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Cas clinique: Etude de stabilité SDRP

Présentation de l'élevage et demande de l'éleveur
27 Avril 2006
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Présentation de l'élevage et demande de l'éleveur


Description générale de l'élevage

- Elevage naisseur-engraisseur de 300 truies, situé en Bretagne dans une zone à forte densité porcine (3 élevages voisins situés à 350, 400 et 800 m).
- Conduite en 7 bandes toutes les 3 semaines (32 truies/bande).
- Sevrage 28 jours
- Achat des doses d'insémination.
- Achat de cochettes certifiées indemnes d'Aujeszky, SDRP et Actinobacillus pleuropneumoniae (B1 S2, 9 et 11).
Les cochettes sont placées en quarantaine sur paille à l'arrivée pour une durée de 6 semaines (la quarantaine est située dans l'élevage).


Plan de l'élevage




Statut sanitaire

Aujeszky indemne
SDRP positif
Actinobacillus pleuropneumoniae positif (B1S2)
Streptococcus suis positif
Rhinite positif
Mycoplasma hyopneumoniae positif


Prophylaxies effectuées

SDRP Aucune
Mycoplasma hyopneumoniae Vaccin monodose à 28 jours d'âge
Actinobacillus pleuropneumoniae Vaccination des issus à 7 et 10 semaines d'âge

Autres vaccins effectués sur les reproducteurs : rhinite, colibacillose et clostridiose.

Demande de l'éleveur

L'élevage connaît régulièrement des relances virales (probablement dues au SDRP d'après l’éleveur) tous les 3 à 6 mois avec apparition de symptômes importants.

L'éleveur souhaiterait avoir un bilan vis-à-vis du SDRP sur l'élevage et connaître les mesures à prendre pour prévenir les relances virales.



Recueil des commémoratifs et visite de l'élevage


Symptômes observés par l'éleveur

Reproducteurs
  • Avortements (en général 4 à 5 sur 2 à 3 bandes à suivre)

  • Mises-bas précoces (vers 112 jours)

  • Petites portées (< ou = 8)

  • Baisse de fertilité
  • Porcelets en maternité
  • Augmentation des mort-nés

  • Augmentation du nombre de porcelets chétifs et des splay-legs

  • Diarrhées néonatales

  • Mortalité élevée sous la mère
  • Porcelets en PS et en engraissement
  • Toux et coups de flanc vers 50 jours d'âge

  • Fièvre et baisse importante d'appétit

  • Nécroses d'oreilles

  • Retards de croissance

  • Résultats techniques

    Les résultats techniques sur les 6 premiers mois de l'année 2004 sont présentés dans le tableau ci-dessous :

    Portées  
    Nombre de nés totaux par portée 14,9
    Nombre de nés vivants par portée 13,4
    Nombre de mort-nés par portée 1,5
    Nombre de momifiés par portée 0,08
    Nombre de sevrés par portée 10
    Poids au sevrage (28 j) 7,9 kg
    % de pertes sur nés vivants 25,60%
    Reproduction  
    Intervalle sevrage-1er oestrus 5,2
    Intervalle sevrage-saillie fécondante 11,9

    Visite de l'élevage

    Nous décidons, lors de la visite, d'effectuer un bilan sérologique SDRP sur les truies et les cochettes à différents stades, afin de confirmer le diagnostic clinique.

    Nous optons également pour la réalisation d'un bilan de circulation du SDRP sur le naissage et sur le PS-Engraissement afin de connaître la situation de l'élevage vis-à-vis du SDRP.

    1) Bilan sérologique


    Prélèvements de sang sur :

    - 7 truies à problèmes (avortements, mises-bas précoces, …),
    - 9 truies n'ayant pas eu de signes cliniques,
    - 4 cochettes en gestation,
    - 4 primipares en maternité.

    2) Bilan de la circulation virale

    · Naissage

    Prélèvements de sang sur 22 porcelets au sevrage (1 porcelet par portée)

    · PS-Engraissement

    - Des analyses antérieures (datant de moins de 3 mois) réalisées en fin de PS montrent qu'il y a déjà des animaux positifs et que donc le virus circule en post-sevrage.
    - Le PS-Engraissement est donc actif.



