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Cas clinique: Colite chronique

Description générale et appel de l'éleveur
5 Janvier 2005
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Description générale et appel de l'éleveur


Description générale de l'élevage

· Elevage breton de 110 truies en plein air, naisseur-engraisseur (tous les porcs sont engraissés sur place).
· Conduite en 3 bandes toutes les 7 semaines (35 à 36 truies par bande) et sevrage à 28 jours

Plan de l'élevage



Les bâtiments


Post-sevrage
Pré-engraissement / Engraissement
Pré-engraissement
Engraissement
Type
Récent, sur paille
Ancien, sur paille
Ancien, sur paille
Nombre de cases
3
6
14
Nombre de porcelets/case
120
60
50
Age des animaux début/fin
28-70 j
70-100 j
100-200 j
Alimentation
A sec
A sec
A sec

Profil sanitaire

Hygiène


- La désinfection est correctement réalisée entre les bandes.
- L'eau de boisson est traitée aux peroxydes (eau très ferrugineuse)
- L'élevage pratique l'auto-renouvellement des cochettes.
- Les doses d'IA sont achetées.

Statut sanitaire

Aujeszky Indemne
SDRP Positif, circulation sur les truies et les porcelets mis en évidence par des analyses sérologiques.
Actinobacillus pleuropneumoniae Positif (B1S11)
Mycoplasma hyopneumoniae Positif
Rhinite Positif
Streptococcus suis Positif

Prophylaxies effectuées

Plan de vaccination

Truies cochettes Aujeszky, Parvovirose, Rouget (rappels à l'échographie)
Porcelets Mycoplasme (2 injections à 1 et 4 semaines d'âge) Autovaccin Actinobacillus pleuropneumoniae B1S11(2 injections à 7 et 10 semaines d'âge)

L'autovaccin a été mis en place en juin 2003 avec une bonne efficacité (réduction importante des pertes en engraissement et des saisies de coffres à l'abattoir).

Traitements antiparasitaires

Truies Ivermectine (injections réalisées à l'échographie)
Porcelets Oxybendazole à 42 ppm dans l'aliment 1er âge

Antibio-prophylaxie

L'aliment 1er âge distribué en PS entre 28 et 42 jours d'âge est supplémenté en colistine et TMP-Sulfa (prévention de la colibacillose et des streptococcies).

Les pertes sont relativement faibles en post-sevrage (environ 1%).
On observe parfois de la colibacillose après la transition alimentaire 1er - 2ème âge (non supplémenté). En engraissement, le taux de pertes est en revanche plus élevé (6 à 7%).

Appel téléphonique

L'éleveur sollicite une visite en raison d'apparition de syndromes d'amaigrissements en post-sevrage vers 6-7 semaines d'âge.
Les animaux présentent presque tous de la diarrhée. La mortalité a augmenté sur la dernière bande (environ 5%) et un certain nombre de porcelets souffrent de retards de croissance.

Visite de l'élevage


La visite est réalisée le lendemain.
Bien que les symptômes semblent localisés en post-sevrage, nous réalisons une visite de l'ensemble de l'élevage.


Reproduction

Il n'y a pas de problème particulier concernant la reproduction : bonnes venues en chaleurs, pas de baisse de fertilité (85 à 90%).
Les truies ne présentent pas de symptôme particulier et ont un comportement normal.

Naissage

Truies : les mises-bas se passent bien (durée normale, absence de congestion, comportement normal des truies).

Porcelets : portées bien homogènes, absence de diarrhée. Les résultats sur la bande restent dans la moyenne de l'élevage :

NT (nés totaux) 13,5
MN (mort-nés) 0,8
NV (né vivants) 12,7
Momifiés 0,2

Le nombre de sevrés sur la dernière bande était de 10,5.

Post-sevrage / Pré-engraissement

Symptômes observés :

O Bande en pré-engraissement (14-15 semaines d'âge)

Amaigrissements observés à partir de 6-7 semaines d'âge. Les porcelets avaient également de la diarrhée n'entraînant pas de pertes brutales mais des retards de croissance.
Augmentation importante de la mortalité : 4% de pertes en post-sevrage entre 6 et 10 semaines d'âge.
Amélioration depuis le transfert en pré-engraissement mais il subsiste d'importants retards de croissance (hétérogénéité marquée) et on observe toujours un peu de diarrhée.

O Sur la bande en PS (7-8 semaines d'âge)

  • Début des symptômes il y a environ deux semaines.
  • Diarrhée grise sur environ 80% des animaux.
  • Amaigrissements marqués sur 20 à 30% des porcelets.
    Les porcelets amaigris sont apathiques et paraissent fiévreux. La mortalité est élevée (10 porcelets sur 350 en une semaine) et il s'agit uniquement de cas de dépérissement.
  • Absence de signe respiratoire.


