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des chiffres et des lettres

bouchet loic

16 27-Oct-2010 13:57 (il y a 13 ans 5 mois 23 jours)

Léon, tu crois vraiment que le consommateur y gagnerait ?

C’est un problème de concurrence directe non pas entre éleveurs de porc, mais entre les éleveurs de porc et les éleveurs de bovins allaitants. Supposons que d’une manière ou d’une autre le consommateur en vienne à payer moins cher la viande de porc qu’il ne la paye aujourd’hui. Immédiatement les ventes de viande de porc sorti GMS augmenteraient en volume. En conséquence, les volumes de viande bovine baisseraient. Et là, c’est la catastrophe ! On se retrouve avec une crise bovine de plus dans un monde agricole qui n’a vraiment pas besoin de ça.

Alors au final, comment les décideurs arbitrent entre les deux ?

Il faut en revenir aux objectifs initiaux de la PAC. La PAC a été faite pour préserver l’emploi dans les zones rurales. On a plus que souvent entendu « Un emploi agricole perdu, c’est 4 emplois perdu au total ». Je ne sais pas si ces proportions sont encore vraies, mais le principe, lui, ne change pas.

Prends une région comme le Limousin qui ne tourne presqu’avec de l’élevage allaitant. Je n’ai pas de chiffres à donner, mais je suis sûr et certain qu’à chaque crise bovine, l’économie s’en ressent sous forme de consommation moindre et de variation de chômage marquée négativement par rapport à la moyenne nationale. Tu n’as qu’une seule solution pour compenser : augmenter les subventions annuelles.

À coté, la Bretagne ne risque pas grand-chose. Si tu supprimes quelques emplois dans le cochon, tu combles des trous ailleurs. La Bretagne est l’une région françaises qui embauche le plus, tous corps de métiers confondus.

Ça, c’est la situation actuelle. Et ça risque de s’aggraver sérieusement à l’avenir.

Les consommateurs cherchent dans leur revenu des moyens de consommer moins cher mais sans trop de conséquences sur qualité de vie. En clair, avoir à peu près les mêmes avantages pour des inconvénients bien moindres. Le meilleur exemple que je puisse fournir vient du monde de l’automobile : la Logan. Nos chers décideurs s’étaient mis en tête de nous faire conduire des voitures toujours plus chères sous le prétexte qu’on veut plus de confort, quitte à tomber dans le gadget. La Logan était une voiture conçue par nos ingénieurs bien français, mais produite en Roumanie et à destination des pays de l’Europe de l’Est. Et le français moyen y a vu de quoi économiser davantage sur le cout de ses déplacements et dépenser la différence ailleurs comme bon lui semble, dans l’alimentation, le logement, les vacances, etc.

Quand dans quelques années on va commencer à réorganiser à la louche l’économie française en fonction de la dette sociale et de la dette publique, quelque chose me dit que les enjeux liés à l’élevage de bovins allaitants ne vont pas peser lourd dans la balance. Logiquement, la consommation de viande de porcs devrait augmenter car le consommateur aura besoin d’une viande pas chère.

La production saura-t-elle répondre ? Deux possibilités :

1 : Les gouvernements gardent le cap en matière d’environnement et il faudra donc créer de toutes pièces des élevages de cochon sur les cendres des élevages bovins allaitants, donc hors des zones de production actuelles. Avec quels fonds ? Quelle main d’œuvre ? Sera-t-telle suffisamment qualifiée ? Avec quel cout de revient ? Quelle rentabilité horaire ? Et quelle rentabilité des capitaux investis ? Vu le mal avec lequel les éleveurs qui ont pourtant vingt ans de métier aujourd’hui se maintiennent économiquement, je ne vois pas comment des personnes qui n’ont jamais fait ça et qui ont travaillé toute leur vie dans l’économie subventionnée peuvent arriver à joindre les deux bouts à l’avenir.

2 : Les gouvernements ferment les yeux sur les pollutions issues des élevages actuels et autorisent la surproduction par rapport aux normes administratives concernant les épandages. Reste à savoir si les élevages actuels auront la capacité à produire le volume suffisant.

Si les GMS font une belle marge aujourd’hui sur la viande de porcs, c’est que d’un point de vue politique et administratif, tout le monde y trouve son compte d’une manière ou d’une autre.

