Les clés de la préparation
Dans un pays exempt de PPA être préparé consiste à :
- renforcer la biosécurité des élevages,
- minimiser le risque d'introduction dans le pays,
- optimiser la détection précoce
- tester les mesures de contrôle en cas d'épidémie.
Les paragraphes suivants abordent chacun de ces quatre points.

La biosécurité des élevages porcins s'est globalement améliorée. Cependant, on ne peut pas s'attendre à ce que le niveau de sécurité soit le même dans les systèmes intensifs et dans les systèmes extensifs. Souvent, les coûts liés à la mise en œuvre des mesures de biosécurité et, en particulier, les réglementations en vigueur (environnementales, municipales, etc.) limitent la capacité des élevages à respecter toutes les recommandations. Par exemple, les réglementations qui exigent la construction de barrières physiques, telles que des clôtures périphériques, impliquent des investissements importants et nécessitent souvent des autorisations qui doivent être obtenues auprès des autorités compétentes. Cependant, ce sont parfois les mesures les plus simples qui font la différence. Des analyses de risque récentes ont montré, par exemple, que l'utilisation de moustiquaires réduit considérablement le risque d'entrée du virus, ce qui souligne l'efficacité des mesures simples mais fondamentales en matière de prévention. Dans tous les cas, tous les élevages doivent s'associer à l'effort d'amélioration de la biosécurité. Le faible pourcentage de contrevenants peut causer un préjudice important à l'ensemble du secteur
Nous savons que la mesure de biosécurité la plus essentielle est une clôture à l'épreuve des sangliers, double ou murée, et pourtant, de nombreux élevages, pour diverses raisons, n'en sont toujours pas équipés.
Il est essentiel de minimiser le risque d'introduction par le biais d'animaux vivants, de produits contaminés, du commerce maritime, etc. Aujourd'hui, l'importation de sangliers infectés dans l'UE est, heureusement, très improbable.

Cette augmentation du commerce de porcs vivants reflète une tendance plus large en Europe, où le commerce d'animaux vivants a connu une croissance significative ces dernières années. Malgré les efforts des autorités vétérinaires et des producteurs, le transport d'animaux sur de longues distances peut contribuer à la propagation d'agents pathogènes entre différents pays et régions, en particulier si les protocoles de biosécurité ne sont pas rigoureusement appliqués. Le risque est encore plus grand lors d'épidémies transfrontalières, car même de petites défaillances dans la chaîne de contrôle peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour la santé animale et l'économie du secteur.
En ce qui concerne les produits animaux, les risques les plus importants surviennent lorsque les sangliers périurbains ont accès aux déchets, comme c'est le cas dans plusieurs grandes villes, dans les stations-service, les aires de repos et les lieux similaires où s'arrêtent les transporteurs et les touristes, surtout si les sangliers y ont accès. Près des grands ports, où accostent chaque année des milliers de navires en provenance de Chine et d'autres pays infectés, on trouve des sangliers. Et, bien sûr, le risque existe dans les élevages porcins qui autorisent encore leurs employés à apporter de la nourriture préparée à la maison. Tout produit carné contaminé peut être à l'origine d'une épidémie.
Détection précoce : Il est essentiel de disposer d'une capacité de diagnostic adéquate. L'ensemble du secteur porcin, et en particulier les vétérinaires, connaissent l'importance de disposer d'une capacité de diagnostic adéquate. Cependant, la crainte des conséquences d'une déclaration d'infection potentielle, telle que la paralysie de l'exploitation ou l'application de mesures drastiques, conduit de nombreux éleveurs à ne pas signaler les cas suspects de PPA. Cette difficulté serait surmontée par une plus grande flexibilité dans l'accès aux tests de diagnostic. Un problème similaire se pose dans le milieu sauvage, qui est l'un des principaux facteurs de risque de propagation du virus parmi les sangliers. Par crainte ou par aversion pour la paperasserie, les sangliers trouvés morts sont rarement déclarés. Bien que le secteur cynégétique soit informé de l'importance de signaler les cas suspects, de nombreux chasseurs continuent de se méfier des administrations. Cette méfiance empêche la réalisation d'un nombre suffisant de tests, laissant de nombreux cas de mortalité sans analyse. Cela rend difficile la détection précoce de la maladie.
Il est important de sensibiliser les chasseurs au fait qu'une détection précoce permet de résoudre le problème en un ou deux ans. En revanche, la propagation de la PPA due à une détection tardive entraînera une épidémie prolongée, avec des effets dramatiques tant pour le secteur porcin que pour le secteur cynégétique.
Il est essentiel que les pays assument pleinement leurs responsabilités: investir dans des plans de préparation et de surveillance. Dans l'UE, des manuels spécifiques ont été publiés, des campagnes ont été lancées à l'intention des transporteurs, des chasseurs et d'autres acteurs clés, et des protocoles bien définis ont été mis en place en cas de suspicion d'épidémie. Des dizaines d'exercices ont été réalisés, tant sur des porcs que sur des sangliers, en salle et dans des conditions réalistes sur le terrain. Ces simulations ont cherché à impliquer non seulement les services vétérinaires officiels, mais aussi les organismes de chasse, les forces de l'ordre et les gestionnaires de l'environnement naturel. Certaines de ces simulations ont été coordonnées avec des organismes supranationaux tels que l'EUFMD-FAO (figure 2). Dans le cas des porcs, l'un des grands défis à relever est le protocole de vidage des grands élevages dans des conditions sûres.
Cependant, l'expérience allemande montre que tout cela, bien que nécessaire, peut ne pas être suffisant.
Malgré un système vétérinaire bien structuré et des mesures préventives avancées, l'Allemagne n'a pas pu empêcher l'entrée du virus en 2020 depuis la Pologne par le biais de sangliers infectés. Depuis lors, le virus s'est établi dans la faune sauvage, ce qui a nécessité le déploiement massif de ressources et de mesures de confinement qui, des années plus tard, ne donnent encore que des résultats partiels et ont un impact dévastateur sur les secteurs touchés.

En conclusion, nous ne devons pas relâcher nos efforts. La surveillance et la détection précoce, la formation continue et une communication fluide entre tous les acteurs (producteurs, vétérinaires, chasseurs, transporteurs, gestionnaires publics) sont essentielles pour anticiper d'éventuels foyers. La clé n'est pas seulement de bien réagir, mais d'avoir toujours une longueur d'avance sur le virus.