  • Prises de température

    La température a été prise sur des porcelets amaigris en PS et en pré-engraissement.

    Température
    Moyenne
    PS 40,7 - 40,9 - 41 - 40,5 - 41,5 - 41,2 - 40,7 - 41 - 41,1 - 40,5
    40,9
    Pré-engraissement 39 - 39,8 - 38,5 - 39,2 - 40 - 39,2 - 39,4 - 38,9 - 39 - 38,5
    39,1

    Autopsie sur place

    2 porcelets sont sacrifiés et autopsiés dans l'élevage. Les deux animaux présentent les mêmes lésions.

    Aspect général
  • Amaigrissement marqué
  • Diarrhée
  • Cavité abdominale
  • Ganglions mésentériques, inguinaux et poplités pâles et hypertrophiés.
  • Congestion modérée de la muqueuse intestinale, contenu liquide grisâtre du côlon et du rectum.
  • Néphrite interstitielle sur les deux reins.
  • Foie, rate : RAS.
  • Cavité thoracique
  • Poumons : RAS
  • Epanchement péricardique, cœur flasque et de taille augmentée. Pas de lésion macroscopique du muscle cardiaque ni des valvules.

  • Des prélèvements de ganglions lymphatiques (médiastinaux, inguinaux, poplités), reins, côlon et poumons sont réalisés et placés dans le formol afin d'effectuer un examen histologique.

    Vérification du traitement de l'eau de boisson

    Le dosage des peroxydes dans l'eau est effectué en post-sevrage au niveau des abreuvoirs à l'aide de bandelettes. Nous constatons que l'eau est correctement traitée (30 ppm de peroxydes en bout de ligne).

    Engraissement

    Les animaux en engraissement (qui n'ont pas été affectés en PS) sont relativement homogènes.
    On observe un peu de toux (sans autre signe) mais c'est un problème assez fréquent car le bâtiment est ouvert des deux côtés, ce qui entraîne des courants d'air.
    Il n'y a pas d'augmentation de la mortalité.



    Diagnostic différentiel et mesures proposées


    Diagnostic différentiel

    Les signes d'amaigrissements brutaux à 6-7 semaines d'âge sur deux bandes consécutives ainsi que les lésions macroscopiques observées lors de l'autopsie (hypertrophie des ganglions lymphatiques, néphrite, épanchement cardiaque et cardiomégalie) évoquent un syndrome de MAP (Maladie d'Amaigrissement du Porcelet).
    Nous ne pouvons pas toutefois exclure que les amaigrissements soient provoqués directement par la diarrhée.
    Les porcelets ayant une hyperthermie marquée, l'origine de cette diarrhée est probablement infectieuse : Lawsonia, Brachyspira, E. coli (peu probable en raison de caractère chronique de la diarrhée).

    Mesures proposées

    1) Mesures médicales

    A court terme

  • Traitement de la fièvre avec de l'aspirine (3 g/100 kg/jour de matière active) sur 3 jours consécutifs 1 fois par semaine jusqu'au départ en pré-engraissement.
  • Traitement de la diarrhée avec de la lincomycine (5 mg/kg) pendant 10 jours.


  • Dans un deuxième temps

    Supplémentation de l'aliment 2ème âge en paracétamol (1000 ppm) et lincomycine (44 ppm) à mettre en place sur trois bandes consécutives.
    Il est également proposé à l'éleveur de distribuer de la vitamine E naturelle par l'eau de boisson pendant 10 jours avant la transition 1er-2ème âge. L'objectif étant de stimuler l'immunité générale.

    2) Désinfection

    Double désinfection du PS à la sortie du lot avec un désinfectant virucide à 0,5% (utilisé à 1%) à base de monopersulfate de potassium, de troclosène et d'acide sulfamique.

    3) Prophylaxie

    La vaccination Actinobacillose est repoussée à 10 et 13 semaines d'âge.

    En revanche le plan de vaccination mycoplasme n'est pas modifié, les symptômes survenant 3 à 4 semaines après le rappel.

    Résultats d'analyse et évolution du cas


    Histologie

    Côlon Infiltration inflammatoire marquée du chorion de la muqueuse. Abondantes bactéries spiralées (sur 1 des 2 prélèvements)
    Nœuds lymphatiques Pour un seul prélèvement : déplétion lymphoïde modérée histiocytaire modérée avec présence de cellules géantes et de rares inclusions basophiles intra-cytoplasmiques en grappe.
    Reins Néphrite interstitielle lymphoplasmocytaire multifocale marquée.
    Poumons Absence de lésion significative.