Le jour où il aura été officiellement décrété que les GMS ont une politique commerciale qui déséquilibre l’économie par manque de répartition des marges, il finira par se passer ce qui s’est passé au sujet des banques françaises il y a de ça quelques semaines : l’état a donné une amende collective aux banques de l’ordre de 350M€. 350M€, ce n’est rien comparé aux marges qui ont été faites par les banques depuis des années grâce à un accord commercial discutable du point de vue du consommateur. C’était juste un message du gouvernement aux yeux de tous pour leur dire : « C’est terminé. » Une amende pas trop forte pour ne pas les pénaliser alors qu’elles se remettent tout juste de la crise des subprimes, et pas trop faible car ça aurait été un scandale dans l’opinion. Et ça finira par arriver aux GMS, quand les français auront besoin de sous pour payer autre chose. Mêmes causes, mêmes effets.

Une fois ces corrections faites, la « sélection naturelle » entre les élevages finira bien par reprendre. Si le cours du cadran ne satisfera pas tout le monde, il y en aura toujours suffisamment qui seront contents pour qu’on puisse dire que le métier tourne rond. A la limite, les réformes récemment votées auraient été plus contraignantes, peu importe la direction de ces réformes, le métier aurait peut être vu le bout du tunnel plus rapidement. Faudra-t-il attendre jusqu’en 2012 pour que ça arrive ?
luc

17 27-Oct-2010 17:10 (il y a 13 ans 5 mois 23 jours)

L'elevage bovin allaitant vit avec des primes.Le porc et la vollaille n'ont aucune prime.Si les primes et subventions sont supprimées aux elevages allaitants et laitiers les 3/4 arretent.C'est tout.
Amont

18 27-Oct-2010 19:25 (il y a 13 ans 5 mois 23 jours)

oui,
et je ne vois pas bien en quoi les marchés du porc et du boeuf sont aussi concurentiels... globalement ils s'adressent à des consommateurs qui ont des pouvoirs d'achats différents. D'autre part il n'y a pas forcément substitution d'un type de viande à l'autre ; espérons seulement que la part de viande (tout confondu) augmente et tout le monde sera content !
rimario

19 27-Oct-2010 19:34 (il y a 13 ans 5 mois 23 jours)

Ah! fini de bouder,amont,c'est bien.
dd

20 27-Oct-2010 22:23 (il y a 13 ans 5 mois 23 jours)

La ménagère qui va acheter sa viande n'as pas fait son menu avant d'être dans le rayon (sauf exception),elle choisit donc en fonction de ce qui est disponible,ce qui signifie que les centrales d'achats ont le pouvoir de faire varier le volume de consommation des différentes viandes et donc possibilité de faire pression sur les prix.Je pense, mais je ne suis pas prophète,que le tarif des viandes est connecté entre elles,par le choix des consommateurs qui se fait en partie sur le prix et par la substitution que les distributeurs font à loisir entre les produits offert à la vente.
Léon

21 27-Oct-2010 23:31 (il y a 13 ans 5 mois 23 jours)

Loic
Je suis d'accord avec ton analyse .
Un bémol , après avoir flingué notre sidérurgie et malgré les retournements de marché , on n'a pas su relancer la machine. Notre métier n'est pas à l'abri d'une telle erreur stratégique.
Mon économie ce n'est pas de la patte à modeler ou un simple jeu de légo.
Mais je partage vraiment ta vision , je la trouve logique .
Le consommateur gagnerait si les règles était loyal , il y a à son égard une véritable duperie. Leclerc se targue de défendre son pouvoir d'achat , mais dans le même temps il lui nique son emploi local en cassant la rentabilité de son employeur . C'était le sens de mon propos. De vrai prix équilibrés , mais avec des taux de marges contrôlés pour ceux qui se contentent "d'exposer" un produit. Parceque aujourd'hui ils se comportent comme de véritables fossoyeurs de l'économie local , sous couvert de grands discours moralisateurs!


Béarnais

22 28-Oct-2010 9:04 (il y a 13 ans 5 mois 22 jours)

Entièrement d'accord avec Léon.
Les GMS, sous couvert de défense des prix et du pouvoir d'achat, DÉTRUISENT les emplois en France. Ils foutent des milliers de personnes au chômage et dans la misères et ils vont ensuite leurs expliquer qu'ils les aident en préservant leur "pouvoir d'achat".
Et les syndicats agricoles ne font rien à par de belles paroles....
Et les dirigeants politiques laissent faire...
Pourquoi à votre avis ?
lili

23 28-Oct-2010 10:23 (il y a 13 ans 5 mois 22 jours)

tout simplement parce que les GMS financent les politiques et notamment les elections présidentielles a la mode américaine .
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