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Le rôle des véhicules de transport dans la transmission du SDRP

Comment peut-on dire qu’un transporteur est propre en jetant seulement un coup d’œil ?

13 Avril 2015
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Article

An experimental model to evaluate the role of transport vehicles as a source of transmission of porcine reproductive and respiratory syndrome virus to susceptible pigs. Scott A. Dee, John Deen, Satoshi Otake, and Carlos Pijoan. Can J Vet Res. Apr 2004; 68(2): 128–133

 

Résumé de l'art icle

Qu’étudie-t-on ?

Puisque une des voies potentielles de transmission du SDRP sont les véhicules de transport contaminés, on a réalisé une étude pour évaluer le rôle de ces véhicules dans la transmission du SDRP. Concrètement :

  1. Définir la concentration du SDRP qu’il doit y avoir  dans le véhicule pour infecter les porcs.
  2. Certifier que la reproduction d’une remorque utilisée dans l’étude pouvait transmettre le SDRP aux porcs.
  3. Etudier un protocole de désinfection du véhicule pour éviter la transmission du SDRP.

 

Comment l'étudie-t-on ?

On a utilisé des porcs non exposés au SDRP entre 16 et 18 jours et l’unité était une remorque de porcs sevrés.Le modèle était une réplique d’une remorque complètement chargée de porcs sevrés et on l’a construit à l’échelle 1 :150.

Objectif 1 : On a préparé des dilutions de SDRP (101, 102, 103 et 104 TCDI 50/ml) dans des aliquotes que l’on a pulvérisé à l’intérieur du camion, ensuite on a introduit les porcs sentinelles non exposés au SDRP pendant 2 heures.

Objectif 2 : On a infecté 4 porcs non exposés au SDRP  avec 2 ml de SDRP et on les a introduits dans le modèle de remorque pendant 2 heures. Après cette période de contamination, on a retiré les porcs « disséminateurs » et on a introduit 2 porcs sentinelles non exposés au SDRP pendant 2 heures.

Objectif 3 : On a étudié 4 protocoles différents de nettoyage et après une période de contamination de 2 heures, on a attribué une remorque à chacun des 4 traitements. On a réalisé 10 répétitions.

Traitement 1 : seulement le racleur. L’intérieur de la remorque a été raclé manuellement avec une raclette en plastique pour éliminer la litière de copeaux avant de loger les 2 porcs sentinelles.
Traitement 2 : lavage et désinfection. On a éliminé la litière et on a lavé et désinfecté la remorque avant de loger les 2 porcs sentinelles.
Traitement 3 : lavage, désinfection, congélation et décongélation. On a éliminé la litière et on a lavé et désinfecté la remorque comme décrit pour le traitement 2. De plus, on a mis la remorque dans  une chambre à – 20°C toute la nuit. Ensuite on a laissé sécher les remorques pendant 12 heures à température ambiante (20°c) avant de loger les 2 porcs sentinelles.

Après chaque traitement on a logé 2 porcs sentinelles non exposés au SDRP pendant 2 heures, on les a retirés et on les a laissés isolés pendant 7 jours. Pendant la période d’incubation, on a effectué des analyses de sang sur tous les porcs sentinelles à 3 et 7 jours après l’exposition.

 

Quels sont les résultats ?

Les porcs exposés dans les remorques contaminées avec 103 TIDC50/ml ou 104 TCID50/ml ont été séropositifs par PCR à 3 et 7 jours après l’exposition.

De plus, au minimum 1 porc sentinelle a été infecté dans les remorques après leur contamination par d’autres porcs.

Seul, le traitement lavage/désinfection/séchage a réduit le nombre d’écouvillons positifs par PCR à l’intérieur des remorques et a prévenu l’infection des porcs sentinelles.

 

Quelles conclusions tire-t-on de ce travail ?

Cela confirme que « tous les camions, les remorques et autres véhicules utilisés pour le transport des animaux, des produits animaux, d’aliments, d’abats et d’équipements contaminés sont un risque potentiel pour la dissémination de maladies». A moins que l‘intérieur du véhicule ne soit complètement sec après le lavage et la désinfection, la contamination est possible.