    Diagnostic

    1) Colite chronique marquée (d'origine bactérienne avec spirochétose au moins dans un cas).
    2) Présence pour un animal de discrètes lésions compatibles avec une circovirose.

    Bilan : l'histologie ne nous apporte pas beaucoup d'éléments concernant l'étiologie de l'affection.

    Evolution du cas

    Bande atteinte (en PS) lors de la visite

    Le traitement mis en place a permis une réduction marquée de la diarrhée et des cas d'hyperthermie. Néanmoins, les porcelets amaigris n'ont pas récupéré entièrement et les retards de croissance ont subsisté en pré-engraissement et en engraissement.
    Le taux de pertes sur cette bande en PS était de 4% environ.

    Trois bandes suivantes

    L'éleveur n'a pas observé de cas de dépérissement. Toutefois, l'élevage est resté sensible au niveau digestif (diarrhées grises sous le 1er âge et cas de colibacillose après la transition). L'éleveur a également choisi de changer de génétique mâle (passage à de la semence Piétrain) avant de retirer les traitements mis en place.

    Retour à un aliment 2ème âge non supplémenté

    Il n'a pas été observé de problème particulier lors du retrait du paracétamol et de la lincomycine de l'aliment 2ème âge.
    Nous avons décidé de mettre en place une acidification de l'eau de boisson sur toute la durée du PS (acides lactique, formique et propionique) afin d'obtenir une amélioration au niveau digestif. Cette mesure a été efficace sur la diarrhée chronique. En revanche, on constate toujours sur certaines bandes des cas de colibacillose.


    Commentaires

    Apparition du cas

    L'élevage a déjà connu des épisodes de type MAP il y a plusieurs années. Il pourrait très bien s'agir d'une "relance" peut-être en raison d'une baisse de l"immunité générale du troupeau vis-à-vis du (ou des) agent(s) responsable(s) de ce syndrome.
    La suspicion de MAP reste l'hypothèse principale malgré les résultats quelque peu décevants de l'examen histologique. Il est en effet peu probable qu'une affection digestive puisse expliquer à elle seule la totalité des lésions observées (notamment la cardiomégalie et la néphrite interstitielle).

    Sur le diagnostic

    L'observation et la description des symptômes sont très importantes dans ce genre de cas car le traitement est essentiellement symptomatique. La prise de température permet de bien localiser l'affection (l'hyperthermie est souvent transitoire et correspond bien à l'apparition des signes cliniques) et présente également l'avantage d'avoir un effet pédagogique sur l'éleveur.
    Il n'est malheureusement pas toujours facile de trouver un thermomètre qui marche en post-sevrage ou en engraissement !

    Le recours à l'examen histologique peut être intéressant (même si ce ne fut pas le cas ici) et peut permettre d'orienter le diagnostic.

    Enfin, on peut regretter de ne pas avoir accès en France à la PCR circovirus II quantitative qui semblerait être un élément essentiel du diagnostic dans d'autres pays comme en Espagne.
    La PCR qualitative peut toutefois avoir un intérêt dans le but d'exclure une suspicion de circovirose si elle est négative (mais ce n'est pas souvent le cas en Bretagne).

    Sur les mesures mises en place

    Le traitement par des AINS semble être essentiel car l'hyperthermie est en partie responsable des signes observés.
    Le paracétamol est particulièrement indiqué car il permet de traiter sur une période longue (supérieure à 10 jours) sans risque de provoquer des ulcères. Cette molécule ne pouvant être incorporée que dans l'aliment, elle ne permet malheureusement pas de traiter les cas urgents et nous devons donc avoir recours à de l'Aspirine.

    La vitamine E naturelle est très utilisée dans certains pays comme au Danemark. Celle-ci a l'avantage par rapport à la vitamine E synthétique, de pouvoir être concentrée dans le plasma (les globules rouges possèdent un récepteur pour le d-alfa-tocophénol naturel). La vitamine E a un rôle de protection des leucocytes et des macrophages lors de la phagocytose et, en association avec le Sélénium, contribue à l'amélioration des réponses immunitaires (humorale et cellulaire).

    Sur le changement de génétique

    L'éleveur a décidé de changer de génétique mâle de son propre chef (non pas sur le conseil du vétérinaire). Il est vrai que dans certains cas semblables, on a pu observer une amélioration en modifiant la génétique mâle (passage au Piétrain), il faut toutefois, dans le cas présent, rester prudent.
    Les mesures prises ont permis de baisser la pression d'infection sur 3 bandes consécutives, ce qui suffirait à expliquer que lorsque le traitement a été retiré, les signes ne soient pas réapparus. Il n'est toutefois pas exclu que de telles "relances" puissent encore survenir même avec une génétique 50% Piétrain et il faut donc rester vigilant.

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