée par asticot pas de rem aide a méconnaissance
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