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Le colostrum joue un rôle crucial au début de la vie des porcelets, en leur apportant l'énergie, les nutriments et le soutien immunitaire nécessaires à leur survie, à leur croissance et à leur santé. Cependant, la production et la qualité du colostrum varient considérablement d'une truie à l'autre. Contrairement à la production de lait, la production de colostrum est principalement influencée par des facteurs spécifiques à la truie, plutôt que par la taille de la portée ou l'intensité de l’allaitement des porcelets. Une consommation adéquate de colostrum est essentielle car elle influence directement la survie, la santé et la croissance des porcelets, à la fois immédiatement après la naissance et tout au long de leur développement. Cet article explore les complexités de la production de colostrum, en se concentrant sur la façon dont nous pouvons améliorer sa qualité et sa consistance pour favoriser le bien-être et les performances des porcelets.
Colostrum, lait de transition et lait mature : étapes et différences
Colostrum:
La majeure partie est produite avant la mise-bas et dure 24 heures après le début de celle-ci. Elle se caractérise par une teneur élevée en protéines, principalement due à sa teneur en immunoglobulines.
L'immunoglobuline la plus importante est l'IgG, qui peut traverser les cellules épithéliales mammaires car les jonctions étroites ne sont pas très fortes à ce moment-là (figure 1). Ni son volume ni son poids ne sont liés à la taille de la portée ou à l'effet de la tétée, au contraire, ils sont liés à l'individu, ce qui peut rendre son contenu variable d'une truie à l'autre (Quensel 2011).
Figure 1 : Jonction étroite détendue dans l'épithélium mammaire. Élaboré par Sebastian Casiró - Adapté de H. Quesnel et C. Farmer 2018
Lait de transition :
Il commence à apparaître entre 24 et 34 heures après la naissance. À partir de 34 heures, le lait de transition est sécrété et est officiellement appelé début de la lactation ou deuxième stade de la lactogenèse. La teneur en protéines est sensiblement différente de celle des premières heures de colostrum et, au fur et à mesure que le temps passe, cette différence s'accentue, comme le montre la figure 2 (Theil et al., 2014).
Lait mature :
Il se distingue du colostrum par une teneur plus faible en protéines, plus élevée en graisses et en énergie, ce qui favorise la croissance et le développement des porcelets. Sa production est stimulée par la tétée de la portée.
Sebastian Casiro, adapté de Theil et al (2014)
Consommation de colostrum : Y a-t-il un minimum recommandé ?
Un porcelet moyen de 1,4 kg à la naissance a besoin d'environ 250 g de colostrum, soit 180 g par kilogramme de poids corporel (Quensel 2012), pour réduire le risque de mortalité, fournir une immunité passive essentielle et favoriser une légère prise de poids. Quesnel et al. (2012) estiment qu'au moins un tiers des truies ne produisent pas suffisamment de colostrum pour répondre aux besoins de leur portée, ce qui souligne la nécessité absolue de remédier à l'insuffisance de colostrum pour améliorer la survie et la santé des porcelets.
Production et qualité du colostrum
Comme l'indiquent plusieurs auteurs, la quantité de colostrum ne dépend pas de la taille de la portée, mais de la truie elle-même. Par conséquent, avec l'utilisation généralisée de truies hyperprolifiques, il est souhaitable d'avoir un colostrum plus concentré en termes de contenu en immunoglobulines. Le colostrum des truies contient principalement des IgG.
Lorsqu'il évolue en lait mature, la principale immunoglobuline est l'IgA, comme le montre le tableau 1 (Theil et al., 2014). L'immunoglobuline A joue un rôle crucial dans la protection du tractus gastro-intestinal et la prévention des diarrhées pendant la période néonatale et tout au long de la lactation. Par conséquent, toute stratégie permettant d'augmenter le taux d'IgG dans le colostrum tout en augmentant le taux d'IgA dans le lait mature est souhaitable.
Tableau 1 : Teneur en immunoglobulines du colostrum et du lait mature de truie.
| Colostrum | Lait mature | |
|---|---|---|
| IgG (total) (mg/ml) | 61,8 | 1,6 |
| IgA (mg/ml) | 11,3 | 4,1 |
| IgM (mg/ml) | 3,8 | 1,5 |
Theil et al. (2014) modifié d'après Butler et Kehrli (2005)
Une pratique largement répandue pour améliorer la qualité du colostrum consiste à vacciner les cochettes et les truies 3 à 4 semaines avant la mise bas, ce qui entraîne une augmentation des immunoglobulines et une protection spécifique contre certaines maladies présentes dans l’élevage.
Une autre option consiste à analyser certains additifs qui peuvent être utilisés pour augmenter la qualité du colostrum. Quesnel et Farmer (2019) ont résumé différents additifs nutritionnels qui peuvent avoir un impact potentiel sur le colostrum, dont plusieurs contiennent des bêta-glucanes en tant que stimulateurs immunitaires.
Comme nous l'avons vu dans l'article précédent, nous savons que les bêta-glucanes peuvent stimuler la réponse vaccinale, ce qui contribuera à augmenter la quantité d'immunoglobulines dans le sang et, par conséquent, dans le colostrum, aidant ainsi le tiers des truies qui ne produisent pas une quantité suffisante de colostrum. Le fait d'avoir un supplément qui peut aider à augmenter la quantité d'immunoglobulines dans le sang avant la mise bas, qui peut passer à travers la glande mammaire pendant la colostrogénèse, semble être un bon moyen d'augmenter sans effort l'immunité passive.
De Carvalho et al. (2023) ont mené un essai pour étudier cette question et ont supplémenté en bêta-glucanes à partir du 85ème jour de gestation et pendant la lactation. Ils ont observé une augmentation de 24,9 % de la production de colostrum (p<0,05), ce qui a conduit à un gain de poids significativement plus élevé 18 heures après la naissance, 34 g, soit une augmentation de 50 % par rapport au groupe témoin (p<0,05). La quantité n'est pas le seul paramètre affecté par le traitement. La teneur en immunoglobulines du colostrum a augmenté de manière significative de 16 % pour les IgG et les IgM, tandis qu'une augmentation numérique de la teneur en IgA a été observée (valeur p = 0,069). L'amélioration de la qualité du colostrum s'est également traduite par une augmentation significative de la quantité d'immunoglobulines dans le sérum des porcelets, avec des augmentations de 51,25 % pour les IgG, de 120,19 % pour les IgA et de 144,78 % pour les IgM, ce qui a permis d'augmenter de moitié la teneur en IgG des porcelets.
Conclusions
L'amélioration de la qualité du colostrum est essentielle non seulement pour augmenter les performances, mais aussi pour poursuivre notre quête de réduction des antibiotiques en ayant des animaux plus sains et élevés de manière durable. Les bêta-glucanes sont d'excellents composés bioactifs qui peuvent nous aider à améliorer l'immunité passive de manière rentable et pratique.
