Les infections à S. suis sont un problème en production porcine, particulièrement depuis 15 ans. Son milieu naturel est les voies respiratoires supérieures des porcs, particulièrement les amygdales et la cavité nasale, ainsi que les appareils génital et gastro-intestinal. La principale lésion est la méningite, bien que d'autres pathologies aient été décrites comme l'arthrite, l'endocardite, la pneumonie et la septicémie avec mort subite.
Il a été également isolé chez d'autres mammifères (y compris l'homme) et les oiseaux. Son incidence est très faible chez l’homme, bien qu'il soit possible qu'il s'agisse d'une sous-évaluation due à des erreurs dans l'identification des souches.
L'infection chez l’homme a été décrite pour la première fois au Danemark en 1968 et jusqu'au début de 2005 on a connu environ 200 cas (en été 2005 on a décrit 215 cas dans la province de Sichuan en Chine) principalement chez les éleveurs, le personnel d'abattoir, les transporteurs de viande de porc, les inspecteurs sanitaires et les bouchers. Suite à des études de contamination des mains et des couteaux, on a déduit que les ouvriers chargés d‘extraire les poumons et le larynx des carcasses sont les plus exposés.
Des cas ont été décrits en Hollande, au Danemark, en Italie, en Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni, en France, en Espagne, en Suède, en Irlande, en Autriche, à Singapour, à Taiwan, en Nouvelle-Zélande et en Argentine. Curieusement, jusqu'en 2005, aucun cas n'avait été décrit au Canada ni aux Etats-Unis.
Bien que S. suis se développe dans les milieux utilisés habituellement pour cultiver des bactéries à l’origine de méningite, beaucoup de laboratoires ne connaissent pas ce pathogène et le confondent souvent avec un entérocoque, S. pneumoniae, S. boris, S. viridians ou même Listeria. Dans beaucoup de cas le diagnostic initial est la méningite à pneumocoque.
Chez les humains le S. Suis cause une méningite,
purulente ou non, et aussi des endocardites, de la cellulite, de la rhabdomyolyse
(destruction de cellules musculaires), des arthrites, des pneumonies et
des endophtalmies. On a décrit des cas sévères de
septicémie avec choc, un trouble organique multicentrique, une
coagulation intravasculaire disséminée et un purpura
fulminans qui entraîne la mort en quelques heures. L'incidence
de surdité après l'infection est plus élevée
que dans d'autres méningites (50-60 %) en Europe et en Asie et
est indépendante de la rapidité avec laquelle les antibiotiques
sont administrés. Les voies principales d'entrée sont les plaies sur la peau, la cavité naso-pharyngienne ou la voie gastro-intestinale et l'incubation varie entre une heure et deux jours. Il n'est pas nécessaire que les porcs présentent de symptôme particulier pour que la transmission se produise. Chez l’homme, il se produit aussi une colonisation asymptomatique des voies respiratoires supérieures. La splénectomie (=ablation de la rate) et, à un degré plus faible, l'alcoolisme, sont considérés comme des facteurs prédisposants au développement de la maladie. Le taux de mortalité par les infections dues à S. suis chez des patients splénectomisés est de 80 %, et par conséquent on a suggéré qu'ils doivent être écartés de la chaîne alimentaire de la viande de porc. Il n'existe pas de vaccins pour les humains et, en fait, un cas de réinfection a été décrit après 15 ans ; il semble donc que l'infection ne produit pas d'immunité permanente. S. suis peut vivre dans la poussière, le lisier et les carcasses pendant des jours ou des semaines dans des conditions optimales, de plus il survit dans une eau à 60 ºC pendant 10 minutes ; l’échaudage à l’abattoir peut donc être une source de contamination. |
M Gottschak et M Segura. Lessons from China’s Streptococcus suis Outbreak: The Risk for Humans. 2007. Swine News-North Carolina Cooperative Extension Service 30(5)