 

Enric MarcoLa vision du terrain par Enric Marco

Malheureusement, il est courant que des élevages situés dans des zones à forte densité porcine rendent leur localisation géographique responsable de leur faible niveau sanitaire et ceux qui se trouvent dans des zones de moindre densité incombent la responsabilité à  l’origine des animaux, aux camions d’aliment, au ramassage de cadavres, au vent, à l’hiver ou à leur malchance. On prend rarement en compte le transport des animaux comme un vecteur possible de maladies et quand on le fait, on pense que c’est son extérieur qui est dangereux. C’est pourquoi on a installé des passages de désinfection pour les roues (rotoluves) ou des  arcs de désinfection (rampes). Une fois que le camion est désinfecté de l’extérieur, il semble que le danger soit passé. Cependant, quand on parle de la possibilité que l’intérieur du camion soit contaminé, on trouve toujours des excuses pour l’expliquer : mes salariés n’ont pas de contact avec le transporteur, les porcs ne reculent pas, mon transporteur arrive toujours propre ou on a un quai de chargement. Mais, les camions arrivent-ils réellement toujours propres ? N’a-t-on jamais de contact avec le transporteur ? Les porcs ne passent-ils et ne reculent-il jamais par l’élévateur ?

L’article met en évidence qu’il est facile que les porcs soient infectés par le virus du SDRP quand ils sont en contact avec un mode de transport contaminé (où il y a eu des porcs virémiques transportés) y compris quand il a été lavé et désinfecté (lavage avec de l’eau à 80°C comme c’est le cas dans cet article). Il est certain que cela reste un modèle expérimental mais dans les conditions du terrain, les scénarios que cette étude prévoit sont des situations courantes : la conception de la caisse de chargement d’un camion (remorque) n’est pas le mieux pour la laver et la désinfecter correctement, la remorque est pleine d’angles, de charnières, de fermetures, ce qui la rend particulièrement compliquée. Mais de plus, dans la pratique, il est fréquent que ce soit le camionneur lui-même qui soit  chargé du nettoyage du[JD1]  camion et que le lavage se fasse dans une station de lavage où il n’y a pas d’eau chaude, où l’entrée et la sortie se font par le même point et où il n’y a pas de définition de zone propre et zone sale : quand le climat est froid, il est courant que les camions n’arrivent jamais à être secs au moment du chargement ou que le transporteur ne lave jamais les gants ou le matériel qu’il peut utiliser pendant le chargement, sans parler des bottes. En tenant compte de tout ceci, comment peut-on dire qu’un transporteur est propre en jetant seulement un coup d’œil ?

Un élevage n’existerait pas sans un transporteur qui lui permette d’envoyer les porcs à l’abattoir, de les transporter à l’engraissement ou d’introduire le cheptel de renouvellement. Mais, comment peut-on minimiser le risque que cela peut supposer ?

Il y a quelques mesures à prendre :

  1. Essayer de diminuer les chargements au minimum indispensable. Il est courant que l’on priorise la diminution des jours perdus par truie en réalisant des chargements hebdomadaires à l’abattoir au lieu de diminuer la fréquence bien que ceci implique un coût supérieur.
  2. Dans les cas où c’est possible, s’assurer que les camions soient correctement séchés. Les périodes de repos avant de visiter les noyaux génétiques ou entre les transports à l’abattoir sont cruciales dans la diminution du risque. Là encore le coût augmente mais on améliore la biosécurité.
  3. Même si on applique les points précédents, le plus sûr est de toujours envisager le camion de transport d’animaux comme sale. Si on fait ainsi, on prendra toutes les précautions possibles pour éviter qu’il y ait un contact direct entre l’élevage et le camion. Le contact devrait toujours avoir lieu sur un quai de chargement qui définit parfaitement quelles sont la zone propre et la zone sale (zone où devra rester le transporteur), qui évite la réintroduction de liquides, d’animaux et qui peut être lavé et se désinfecté immédiatement après chaque utilisation (toujours depuis la zone propre). L’idéal, est que le quai de chargement se trouve éloigné des bâtiments et qu’il dispose de cases d’attente.

Quai de chargement

4.Ne pas laisser le transporteur utiliser son matériel. Lui fournir depuis l’extérieur de l’élevage des chaussures, des gants, etc. ….

Aussi bon que puisse être notre contrôle du SDRP dans l’élevage, si on ne contrôle pas les nouvelles introductions de virus, l’exploitation souffrira de la maladie avec une certaine fréquence et cela sera inversement proportionnel au niveau de la biosécurité dans le transport d’animaux.

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