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Une fin d'année compliquée, un changement de cycle ?

Nous nous trouvons dans une situation de marché critique dans toute l'UE. Il ne semble pas que les choses changent avant février de l'année prochaine.

Evolución del precio del cerdo en España en 2025
Evolución del precio del cerdo en España en 2025

Quatre mois se sont écoulés depuis le début des baisses en cascade en Espagne, ce qui n’est pas peu dir. Le prix est désormais passé sous le coût de production. C’est un fait avéré dans tous les États membres de l’UE (à l’exception, bien connue, de l’Italie).
Nous nous trouvons dans une situation de marché critique à l’échelle de toute l’Union. Rien n’indique que les choses puissent changer avant février prochain. De longues semaines négatives s’annoncent pour les éleveurs.

De nombreux interrogants s’ouvrent quant à la viabilité de certaines exploitations porcines dans différents pays. L’UE est la championne mondiale des règles et des réglementations encadrant l’activité porcine et, à la fin, tant de contraintes et de difficultés finissent par présenter l’addition en rendant la production plus coûteuse.

Au Brésil, notre concurrent principal et le plus redoutable à l’heure actuelle, produire un porc revient à moins d’un euro le kilo vif. Depuis l’Europe, il est impossible de rivaliser avec de tels coûts. Dans un monde toujours plus globalisé, tous les opérateurs atteignent pratiquement tous les marchés. Cette situation est irréversible et ne peut être atténuée que par des politiques protectionnistes que les différents États peuvent décider de mettre en œuvre. Le cas de la Chine serait le dernier et le plus significatif.

Le Brésil est en train de nous dévorer des parts de marché dans l’ensemble du marché asiatique ; il n’y a pas de retour en arrière possible et il ne reste qu’à accepter cette réalité. D’autres pays sud-américains montrent des progressions importantes dans leur production porcine : nul doute qu’ils chercheront à s’imposer dans la Grande Exportation, ce qui signifie que les choses deviendront, si possible, encore plus difficiles pour les Espagnols (et, par extension, pour les Européens).

L’avenir de la viande porcine espagnole se trouve, pour l’essentiel, à l’intérieur des frontières de l’UE. C’est un concept que nous avons répété à plusieurs reprises. Pour nous, il s’agit d’une vérité absolue.

Parmi les caractéristiques communes des entrepreneurs prospères dans le secteur porcin espagnol (dans son ensemble), nous en soulignerions quelques-unes tout à fait significatives :

  • Un instinct inné pour éliminer les coûts superflus.
  • Une vision aiguisée pour débusquer les inefficacités au sein de leurs entreprises.
  • Une attitude infatigable consistant à persévérer et insister jusqu’à atteindre les objectifs.
  • Un esprit ouvert : il y a toujours quelque chose à apprendre.
  • Une remarquable capacité de dialogue avec les concurrents.
  • Une extraordinaire aptitude au raisonnement ; les décisions se prennent avec la tête et non avec le cœur.
  • La perspective nécessaire pour juger correctement un environnement changeant.

Cette manière de voir les choses s’est traduite, en pratique, par le fait que le secteur porcin espagnol est aujourd’hui le plus efficace de l’UE. L’incroyable progression de la production espagnole au cours des trois dernières décennies en témoigne, et elle s’est développée portée par les caractéristiques que nous venons d’énumérer. Ce sont de bonnes cartes pour affronter l’avenir. Que cette réflexion soit une touche d’optimisme face à ce qui nous attend en ces temps troublés.

Il y a une semaine, tout laissait présager que le prix du porc en Espagne était sur le point d’atterrir, avec un plancher prévisible de 1,35 €/kg vif. Mercredi dernier, l’Allemagne a abaissé inopinément son prix de 10 centimes en carcasse et cette prévision s’est effondrée.

La baisse d’hier (moins 4 centimes) doit être interprétée comme une réaction à ce qui s’est passé en Europe centrale : le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne ont pris les devants, ont signalé que les porcs devaient baisser davantage, et nous en sommes là. Il y aura probablement encore une ou deux baisses supplémentaires… À l’heure actuelle, notre prix se situe encore au-dessus de celui des pays mentionnés. Une baisse de 4 centimes à ce stade constitue un signe clair qu’un changement profond est en cours.

Les abattoirs expliquent qu’exporter vers l’Asie relève aujourd’hui de la tâche de titans, tant la difficulté est grande. L’offre en vif est très importante et les poids moyens des carcasses atteignent des niveaux historiques semaine après semaine. Les abattages hebdomadaires sont très nombreux et parviennent à des niveaux rarement observés. La situation est très délicate et aucune amélioration ne se profile avant bien avancé février.

Nous nous dirigeons inévitablement vers des poids moyens de carcasse supérieurs à tout ce que l’on a connu. Le poids moyen après les fêtes sera probablement de 98 à 99 kg. La dispersion des poids au sein d’un même lot fera qu’il y aura des carcasses dépassant 115 kg… D’un point de vue commercial, il s’agit d’un problème grave (les pièces sont trop grandes et les clients les refusent) auquel il faudra apporter une solution. Assurément, le seul antidote possible serait un contrôle plus rigoureux en élevage des poids vifs chargés. Effectuer une sélection représente un coût supplémentaire, mais nous n’entrevoyons aucune autre alternative.

La réalité actuelle est critique et angoissante, tant en Espagne que dans le reste des États membres de l’UE. Il n’y a d’autre choix que de tenir le coup et résister en attendant que la situation s’améliore. À moyen terme, des prix aussi ruineux entraîneront des cessations d’activité et le marché se régulera de lui-même. Mais… rien de tout cela ne sera immédiat. La résilience du secteur porcin européen est mise à l’épreuve — et de quelle manière !

Il est très probable que nous soyons en train de vivre et d’expérimenter un profond changement de cycle.

Pour conclure aujourd’hui, nous souhaitons citer une magnifique phrase du grand Horace (poète de la Rome antique) : « l’adversité a le don d’éveiller des talents qui, dans la prospérité, seraient demeurés endormis ».

Guillem Burset

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