    Résultats des analyses et plan de contrôle mis en place

    Résultats des analyses et commentaires

    1) Bilan sérologique

    Signes cliniques
    Rang de portée
    SDRP IDEXX
    Avortement
    2
    0,9 (+)
    Vide à l'écho
    2
    1,73 (+)
    Mise-bas précoce
    2
    0,67 (+)
    Mise-bas précoce
    2
    1,09 (+)
    Mise-bas précoce
    2
    1,22 (+)
    Vide à l'écho
    2
    1,86 (+)
    Porcelets chétifs à la mise-bas
    3
    0,67 (+)
    Absence de symptôme
    0 (cochette en gestation)
    0 (-)
    Absence de symptôme
    0 (cochette en gestation)
    0,05 (-)
    Absence de symptôme
    0 (cochette en gestation)
    0 (-)
    Absence de symptôme
    0 (cochette en gestation)
    0 (-)
    Absence de symptôme
    1 (primipare en maternité)
    0,07 (-)
    Absence de symptôme
    1 (primipare en maternité)
    0,04 (-)
    Absence de symptôme
    1 (primipare en maternité)
    0 (-)
    Absence de symptôme
    1 (primipare en maternité)
    0,05 (-)
    Absence de symptôme
    2
    1,96 (+)
    Absence de symptôme
    3
    0,94 (+)
    Absence de symptôme
    4
    2,22 (+)
    Absence de symptôme
    4
    0,52 (+)
    Absence de symptôme
    4
    0,56 (+)
    Absence de symptôme
    5
    0,63 (+)
    Absence de symptôme
    5
    0,27 (-)
    Absence de symptôme
    6
    0,24 (-)
    Absence de symptôme
    8
    0,41 (-)

    Commentaires

    La contamination des jeunes reproducteurs est très tardive
    car toutes les cochettes et les truies de rang 1 sont négatives.
    Contamination importante après la deuxième mise-bas car toutes les truies de rang 2 sont positives et la plupart d'entre elles présentent des symptômes.

    Bilan

    Les niveaux sérologiques sont très hétérogènes, on peut donc parler de situation à risque. La plupart des séroconversions sont observées sur des truies de rang 2 et 3, ce qui correspond bien aux rangs les plus touchés cliniquement.

    2) Bilan de la circulation virale (janvier 2005)

    Naissage
    PS – Engraissement

    PCR sur des pools de 3 sérums
    1 pool +/10
    Naissage instable

    Analyses sérologiques positives en fin de post-sevrage.
    PS – Engraissement actif

    Conclusion : L'élevage est donc instable et actif, il est fortement probable que les symptômes soient en effet liés au SDRP et nous décidons donc de mettre en place un plan de contrôle reposant sur la vaccination.

    Plan de contrôle mis en place

    Plan de vaccination

  • Vaccination de masse de tous les reproducteurs avec le vaccin vivant atténué.


  • Primo-vaccination J 0
    1er rappel J 0 + 1 mois
    2ème rappel J 0 + 4 mois
    3ème rappel J 0 + 10 mois

  • Vaccination des porcelets au sevrage (1 injection).


  • Quarantaine

    La durée de quarantaine est doublée (12 semaines) et les cochettes sont vaccinées 2 fois à 1 mois d'intervalle (dès l'arrivée).
    Un bilan viral est prévu entre le 2ème et le 3ème rappel ainsi qu'une étude de l'évolution des résultats après 1 an de vaccination (temps estimé pour obtenir une stabilisation du cheptel).



    Etude de stabilité


    L'étude de stabilité doit permettre de dresser un bilan de la stabilisation de l'élevage vis-à-vis du SDRP et donc d'apprécier l'efficacité du plan de lutte mis en place.
    Cette étude est réalisée à partir de juillet 2005, c’est à dire 5 mois après la mise en place du vaccin.

    1) Stabilité du naissage

    L'étude se fait en 3 étapes réalisées successivement.

