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Cas clinique: Augmentation du taux de momifiés liée à une cause accidentelle

Description de l'élevage
26 Mai 2003
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Description de l'élevage
Cette exploitation se trouve dans le Nord de l'Italie ; c'est une exploitation de 1 700 truies qui utilise un système en trois sites avec auto-renouvellement. La seule entrée d'animaux a lieu tous les 4 mois (grands parents et verrats terminaux) quoique en Mars-Avril 2001 il se produisit une augmentation de l'effectif qui passa de 1400 à 1700 truies.

L'exploitation changea pour un système de production en trois sites en Décembre 2000 ; auparavant c'était une exploitation où on engraissait une partie de la production.

Les truies sont transférées vers des cases (par groupes de 8-9) après les 40 premiers jours de gestation où elles restent jusqu'à 7-8 jours avant la mise-bas.

L'aliment est produit et stocké sur l'exploitation, seul le CMV venant d'une entreprise spécialisée.

L'exploitation est positive vis à vis des principales maladies avec des prévalences faibles (actuellement on a pour objectif de la certifier comme indemne d'Aujeszky et on a arrêté de vacciner contre APP depuis 4 mois) confirmées par des profils sérologiques réalisés tous les 6 mois et par des sentinelles introduites une fois par an.
En même temps que le changement de type de production a été mené un programme d'éradication de la gale.

Le programme actuel de vaccination consiste en :
  • parvovirose et rouget 8 jours après la mise-bas
  • maladie d'Aujeszky (vaccin tué) à 80 jours de gestation
  • rhinite à 100 jours de gestation.

  • Les primipares sont aussi vaccinées contre Escherichia coli à 100 jours de gestation.

    La production annuelle jusqu'à octobre 2001 tournait autour de 22 porcelets sevrés par truie et par an.

    Habituellement dans cet élevage, le pourcentage de momifiés se trouvait toujours dans les environs de les environs de 2 %, ce qui constituait un sujet de préoccupation constant étant donné qu'on n'en trouvait pas la cause.


    Description du cas
    En Mars 2001 on observa une augmentation du pourcentage de momifiés très au dessus du taux de 2 % habituel qui devint plus visible et constante à partir du mois d'Avril.
    Comme on le voit sur le graphique, le problème s'aggravait de mois en mois. Cependant, cette augmentation progressive suit tous les ans une ligne identique bien que de moindre intensité avec des pourcentages entre 2,5 et 3 %, principalement pendant les mois d'été (la châleur et l'humidité de 100 % dans cette région ont une grande influence) .




    Les momifiés étaient en grande majorité de très grande taille (> 17 cm) et cela touchait autant les primipares que les multipares bien que ces dernières l'étaient dans une plus grande proportion (respectivement 28 % et 37 %).


    La courbe de répartition de taille des portées était la suivante :




    (Les deux graphiques portent sur une période allant de Décembre 2000 à Octobre 2001)




    Les pourcentages d'avortement comme ceux de truies vides sont restés pendant cette période à un niveau constant. C'est ainsi que la moyenne du pourcentage d'avortements fut de 0,5 % avec un pic maximum à 1,5 % au mois de Février. Quant au pourcentage de femelles vides, il suivit pendant toute cette période une tendance à la baisse en passant d'une moyenne de 5-6 % dans les premiers mois de 2001 à des valeurs de 2 % à la fin de cette même année. Les retours peuvent être suivis pour leur part sur le graphique suivant :






    Les profils sérologiques réalisés en routine dans l'élevage indiquaient une prévalence pour la Maladie d'Aujeszky de 0% (intervalle de confiance de 95 % alors que pour le SDRP la sérologie indiquait un % proche de 80 % mais sans symptômatologie associée (analyses réalisées par méthode ELISA).


    Diagnostic et évolution
    Après avoir étudié toutes les causes possibles, on a écarté celles de type infectieux étant donné qu'à aucun moment on a observé une quelconque symptômatologie correspondant aux virus les plus communément impliqués dans ce type de problème. Une symptômatologie associée au SDRP ne fut observée que dans des cas très ponctuels mais toujours sous forme endémique. Tous les profils sérologiques réalisés indiquèrent une faible prévalence des principaux virus.

    Parmi toutes les causes non infectieuses pouvant provoquer des problèmes de ce type, quoique toutes correspondaient à la situation de l'élevage, il faudrait souligner qu'à aucun moment la taille des portées ne démontra que les primipares étaient plus particulièrement affectées. En dehors du fait qu'il y ait eu une augmentation de l'effectif en Mars-Avril, tous les facteurs de risque se répètent chaque année sans que le pourcentage de momifiés n'ait jamais atteint le niveau actuel. De plus la taille des momifiés éliminait (théoriquement) le fait que l'origine du problème soit due à la conduite d'élevage.

    Il s'agissait donc probablement d'une cause ponctuelle et accidentelle.

