Cette dynamique bouleverse les flux traditionnels entre les pays producteurs. La France, le Danemark et les Pays-Bas ajustent leurs exportations pour répondre à l’évolution du marché.
Importations espagnoles
L’Espagne a fortement augmenté ses importations d’animaux vivants au premier trimestre 2025. Le leader européen recoure davantage aux importations d’animaux vivants en raison de difficultés sanitaires persistantes (SDRP) et de la surcapacité de ses outils d’abattage-découpe. De plus, les niveaux élevés des prix pratiqués sur le marché espagnol favorisent l’intensification des flux de porcs vivants à destination du sud de l’Europe. Sur le premier trimestre, les importations de porcelets ont bondi de 76 % par rapport à 2024, atteignant 1,1 million de têtes. Les achats de porcs charcutiers et de réformes ont aussi progressé (+ 43 %) totalisant 62 900 têtes.


Les Pays-Bas restent le principal fournisseur de porcelets à l’Espagne, avec 835 000 têtes exportées sur le trimestre (+81 % sur un an). Du côté des porcs charcutiers, la Belgique a envoyé 66 400 têtes (+707 %) et la France 25 500 têtes (+711 %). Pour des raisons économiques et structurelles, le Portugal exporte un flux régulier de porcs vivants à destination de l’Espagne. Les envois se sont intensifiés en début d’année (+112 %) et atteignent 62 800 porcs.
Les exportations françaises progressent
Du côté de la France, les exportations de porcs charcutiers ont progressé de 41,5 % sur les trois premiers mois de 2025, atteignant 89 500 têtes. Malgré cette hausse, ces flux restent marginaux. Chaque mois, les exportations de porcs charcutiers représentent moins de 2 % des abattages nationaux. Au mois de mars par exemple, 30 500 porcs charcutiers étaient exportés vers l’UE. Les principaux destinataires sont la Belgique (+ 2,7 %) et l’Espagne (+ 711 %). Pour les porcelets, les exportations françaises sont minimes (2 200 têtes au 1er trimestre).
Le nord de l’Europe réorganise ses échanges de porcs vivants
Du côté du nord de l’Europe, la restructuration des filières porcines ces dernières années a entrainé une recomposition des flux d’animaux vivants. Dès 2020, la demande allemande a drastiquement chuté, nécessitant le transfert vers d’autres débouchés pour les porcs vivants danois et néerlandais. Depuis 2024, le marché allemand est en phase de rééquilibrage mais l’apparition d’un cas de fièvre aphteuse début janvier en Allemagne a momentanément perturbé le commerce des porcs vivants dans cette zone. Sur le premier trimestre, les importations allemandes de porcs sont reparties à la baisse (-1,6 %), en particulier entre les mois de janvier et février – période sur laquelle un zonage et des restrictions de transport d’animaux vivants étaient imposés.
Du côté du Danemark, les ventes de porcs vivants ont progressé de 3 % au premier trimestre 2025, principalement pour les porcelets. Les exportations de porcelets se sont intensifiées sur les marchés allemand (+1,1 %) et polonais (+13,4 %).
Aux Pays-Bas, le marché national a connu une réduction nette de son offre en porcs ces derniers mois. Les abattages ont chuté de 7,7 % au cours des quatre premiers mois de l’année par rapport à l’an dernier. La restructuration du secteur de l’abattage dans le nord de l’UE et les écarts de prix à l’échelle européenne modifient les flux commerciaux. Par ailleurs, la poursuite des politiques gouvernementales visant à inciter l’arrêt de l’activité d’élevage renforcent le repli de l’offre en porcs charcutiers, et cette dynamique devrait se poursuivre dans les mois à venir aux Pays-Bas. Les exportations de porcelets ont ainsi progressé de 18 %, tandis que celles de porcs charcutiers ont chuté de 19 %. La dynamique pour les porcelets est principalement tirée par l’Espagne, alors que les envois sur l’Allemagne chutent en raison des restrictions de transport liées à la fièvre aphteuse en début d’année.

Ainsi, les données du commerce européen des porcs confirment le maintien de la dynamique des importations espagnoles au premier trimestre. En revanche, les flux d’animaux vivants restent polarisés vers l’Allemagne. Malgré les perturbations sanitaires survenues en début d’année, le marché allemand reste un grand importateur, avec 3 millions de porcs importés. A titre de comparaison, l’Espagne a importé 520 000 têtes au cours du 1er trimestre. Enfin, les exportations françaises, néerlandaises et danoises progressent, mais avec des dynamiques contrastées selon le nombre d’animaux concernés, les types de porcs et les pays partenaires.
Elisa Husson,
Economiste ‘Place des Marchés’ by Ifip
