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Dépeupler et repeupler un élevage positif en APP : quand les chiffres nous donnent raison

Moins de pertes, moins de dépenses en médicaments et un meilleur indice de consommation se traduisent par un retour sur investissement de 100 % dans ce projet de dépeuplement-repeuplement.

Début du problème

il s'agit d'un élevage de type site 1 (naissage), comptant 1 300 truies, situé dans la province d'Albacete (Espagne) et fonctionnant par bandes de 3 semaines. L'élevage est assez isolé, les seuls élevages voisins sont un engraissement et un sevrage qui font partie de la même entreprise.

Il est vacciné contre le SDRP avec un vaccin vivant, mais aucun foyer n'est jamais apparu et le flux de porcelets est négatif.

L'élevage fonctionnait en auto-renouvellement et disposait d'un noyau génétique interne qui n'avait pas reçu d'animaux pendant plusieurs années jusqu'à ce que, fin 2014, un apport ponctuel de grand-parentales soit introduit directement dans l’élevage afin de le renouveler. En théorie, ces animaux sont négatifs au SDRP, au mycoplasma et à l'APP, mais l'APP n'est pas contrôlé.

En septembre 2015, les premiers cas d'APP apparaissent à l'entrée en engraissement et dans le cheptel interne. Le sérotype 9/11 est isolé.

Premières mesures de contrôle

Dans un premier temps, un traitement antibiotique à base de marbofloxacine est administré aux truies autour de la mise bas, puis un autovaccin est utilisé peu après. Une fois l'autovaccin mis en place, on tente de se passer du traitement antibiotique, mais début 2017, des cas réapparaissent chez les animaux en sevrage et en engraissement, ce qui conduit à la reprise du traitement antibiotique en maternité.

Bien que l'éradication ne soit pas possible en raison du cantonnement des bactéries dans les amygdales, une tentative de rupture de la transmission verticale a été effectuée en août 2017. Elle consiste en un traitement à la marbofloxacine (IM, à la dose recommandée dans la fiche technique) de toutes les truies de renouvellement, des reproductrices et des porcelets en maternité, à renouveler au bout de 5 jours. Au cours des 6 mois précédents, aucun animal de renouvellement interne n'avait été introduit, ce qui a été compensé par l'arrivée de 400 animaux après le traitement.

Malheureusement, peu de temps après, des cas sont apparus tant chez ces 400 truies de renouvellement quen sevrage et en engraissement.

En 2018, l'application de l'autovaccin et le traitement à la marbofloxacine chez les truies en maternité ont été repris. La situation est restée sous contrôle pendant un certain temps, mais en 2022, les pertes en engraissement ont explosé. Cela nous a amenés à envisager le dépeuplement comme seule alternative pour résoudre le problème et réduire la consommation d'antibiotiques.

Figure 1 : Comparaison annuelle des mortalités et des dépenses en médicaments pour 100 kg de poids vif avant et après le dépeuplement-repeuplement dans la zone d'engraissement.

Figure 1 : Comparaison annuelle des mortalités et des dépenses en médicaments pour 100 kg de poids vif avant et après le dépeuplement-repeuplement dans la zone d'engraissement.

Protocole de dépeuplement-repeuplement

Dans un premier temps, les porcelets ne sont plus transférés vers l'élevage. Un calendrier est établi, qui fixe la dernière bande à inséminer en juin 2023. À partir de ce moment, toutes les truies sevrées seront envoyées à l'abattoir. Le dernier sevrage aura donc lieu début novembre.

Afin de minimiser les pertes de production, les cochettes destinées au repeuplement hors de l'élevage seront inséminées et entreront à la fin du mois de décembre, ce qui laissera l'élevage totalement vide pendant un mois et demi. Pendant cette période, un nettoyage et une désinfection en profondeur de toutes les installations, y compris les fosses à lisier, seront effectués. Un effort particulier sera fait pour éliminer les rongeurs et retirer tous les restes d'aliment qui pourraient se trouver dans l'exploitation.

La structure en bandes de 3 semaines sera maintenue. La dernière bande inséminée avant le vide sera celle de la semaine 24 et la première bande inséminée (hors de l'élevage) sera celle de la semaine 37. Par conséquent, les bandes non inséminées sont celles des semaines 27, 30, 33 et 36, ce qui équivaut à une perte de production de 3,5 bandes, soit 20 % de la production totale de 17 bandes par an.

Figure 2.Calendrier du programme de dépeuplement-repeuplement

Figure 2.Calendrier du programme de dépeuplement-repeuplement

En dehors de l'élevage, cinq bandes sont inséminées au total. Cela représente un défi logistique considérable, car il faut organiser le remplissage de plusieurs élevages, synchroniser les chaleurs et les inséminations en bandes dans des installations qui ne sont pas prévues à cet effet.

L'élevage sera définitivement vide le 7 novembre 2023 et les animaux y seront réintroduits le 19 décembre.

À partir du remplissage, l'auto-renouvellement sera supprimé et remplacé par des élevages externes.

Résultats

Après le repeuplement, aucun cas d'APP n'a été détecté à aucun stade et les animaux restent séronégatifs à ce jour. Il convient de souligner que le dépeuplement a également été mis à profit pour éliminer le SDRP et le mycoplasme de l'élevage.

Engraissement : mortalité et consommation d'antibiotiques

La santé des premiers lotes d'engraissement après le dépeuplement a été affectée par une incidence élevée d'ulcères et une contamination latérale par le SDRP. De plus, tous les porcelets étaient issus de truies primipares. Malgré cela, la réduction des pertes par rapport aux derniers lots d'engraissement avant le dépeuplement a été considérable et la consommation de médicaments a diminué de manière spectaculaire.