    Finalement on se remit à étudier les documents et les graphiques étant donné qu'il était logique qu'il devait exister un facteur déterminant aux mois de Février-Mars. En lisant le registre d'élevage, nous avons trouvé que la seule modification réalisée pendant cette période fut l'augmentation de la dose (trois fois supérieure) de l'antifongique à base d'acide formique incorporé dans l'aliment.

    La diminution de la dose en septembre coincidant avec la diminution du taux de momifiés confirma les suspicions.
    Commentaires
    Il s'agit d'un cas d'augmentation du pourcentage de momifiés apparue "accidentellement".

    Ce curieux cas apparut par "excés de zèle". Le problème consista en une augmentation progressive du % de momifiés jusqu'à atteindre un niveau de 4 %. On considère comme normaux des niveaux de 1 à 2 %. L'aspect le plus déconcertant était la taille des momifiés car la moyenne atteignait largement les 15-20 cm.

    Tout commenca au mois de Mars 2001 quand on nota une augmentation considérable du pourcentage de momifiés. Elle ne fut pas ressentie comme d'importance majeure car on crut qu'il s'agirait seulement d'un problème ponctuel. A mesure que passèrent les semaines et que les mêmes niveaux élevés se maintenaient , on commenca alors à faire l'analyse détaillée de toutes les causes possibles.

    On examina les causes possibles d'une telle augmentation tant d'origine infectieuse que d'origine liée à la conduite d'élevage.

    Parmi les causes infectieuses, qui étaient théoriquement les plus probables à cause de la grande taille des momifiés (les tailles supérieures à 10 cm faisaient suspecter des causes infectieuses), on écarta :

    • la Parvovirose , étant donné que la symptômatologie comme la courbe de répartition de taille des portées n'indiquaient pas son implication.
    • la maladie d'Aujeszky : étant donné qu'ici aussi la symptômatologie était négative et que les deux profils sérologiques annuels réalisés dans l'élevage indiquaient une prévalence négative avec un intervalle de confiance de 95 % (la déclaration d'élevage indemne d'Aujeszky est en cours).
    • le SDRP : ce fut toujours un doute car, en plus d'observer ponctuellement une symptômatologie, les profils sérologiques indiquaient une forte prévalence du virus. De toutes manières, le problème ne se comporta jamais comme un foyer épidémique mais plutôt comme de type endémique.

    Parmi toutes les causes non infectieuses possibles , toutes correspondaient à la situation de l'élevage sauf la taille des momifiés (tailles souvent inférieures à 10 cm en cas d'origine non infectieuse) : excés de truies primipares (on avait procédé à une augmentation de l'effectif entre Mars et Avril), mycotoxines (l'élevage avait un passé important de problèmes liés aux mycotoxines) contre lesquelles on utilisait des produits à base de kaolin, taille de portées élevée et température élevée. Un autre facteur qui fut toujours suspecté et qui pouvait être en relation avec le pourcentage élevé de momifiés était le fait que les truies sont transférées dans les cases à 40 jours de gestation ; de toutes manières, c'est une opération pratiquée depuis 1992 dans cet élevage sans qu'il n'y ait eu jusque là de cas identique à celui -ci.

    Après toutes ces analyses qui n'aboutirent à aucun résultat, on décida finalement de se recentrer sur les mois pendant lesquels se produisit l'apparition du cas (février-mars) bien qu'il était clair pour tous qu'il ne s'était produit aucun changement à cette période.

    L'élevage possède un registre sur lequel sont notées toutes les modifications et situations sortant de la routine. En reprenant tout ce qui avait été noté pendant le mois de Février, nous avons trouvé que la dose d'incorporation d'un produit à base d'acide formique (antifongique) avait été augmentée dans des proportions de 1 à 3 , bien qu'en restant toujours dans les limites recommandées par le fabricant, dans le but d'éviter les problèmes constants de mycotoxines existant dans l'élevage. Cette augmentation de dose commenca le 19 Février 2001. La confirmation de cette suspicion vint avec les résultats d'Octobre où on observa un retour à 2 % de momifiés. En octobre 2001, la quantité d'antifongique fut abaissée aux niveaux antérieurs à l'apparition du cas.

    Le fait de posséder un registre d'élevage est de grande utilité quand il s'agit de comprendre et de corriger des situations sortant de l'ordinaire.

    L'utilisation de graphiques nous a permis de comprendre quels effets ont eu les changements pratiqués consciemment ou inconsciemment au niveau de l'élevage.

    On ignore le mécanisme qui fit que l'augmentation de taux d'incorporation de l'acidifiant produit cet effet alors que les doses recommandées par le fabricant ne furent jamais dépassées. La seule réponse est que l'acide formique a une incidence sur l'ingéré des truies ayant pu provoqué une phase de catabolisme temporaire touchant certains foetus pendant les derniers jours de la gestation au moment où leurs besoins nutritionnels sont les plus importants. Le fait que les multipares étaient plus affectées que les primipares pourrait avoir beaucoup d'explications qui ne resteraient que des suppositions.

    Un tel cas mériterait d'être étudié en profondeur avec l'appui d'une station de recherches et de chercheurs compétents.

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