    Etape 1
    Etape 2
    Etape 3
    Objectif Etude de la transmission virale mère-porcelets en maternité Etude de la transmission virale au sein du cheptel truies. Etude de la présence de truies porteuses
    Prélèvements 30 prises de sang de porcelets au sevrage (1 par portée) Suivi sérologique de 2 cochettes sentinelles (non vaccinées SDRP) 1 fois tous les 15 jours pendant 2 mois. Amygdales, nœuds lymphatiques de truies de réforme à l'abattoir.
    Analyses de laboratoire PCR (par pools de 3) Sérologie ELISA IDEXX PCR
    Résultats 10 pools négatifs 8 analyses négatives 8 truies et 1 verrat contrôlés.
    Résultats négatifs


    Conclusion : on peut considérer qu'il n'y a plus de circulation virale au niveau du naissage et que celui-ci est stable vis-à-vis du SDRP.

    Prélèvement sur les porcelets
    Amygdales de truies

    2) Situation en PS - Engraissement


    Un suivi sérologique a été réalisé sur 10 animaux identifiés d'une bande non vaccinée.

    Résultats

    Age des animaux
    Résultats
    6 semaines
    6 positifs /10
    8 semaines
    2 positifs/10
    10 semaines
    0 positif/10
    14 semaines
    0 positif/10
    18 semaines
    0 positif/10
    21 semaines
    0 positif/10
    25 semaines
    0 positif/10

    Conclusion : Absence de circulation virale dans le PS/E (inactif)

    3) Evolution des résultats après 1 an de vaccination

    Résultas GTTT (novembre 2005 à février 2006) :

    Portées
    Nombre de nés totaux par portée 14,5
    Nombre de nés vivants par portée 13
    Nombre de mort-nés par portée 1,4
    Nombre de momifiés par portée 0,21
    Nombre de sevrés par portée 10,5
    Poids au sevrage (28 j) 8 kg
    % de pertes sur nés vivants 19,5 %
    Reproduction
    Intervalle sevrage-1er oestrus 5,9
    Intervalle sevrage-saillie fécondante 12,9

    On note une réduction des pertes sous la mère ainsi qu’une augmentation des sevrés malgré des problèmes de clostridiose à Clostridium perfringens de type C survenus sur 1 bande entre novembre 2005 et février 2006.

    Commentaires

    1. Le diagnostic de stabilité

  • Contrôler le niveau de stabilité d'un élevage, c'est déterminer le niveau de circulation virale, c'est-à-dire la transmission du virus SDRP d'un animal à un autre.


  • Le diagnostic de stabilité du naissage repose sur l'étude de la transmission virale entre deux truies ou d'une truie à ses porcelets. Si les 2 premières étapes sont négatives, il est important d'étudier le portage viral par les truies afin d'évaluer le risque potentiel de recirculation virale (dans le cas où l'on arrêterait la vaccination).


  • En PS - Engraissement, on parle de situation active ou inactive.


  • 2. Les outils de laboratoire


    Il existe deux tests principaux de détection du SDRP qui sont la sérologie et la PCR. Le choix de l'une ou de l'autre se fait en fonction de :

    * de l'objectif :

  • connaître le statut de l'élevage (indemne ou contaminé)

  • connaître la stabilité de l'élevage vis-à-vis du SDRP (le virus circule t-il ?)

  • savoir si les signes cliniques rencontrés sont attribuables au SDRP.


  • * du statut vaccinal de l'élevage : l'éleveur vaccine t-il les truies, les porcelets ? Avec quel vaccin (inactivé ou vivant atténué) ?
    La vaccination induit la production d'anticorps (surtout avec le vaccin vivant atténué) et il est parfois nécessaire de recourir à l'étude d'animaux sentinelles (non vaccinés).

    3. Le protocole vaccinal


    La vaccination de masse du cheptel reproducteur était, je pense, nécessaire dans ce cas pour écraser très vite la pression d'infection (et il faut tout de même environ 6 mois avant de retrouver une certaine stabilité).

    On a observé quelques avortements à la première injection vaccinale. Ce genre de trouble est possible mais c'est un moindre mal en comparaison des symptômes engendrés par le SDRP.

    La vaccination bande à bande peut être utilisée dans un troupeau où le virus circule peu et présente l'avantage de pouvoir être réalisée en maternité, donc de réduire le risque de choc vaccinal.

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