Figure 3 : Comparaison mensuelle des mortalités et des dépenses en médicaments pour 100 kg de poids vif avant et après le dépeuplement-repeuplement dans la zone d'engraissement

Figure 3 : Comparaison mensuelle des mortalités et des dépenses en médicaments pour 100 kg de poids vif avant et après le dépeuplement-repeuplement dans la zone d'engraissement

Figure 4 : Évolution de l'indice de consommation standardisé entre 18 et 100 kg.

Figure 4 : Évolution de l'indice de consommation standardisé entre 18 et 100 kg.

L'indice de consommation moyen après le dépeuplement a été de 2,302 (Duroc castrés) et celui de la période équivalente de l'année précédente était de 2,399. Cela représente une économie de 3,5 € par porc.

Élevage de truies : évolution de la consommation d'antibiotiques.

Une réduction drastique de la consommation d'antibiotiques a été observée dans l'élevage des truies, avec la disparition totale de la consommation d'antibiotiques du groupe B.

Les traitements administrés aux truies en lactation pour contrôler l'excrétion d'Actinobacillus pleuropneumoniae étaient à base de marbofloxacine (groupe B), car c'était l'antibiotique qui s'était révélé le plus efficace. À plusieurs reprises, d'autres antibiotiques ont été testés, comme le florfenicol (groupe C), mais les résultats ont été moins bons.

Tableau 1. Consommation d'antibiotiques dans les élevages de truies 2023 vs 2024

2023 2024
Voie Cat Ind *ESVAC % Ind ESVAC %
0008 Marbofloxacine Inyectable B 5,73 58,42% 0,09 100%
7034 Amoxiciline trihydrate Oral D 2,21 22,58%
7034 Amoxiciline trihydrate Inyectable D 0,5 5,13%
7056 Florfenicol Inyectable C 0,09 0,97%
7125 Doxycycline Hyclate Oral D 1,27 12,90%
9,81 100% 0,09 100%

*ESVAC: European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption

De plus, les antibiogrammes successifs réalisés avant le dépeuplement ont révélé une réduction inquiétante de la sensibilité à divers antibiotiques.

Dernière analyse

UG2070205-28/01/2020
Élevages truies

UG1871522-02/10/2018
Élevages truies

Cat. Antibiotiques Méthode CMI (mg/l) Résultat CML (mg/l) Résultat CMI (mg/l)
D Sulfaméthoxazol/triméthoprime . Sulfamide CMI 0,12 Sensible - Sensible ≤ 0,12
C Florfenicol - phénicols CMI 0,5 Sensible - Sensible 0,25
C Tiamuline-Pleuromutilinaes CMI 16 Sensible - Sensible 8
C Tildipirosine - Macrolides CMI 4 Sensible - 4
C Tilmycosine - Macrolides CMI 8 Sensible - Sensible 8
C Tulatromycine - Macrolides CMI 32 Sensible - 32
B Ceftiofur -Céphalosporines CMI ≤ 0,06 Sensible - Sensible ≤ 0,06
B Enrofloxacine - Quinolones CMI 0,06 Sensible - Sensible ≤ 0,03
B Marbofloxacine - Quinolones CMI ≤ 0,03 Sensible - Sensible ≤ 0,03

Étude économique

D'autre part, il convient d'analyser le coût économique du vide, afin d'évaluer le temps nécessaire pour son amortissement.

ENTRÉES

VIDE (second semestre 2023)

Viande vendue

Truies Poids truie (kg) kg totaux prix € TOTAL €
1.300 215 279.500 1,04 290.680
DÉPENSES

Coût d'autoproduction

Âge insémination 7/9 mois*
Poids insémination 160 kilos
TOTAL €

Coût € hybride à l'insémination

260 (x 1300) 338.000

Coût jusqu'au début de la production

Coût supplémentaire pour les animaux élevés à l'extérieur

35.352
Aliment -

Intrants pour inséminations externes

-

Main-d'œuvre supplémentaire

2.000
Perte de production
3,5 lots 71.500
Total dépenses 446.852
Dépenses-entrées 156.172

Pour réaliser cette évaluation, le critère du prix de revient a été utilisé. Les dépenses tiennent compte du manque à gagner du propriétaire de l'élevage, mais pas de la perte d'opportunité (le bénéfice lié à la vente des porcelets non produits).

D'autre part, les bénéfices tels que l'amélioration de l'image et la satisfaction dans les engraissements, grâce au passage d'un état sanitaire très mauvais à un état sanitaire SPF (exempt de pathogènes spécifiques), n'ont pas non plus été évalués.

Les économies réalisées pendant la phase d'engraissement sont dues à trois facteurs :

  • Diminution de la consommation de médicaments = 2,5 euros
  • Réduction des pertes = 3,5 euros
  • Amélioration de l’IC = 3,5 euros

Lconomie totale en engraissement est de 9,5 € par porc produit.

Avec 33 000 porcs produits par an * 9,5 € = 313 500 €.

Cette analyse ne tient pas compte de la réduction des coûts liés aux médicaments et à la vaccination dans l'élevage des truies.

Le retour sur investissement (ROI) est un bon indicateur, car il correspond au montant obtenu pour l'investissement réalisé.

ROI =

(bénéfice obtenu - argent investi)

= %
argent investi

Le retour sur investissement la première année serait de :

(313.000-156.172) = 1,007 soit un ROI del 100%.
156.172

Exprimé en temps, l'investissement est récupéré en 6 mois.

Des projets comme celui-ci permettent non seulement d'améliorer les coûts de production, mais constituent également un tournant, une amélioration radicale de la qualité et des conditions de production, ainsi qu'un stimulant pour l'ensemble des personnes impliquées dans l'élevage.

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