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Bâtiment porcin : organiser différentes zones de vie pour les porcs en engraissement

Il s'agit d'un bâtiment dans lequel le bien-être des animaux serait pris en compte, mais aussi l’ergonomie au travail, le respect de l’environnement et les attentes sociétales.

28 Février 2024
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Dans le modèle actuel, le principal reproche porte souvent sur une remise en cause du bien-être des animaux à cause d’un sol uniforme et ajouré. Une des solutions pour améliorer cet aspect est de proposer une diversité de choix aux animaux. Par exemple, selon leur besoin, ils pourront disposer de différents types de sol (gisoir, paille, caillebotis). Un autre point important est de donner la possibilité aux animaux d’organiser leur espace de vie en trois zones : le couchage, les ressources (alimentation, abreuvement et enrichissement) et les déjections. Pour limiter la compétition et les conflits, des bonnes pratiques sont à respecter pour freiner la concurrence dans ces trois zones.

Dans le cadre du projet Bâtiporc C4E, piloté par l’Ifip, plusieurs visites d’élevages et des échanges avec les éleveurs ayant appliqué ces principes ont été réalisés. Ce projet ambitionne d’imaginer une nouvelle génération de bâtiment porcin. L’objectif à terme est de proposer un bâtiment multicritère dans lequel:

  • le bien-être des animaux serait pris en compte,
  • mais aussi l’ergonomie au travail,
  • le respect de l’environnement
  • et les attentes sociétales.

Pour diversifier les types de sol et faciliter la spécialisation des zones de vie, il est souvent nécessaire de revoir la densité animale. Avec un engraissement sur caillebotis intégral et 0,65 m² par porc, les différentes zones de vie sont assez compactes.

  • Positionnement abreuvoirs et matériaux d’enrichissement : en système d’alimentation à la soupe, les éleveurs positionnent généralement les abreuvoirs et les matériaux d’enrichissement au-dessus de l’auge. Cela permet de canaliser la zone d’activités sur un côté de la case et de libérer de l’espace restant pour les zones de couchage et de déjections.
  • Des matériaux manipulables dispersés aux quatre coins de la case augmentent l’activité des animaux, ce qui nuit au confort de ceux qui veulent se reposer et peut conduire à des troubles comportementaux. Pour qu’un aménagement de ce type fonctionne, il faudra alors réduire les densités animales (1 m² par porc par exemple) afin de libérer de l’espace. Cela engendre la plupart du temps une meilleure expression du potentiel des animaux et facilite les conditions d’accès aux ressources.
  • L’installation d’un gisoir peut être une solution judicieuse pour matérialiser la zone de couchage. Mais il sera également préférable d’abaisser les densités animales afin de maximiser les chances qu’il reste propre et être très attentif aux conditions de réalisation (dimensionnement, position, aménagement de la case.) Dans un contexte de forte inflation du coût des bâtiments et avec un objectif de zéro artificialisation des sols agricoles qui devient une réalité, la réduction des densités animales peut paraître compliquée. En effet, elle engendre soit une réduction des effectifs de truies afin de composer avec les bâtiments existants, soit la construction de bâtiments neufs.
  • Une autre solution peut être d’augmenter la taille des groupes en engraissement. Cette conception a déjà été appliquée lors de la mise en groupe des truies gestantes en 2013. Les éleveurs ayant choisi un mode de logement regroupant plus de 40 truies pouvaient réglementairement réduire la surface de 10 %. En effet, le comportement grégaire du porc ainsi que sa capacité à organiser ses zones de vie permettent de libérer des espaces lorsque la taille d’un groupe d’animaux dépasse un certain seuil. Le même phénomène est observé en engraissement géré en grand groupe (case de 100 porcs et plus). Malgré tout, ce choix n’est pas anodin et génère d’autres contraintes avec lesquels il faudra composer (hétérogénéité du lot, mode d’alimentation, gestion du sanitaire…).
  • L’association d’une aire paillée (environ 1 m²/porc) en contrebas d’une zone en caillebotis (entre 0,2 et 0,4 m²/porc) semble offrir de multiples possibilités d’aménagement de cases. La paille matérialise à la fois la zone de repos et celle d’enrichissement.
  • Sur les caillebotis on retrouve souvent le système d’alimentation et d’abreuvement. Cette zone doit également être identifiée comme l’espace de déjection. Il faudra donc concevoir un système de ventilation pour générer de l’inconfort dans cette zone.
  • Pour l’évacuation des déjections sous les caillebotis, il est préférable de positionner un racleur car les effluents pailleux seront difficiles à sortir de manière gravitaire. Le principal risque avec ce type de concept est d’avoir une inversion des zones en été. Le phénomène de fermentation de la litière générant de la chaleur, les porcs auront tendance à dormir sur la zone caillebotis pour trouver de la fraîcheur et gêneront probablement l’alimentation et l’abreuvement de leurs congénères.
  • A retenir, sur caillebotis intégral et avec une densité standard, il est souvent nécessaire de regrouper l’alimentation, l’abreuvement et les enrichissements dans la même zone pour limiter l’activité dans la case. Si la densité animale est réduite en système caillebotis (ex : 1 m²/porc), il est possible de disperser les ressources pour faciliter les conditions d’accès des animaux sans risques de perturber la zone de couchage.
  • En cas d’association du gisoir, du caillebotis et du système soupe, il faudra être vigilant à maintenir la zone pleine sèche.

D’une manière générale, l’aménagement des zones de vie dans une case reste très théorique et divers évènements peuvent occasionner une modification de l’occupation de l’espace par les animaux. Malgré tout, on constate qu’en système d’alimentation à la soupe en auges longues, l’aménagement de la case est plus complexe qu’en système nourrisseurs ou DAC (distributeurs automatiques de concentrés). La zone d’alimentation est plus étendue, ce qui bloque la géométrie de la case et réduit les possibilités d’aménagements.

Dans le cadre du projet Bâtiporc C4E en partenariat avec les chambres d’agriculture de Bretagne et de Pays de la Loire, des fiches techniques sont proposées pour accompagner les éleveurs et leurs conseillers dans la conception de nouveaux bâtiments porcins : https://batiporc.ifip.asso.fr/

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